"Penser ce qui nous arrive." Hannah Arendt

dimanche 28 mars 2010

Les nouvelles menaces (8) : ET SI DANS UN MONDE QUI A FAIM, LES VILLES DEVENAIENT DES FERMES ?




Et si l'explosion démographique faisait de la faim un fléau mondial permanent ?

Et si les futurs défis agricoles obligeaient les villes à se repenser entièrement ?

Et si l'agriculture faisait un retour en force dans les mégalopoles ?

Et si on était à l'aube d'une nouvelle révolution urbaine ?

Et si l'idée de fermes verticales n'étaient que de gadgets pour pays riches ?

Bref, et si on prenait un peu de temps pour essayer de comprendre comment les défis démographiques et alimentaires du XXI° siècle pouvaient redessiner nos villes demain ?

Après une évolution du rapport ville /campagne marqué par 3phases : la campagne autour de la ville (XVième), puis des parcs dans la ville (XIXième) va t-on vers la ville et la campagne partout ou entremêlées ?

Voilà quelques unes des questions posées lors du denier atelier débat de transit-city du 26 mars dernier à Michel Griffon, agronome, économiste, conseiller pour le développement durable au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et Directeur général adjoint de l'Agence Nationale de la Recherche.


1-La géopolitique de l'alimentation :

- La terre a l'air immense et pouvoir nourrir tout le monde et pourtant : une grande bande désertique non fertile s'étend du nord est du Brésil à l'Australie en passant par le Maghreb, le Moyen Orient,la Chine. Quand on enlève: déserts, océans, zones froides la part de zones cultivables est étriquée.Par ailleurs la biosphère est entièrement occupée hormis le bassin du Congo et les iles indonésiennes très fertiles et sous peuplées.

- La théorie Malthusienne besoins/production est bien connue :la population et ses besoins augmentent de manière exponentielle pendant que la capacité de production augmente de façon arithmétique et créent ainsi les conditions de catastrophe démographiques à moins d'éviter la population de croître. Quand la population est supérieure aux moyens de production il y a décrochage et risque d'émeutes de la faim; il y a aussi recours à l'invention pour produire plus.Quand c'est l'inverse , cas de la France depuis 50 ans , il y a surproduction et prospérité alimentaire.Il y a aussi absence de remise en question du modèle d'agriculture chimique intensive, la Pac en l'occurrence .

- un peu de prospective : si l'Inde , l'Afrique subsaharienne et la Chine sont les moteurs de croissance démographique ils seront nourris en 2050 par le Brésil et l'Argentine, peut être la Russie.

- la géopolitique alimentaire va être influencée par le géoclimat et risque de déstabiliser chacun des continents : le réchauffement climatique risque de fortement bousculé les zones de production : le Brésil gros exportateur risque de devenir importateur, L'Inde et l'Australie seront de plus en plus exposés aux sécheresses; l'Europe risque de devenir importatrice; la Chine va se couper en deux ( nord fertile et sud désertique)

2- Les menaces actuelles :

- Il existe une règle de la viande dans les régimes alimentaire : plus on est riche, plus on consomme de viande dans son régime alimentaire.Le couscous royal, la choucroute royale, le best of de leur culture ont plus de viande..donc l'augmentation de la classe moyenne partout dans le monde entraine une augmentation de de consommation de viande ...donc une augmentation des surfaces agricoles nécessaires à la nourriture des animaux et donc la déforestation s'intensifie.

- La déforestation est perte de biodiversité, et donc perte d'une part de patrimoine génétique contenu depuis leur origine.

- L'augmentation du prix de l'énergie accentue doublement le phénomène, par la création d'une concurrence dans l'utilisation des terres entre production à destination énergétique et production à destination agricole; par la sélection de de techniques agricoles moins consommatrices d'énergie ( ainsi la labour risque de disparaitre ; si il disparait risque de retour des mauvaises herbes et donc baisse des rendements).

Exemple de la crise de la Totilla au Mexique en raison d'une baisse d'importation de maïs provoquée par une production tournée vers l'énergie des terres américaines.

- L'augmentation du prix des engrais : les engrais azotés, très utilisés, le sont par traitement énergétique très couteux; les engrais phosphatés contiennent des phosphates de plus en plus rares.

3- L'équation du futur :

- Nourrir le monde demande de

- produire plus

- en assurant de l'emploi ( pauvreté agricole créée par la mondialisation)

- à faible coût ( les texans ne vont pas nourrir le monde)

- en limitant les surfaces ( maintenir la biodiversité)

-donc en accroissant les rendements

-en économisant l'eau

- sans polluer

-en sécurisant les échanges mondiaux alimentaires

Pour une agriculture d'écologie intensive.

Tous les gouvernements ont peur d'un engrenage menant aux émeutes donc ils garantissent des prix bas aux populations urbaines , ce qui paupérise les paysans, ce qui les empêchent d'innover pour augmenter les rendements.

4- Les issues possibles :

- Réduire la consommation de viande en particulier : ça va se faire car à 140kg de viande par an le risque cardiovasculaire est entier; donc les politiques de santé publique vont s'en charger de plus en plus.

- Les biocarburants : il faudrait 2 biosphères pour en produire suffisamment

- Les ogm : pas le coeur du débat car ce n'est qu'une partie et faible du problème; sans eau , ni sol pas d'agriculture possible

- Des solutions futuristes :

Exemple de reconstitution de la forêt par une agriculture nourricière intensive et de main d'oeuvre

Exemple du remplacement du tracteur pour le labour par des systèmes d'aération de la terre.

Produire plus sous de nouvelles contrainte amène à une vision aménagiste de l'espace

Rapprocher populations et agriculture demande de sortir du chimique aujourd'hui beaucoup trop dangereux pour leur santé.

La pêche n'a jamais dépassé les 100 millions de T de production dans le monde (1,9 milliard de production céréalière)

Il y a plusieurs centaine de millions de virus ( adn) par cm3 d'eau de mer dont on ne connait pas l'utilité.

- Le développement durable :

Le problème n'est pas d'y aller ou pas, on y est mais de ne pas avoir suffisamment ni le temps , ni les moyens financiers ( l'épargne) pour y aller.La difficulté de faire accepter un effort .

- Comment suivre ces évolutions très complexes ? on ne peut pas tout suivre on peut lister les scénarios catastrophes et leurs indicateurs; suivre les signaux faibles à la lumière de ses scénarios.