"Penser ce qui nous arrive." Hannah Arendt

lundi 23 novembre 2015

Et si les Start up de la Silicon valley réinventaient le management?



C’est une question qui vient à l’esprit quand on visite la plus grande usine à innovation  digitale du monde : et si au delà des centaines de projets de Start up », au delà des milliards de valorisation des unicorns, les 23000 entreprises de tec de la valley étaient en train de réinventer le futur du  management de nos entreprises ?
La question est plus sérieuse qu’il n’y paraît car si les Uber, Airbnb, et autres Blablacar se sont imposés en dynamitant les busines modèles de l’économie  traditionnelle (transport, l’hôtellerie) ils sont également innové dans leurs  modes de fonctionnement : un seul exemple, pour Uber le système de notation du chauffeur par le voyageur est un élément clé de son succès tant du point de vue serviciel que managérial.
 Modèle économique – technologie – mode de management ont donc parti lié et ce depuis toujours, c’est l’industrie et le taylorisme, l’automobile et le fordisme et demain nous associerons certainement digital et une nouvelle théorie certainement déjà en cours d’élaboration (autour des concepts de transversal, collaboratif ou holacratique)
Et si il est encore un peu tôt pour voir une théorie forte émerger on peut néanmoins percevoir quelques signaux indicateurs du management de cette nouvelle économie digitale.
C’est ce relevé d’observations que je vous propose de partager aujourd’hui, comme autant de sujets de réflexion sur l’évolution de la performance  managériale pour nos entreprises.





#  savoir innover : l’innovation est l’ADN même de la valley et ça marche depuis près de 40 ans. C’est une affaire de talents et de moyens financiers bien sur, dont la concentration est ici unique ,mais c’est aussi une affaire industrielle où tout est processé , rien n’est laissé au hasard tant la compétition est féroce.
Du business plan au pitch, des levées de fond à la constitution d’équipe des best practices sont formalisée et les entrepreneurs stimulés à grandir.

# savoir coopérer : on vous l'annonce tout de suite quand vous arrivez : "ici tout le monde peut rencontrer tout le monde "(ou presque). La plupart des VP ou CEO sont accessibles pour un rdv et en général vous l'obtenez très vite. Mais attention pas plus d'un quart d'heure, une demi heure exceptionnellement et il vaut mieux bien se préparer, apprendre à pitcher au risque de ne jamais revoir un interlocuteur que vous n'aurez pas su captiver.
Au néophyte surpris par cette disponibilité, on raconte toujours cette légende urbaine de tel investisseur qui n'ayant pas reçu un jeune homme qui voulait lui proposer un projet formidable a raté un rdv avec le jeune Zuckerberg et surtout son entrée au capital du futur Facebook. Véritable ou pas la  peur de rater  une opportunité semble bien être  le ciment de cette coopération véritable carburant de la dynamique locale.


#savoir se créer des opportunités : c’est un peu le mot d’ordre tout au long des différentes étapes de création d’une start up. Rien ne se fait seul et chacun a besoin de tout le monde. Se créer des opportunités requiert donc 1/un objectif précis 2/ des comportements d'ouverture l’échange 3/ se rencontrer dans des événements spécialement conçus. « Ici il n’est pas rare que quelqu’un vous dise qu’il n’est pas intéressé par votre projet mais que vous devriez voir X ou Y de sa part » me raconte une start upper

# être rapide dans tout : tout va vite, très vite. En fait le temps de tous et de tout semble caler sur celui de l'innovation technologique : autrefois basé sur un cycle d'innovation de 18 mois il  s'est encore accéléré et tend vers les 6 mois. 
Cette base est donc le temps nécessaire à l'émergence d'un projet, mais aussi par extension celui de l'uberrisation ou de la kodackisation d'une entreprise.
 Tout est donc calé sur cette base : meeting 30', rdv 15', le temps est toujours compté.
Aller vite c'est se donner l'opportunité d'exister face aux X projets concurrents que connaissent chaque Start up.

# viser le skylable : les projets rencontrés ici ont tous un niveau maximum d’ambition : devenir un produit à usage mondial à l’instar des GAFAS. Ce qui évidemment permet de se donner une chance d’y parvenir ou plus vraisemblablement de construire une brique aux standards des ces grandes compagnies, qui saura les intéresser.
Penser son projet avec ce maximum d’ambition c’est l’objet des « groth meeting » hebdo observés dans la plupart des Start up.

# rechercher constamment  des financements : le nerf de la guerre, tous les CEO sont focusés sur la recherche de financement. Ce sont les financiers ou VC qui posent le cadre à travers  différentes étapes du développement du projet de la pré fondation jusqu'à l'acquisition (ou entrée en bourse)  en passant par les différents tours de levée de fond (pré série A, série B, série C) . 
Sans financement tout s'arrête : et seules 2 Start up sur 10 passe la 1ière étape.
La compétition étant  très forte, la compétence à vendre son projet et le temps passé à lever des fonds sont très importants pour les fondateurs.

#industrialiser via les  process : du business plan à la levée de fond, du pitch à l'entretien de recrutement tout a été processé par les  différents experts intervenant dans les incubateurs et autres accélérateurs . La culture est ici celle de l'ingénieur et du financier où tout se processe et se mesure , s'apprend rapidement pour se répliquer vite. Et pas très loin du process il y a l’automatisation : tout ce qui se répète est automatisable 

# pivoter : c'est un mot un peu fétiche pour bien franchir les premières étapes. Il s'agit à tout moment de sa genèse de faire évoluer le projet de la start up si cela se révèle nécessaire ou si on vous le demande. Et bien souvent de passer d'un projet de départ très ambitieux en  b2c , à un projet un peu plus facile, un peu moins ambitieux en  b2b . Le b2b est plus facile et plus lent à développer 
Plutôt que de mourir pour ses convictions, on est ici plus attaché à survivre en continuant à développer un projet même si celui ci a évolué
L’enjeu du pivot c’est l’élasticité du modèle et l’agilité des équipes et structures.

# transformer le "failed « en expérience : 8 à 9 projets sur 10 selon les sources avortent dès la 1ière étape : c'est dire si la notion d'échec est importante chez les fondateurs. Mais plus importante est la capacité de transformer cet échec en expérience. Au vu de l'âge des personnes tout se passe comme si la valley était aussi une sorte d’université du nouveau monde. Ici on vous dira souvent dès les 1ières minutes, c'est mon 3ième ou mon 4ième projet et j'ai beaucoup appris depuis. Et tout le monde respecte et accepte cette nécessaire expérience.


Pour conclure, on peut dire qu’on ne voit pas encore de véritable modèle managérial s’imposer mais plutôt des tendances émergées dans des Start up qui fonctionnent  le plus souvent, plus comme des lab que comme des entreprises .
C’est peut être dans les  RH que s’effectue la plus grande évolution : dans le rapport à l’entreprise qu’ont la plupart des collaborateurs de ces Start up.
En effet, en signant des contrats pour la durée d’une mission ils sont de plus en plus considérés et se considèrent eux même comme des mercenaires, des indépendants fonctionnant en mode projet et ne s’inscrivant pas dans une relation de longue durée avec leur entreprise.
Une évolution  au qui impacts tous les processus RH ,du recrutement à la généralisation des espaces de co working et plus généralement les modes relationnels à tout niveau.


vendredi 20 novembre 2015

Lexique 162 : Obligés

"Nous sommes obligés de changer pour ne pas disparaître "
  Nicolas Hulot

mardi 17 novembre 2015

Commentaires 27 : Peut - on prévoir l'avenir ? 1/2



Que vais-je devenir ? Serai-je heureux en amour ? Dans mon travail ? Quand et comment vais-je mourir ? Que réserve l’avenir à ceux que j’aime ? À mon pays ? À l’humanité ? À la planète ?

Voilà un livre qui nous rappelle que toutes ces questions sont au coeur des préoccupations des homme depuis la nuit des temps et surtout apporte une réflexion nouvelle par la montée en puissance  des technologies et ce que l'on appelle le big data. 

# Quelques concepts : D'entrée Jacques Attali précise quelques concepts entre connaitre, prédire ou prévoir l'avenir, il choisit prévoir c'est à dire "essayer de le deviner, au moins partiellement mais en considérant qu'il n'est pas figé, et qu'il est possible par l'action , de lui faire prendre un autre chemin que celui que décrit la prévision."
C'est également la perpective du coach qui va essayer d'aider son client à se projeter dans un futur, où le conduisent le produit des conséquences de ces actions  (principe de responsabilité) et de l'évolution de son environnement (facteurs clé) pour adapter, rectifier, revoir ses stratégies présentes.

# Toutes les civilisations se sont intéressées aux modes de prédiction de l'avenir en racontant tout d'abord leur propre histoire et les promesses de leur avenir (cosmogonie)
Hindouistes, boudhistes, égyptiens, grecs, à  chacun son histoire.
Pour les égyptiens l'humanité est née de rien et y retournera
Pour les grecs l'humanité a traversé 5 âges en allant vers le pire.
Dans la tradition juive, l'évolution est aussi irréversible, depuis la naissance quasi simultanée de l'univers, de de la vie et de l'homme jusqu'aux temps messianiques.

# Les techniques de décryptage sont également anciennes et nombreuses : la chiromancie soutient que l'avenir se lit dans les lignes de la main se retrouve dessinée sur les parois de certaines grottes en Europe, l'astrologie s'appuie sur les liens établis entre la position des astres et certains phénomènes naturels (marées), par les jeux de hasard (dés, tarots)..

# En parallèle des prédictions certains hommes ont tenté de s'opposer , manipuler les prévisions pour s'en protéger ou s'en libérer.
Alors que la plupart des peuples pensent qu'ils sont déterminés par des événements qui les dépassent, les hébreux remettent en cause ce fatalisme et pensent que l'homme doit réparer , achever le monde que Dieu lui a confié.
En Grèce , à Rome ce fatalisme était largement la règle et le christianisme va s'inscrire dans cette lignée, interdisant toute prévision de l'avenir car celui ci doit se résumer à l'espérance messianique: "l'avenir comme le temps appartient à Dieu, qui en décide seul". L'islam sera sur la même ligne.
Commencera alors une grande bagarre théorique pour savoir qui est le Maître du temps ? Jusqu'où les hommes peuvent influer sur leur Salut?
Avec deux grandes réponses :
Thomas d'Aquin propose au XII que les hommes peuvent contribuer à leur salut en contribuant par leurs bonnes actions, la Grâce octroyée par Dieur
Puis la Réforme pour qui l'homme réalise la Grâce accordée mystérieusement par Dieu au moyen de son action dans le monde.

# La prévision du temps est un des sujets pour lesquels l'Eglise va freiner très longtemps la recherche : le temps appartient à Dieu et nul n'a le droit d'en chercher les mécanismes.
Au XVII elle ne peut plus s'y opposer et la météorologie devient une science

#La valeur marchande du temps : le temps si bref et si rare va progressivement prendre de la valeur.
C'en en argent qu'on mesure celle du temps . A partir du moment ou les impôts et les réquisitions ne suffisent plus à financer les dépenses des princes (chateaux, cathédrales, croisades), on va inventer le crédit, préempté dans un 1ier temps par les juifs pour qui ces prêts moyennant rémunération et transparence sont parfaitement licites.
En parallèle du salariat où l'individu se fait rémunérer son temps de travail , se mette en place le crédit où le prêteur se fait rémunérer l'usage de sa ressource dans le temps.
Pour fixer le prix il dit s'assurer de a capacité de remboursement de son client , prévoir le cours des événements, c'est à dire spéculer sur l'avenir.

# Le sens de l'histoire : à partir du XVIIIième siècle les réflexions laïques éloigne un peu la pensée théologique et le temps long n'est plus l'éternité mais devient l'histoire.
Très vite à l'instar des cosmogonies naissent les premières théories qui distinguent des phases dans l'évolution de l'humanité mais matérielles et non terrestres.
Ainsi Robert malthus dénonce "la tendance constante de tous les êtres vivants à accroitre leur espèce au delà des ressources de nourriture dont ils peuvent disposer"
Tocqueville prédit que l'on assistera sur toute la planète à la victoire de l'égalité sur la liberté et Karl Marx l'inverse.
Darwin retrouve l'idée que l'homme ne peut en rien influer sur son avenir qui est déterminé par un mélange  de nécessité et de hasard.
Pour Schumpeter le capitalisme se suicide en se transformant en une bureaucratie
Enfin Francis Fukuyama pour qui la victoire du capitalisme et de la démocratie est inéluctable et la fin  de l'histoire annoncée sous forme d'effondrement progressif des dictatures.



lundi 16 novembre 2015

Dans la pub 3


mardi 10 novembre 2015

Lexique 161 : Changer l'immuable

"Mais dira t-on , que me sert la philosophie, s'il existe une fatalité?Que sert-elle si un Dieu régit tout ?Que sert-elle si le hasard commande ?
Car changer l'immuable je ne le puis, ni me prémunir contre l'incertain, qu'un Dieu ait devancé mon choix et décidé de ce que je devais faire, ou que le Fortune ne me laisse plus à choisir."

vendredi 6 novembre 2015

Lexique 164 : L'examen des regrets


"Et recommence la lecture du passé, l'examen des regrets.C'est le lot de ceux qui espèrent changer le monde."
Judith Perrignon in Victor Hugo vient de mourir , L'iconoclaste 2015.

mercredi 4 novembre 2015

Citations 21 : Mathias Enard - Boussole

"Il est possible qu'ils mettent un jour La Mecque et Médine à sac, qui sait , avec leurs noirs étendards dignes des drapeaux de la révolution abasside du XVIII° siècle, voilà qui serait un changement dans l'équilibre géopolitique de la région , que le royaume d'Ibn Séoud l'ami de Léopold Weiss se disloque sous les coups de sabre des barbus grands égorgeurs d'infidèles."
Mathias Enard Boussole Goncourt 2015

mardi 3 novembre 2015

Les images qui changent la perception du monde


Elles ont chacune entrainé des changements de perception, de l'émotion et des réactions dans le monde entier : 
Guerre du Vietnam 1968 : Photo de Eddie adams. Un Vietcong est assassiné par le chef de la police de Saigon.
Rostropovitch 1990 : Le plus célèbre des violoncellistes célèbre la chute du mur
Tankman 1989 : Photo de Jeff Widener pendant la révolte des étudiants de Pékin

Septembre 2015 : mort d'un enfant syrien sur une plage turque