Hier, 16 octobre, l'excellent Charles Pépin faisait une intervention sur le thème de la Joie au club APM Saint James
Je dis excellent car ne sont pas si nombreux les intervenants , à , non seulement bien maitriser leur, le rendre intéressant par son éloquence et installer, s'appuyer sur un dialogue permanent et à parité avec son auditoire.
#Son questionnement part de pourquoi souvent la joie jaillit quand il n’y a pas vraiment de raison.Pourquoi suis je parfois suis si joyeux ? Pourquoi le suis je alors que je ne devrai pas l’être ?
Qu’est-ce qui me rend joyeux ?
Il illustre de mystère de 3 cas concrets :
1/parfois la joie déclenchée par un événement conséquence est supérieur, voire excessive par rapport à sa cause. D’où vient cette joie ?
2/ parfois il n’y a aucune raison et la joie jaillit. Pourquoi ? Il n’y pas de déclencheur
3/ parfois dans une mauvaise situation , un peu abattu et pourtant soudain la joie jaillit sans aucune raison. Pourquoi arrive t’elle ?
#L’enjeu de la philosophie de la joie est que la joie (intense, fugace) est possible, quand le bonheur ne l’est plus (plénitude, durabilité). Il est ainsi possible de guérir des personnes à retrouver la joie ( pas le bonheur), des personnes dont les trauma rendront difficiles, voire impossible leur accès au bonheur.
#Il existe 2 grandes formes de joie :
- la joie d’accueil : celle que l'on éprouve spontanément à partir d'un événement
- la joie de développement : celle que l'on éprouve parce que l'on grandit en puissance
La grande question est celle du rapport entre les deux : beaucoup les opposent mais il est important de les réconcilier notamment dans l’entreprise .La joie est toujours dans une dialectique entre les deux . Les grand mystiques comme Gandhi acceptent les deux
#3 expressions communes expliquent bien la joie :
Ça me met en joie
Fou de joie
Joie de vivre
#Quelles sont les origines de la joie ?
Plusieurs pistes d'origine :
- De la qualité des attachements précoces (psychologie) dépend la capacité à l'éprouver
- Dieu/ cosmos/ nature/ la vie : il y’a plus important que moi et qui me dépasse ;et cela me met en joie (spiritualité)
- L'approbation générale de tout mon être du fait de vivre; cela passe par le corps; alors quelle est la différence entre plaisir et joie ? Le plaisir se mue en joie dès lors qu’on arrive à le transformer en généralité ; dès lors qu’elle conduit à une approbation globale de l’existence, pas simplement de la mienne ( Nietzsche)
- Le désir : les gens joyeux sont ceux qui dépensent leur énergie à faire , à accomplir leur désirs, qu’ils y arrivent ou pas
- L’instinct de survie
#Joie et travail : La joie de la reconnaissance est un des moteurs les plus puissants : c’est une joie de se développer
#La joie tragique chez Nietzsche : je ne vais pas me mentir, oui il y a des imperfections, un monde qui va mal mais je vais être joyeux dans ma lucidité.
Peut on avoir une ressource de joie quand tout va mal ?
Une joie d’accueil , pas de résignation d’accepter les choses
#La grande phrase : Plus tu acceptes de ne pas pouvoir changer ce que tu ne peux pas changer , plus tu pourras changer ce que tu peux changer «
A relier à la prière de Marc Aurèle :
«Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre.»
La joie est toujours l’acceptation du réel
Le malheur est toujours dans la recherche d’un idéal meilleur qui vient salir la réalité que l’on vie
La convocation de l’idée du bonheur nous enlève la joie de vivre
Pour Clément Rosset il y a une dimension totalitaire de la joie ; mais la philosophe de la joie exclut l’autre.
Toutes les raisons qui devraient me faire désespérer, me mettent en joie. D’où la thèse que toute vraie joie est paradoxale.
La joie est amorale, le "ja sagen" de Nietzsche est un oui à la vie
Je sais que je vais mourir et pour tant je suis joyeux
Je suis fou de joie, il y’a de la folie là dedans
D’où la joie de vivre puisqu’on n’aurait pu ne pas vivre ; et encore plus dans un pays qui connaît le terrorisme
Si le bonheur n’existe pas on peut y tendre en multipliant les instants de joie
La force majeure Clément Rosset
Synthèse conceptuelle :
#La joie a toujours maille à partir avec le réel
Cela a été comme çà et je l’accepte
#Les joies qu’on éprouve ont avoir avec le corps
Je suis d’abord un corps dans le monde
On deux marges de progrès
J’arrête de comparer ma réalité avec un idéal
La vraie joie est désespérée : si j’espère je dénature mon réel et perds ma joie
Le dirigeant est il responsable du développement, de la joie des salariés de son entreprise ?
La philosophie de la joie s’oppose à la culture du bien être propre aux us
#3 formes de joie :
Reconnaissance (Hegel)
Joie de vivre (Rosset)
Développement (Spinoza)
La joie est subversive, elle est politiquement incorrecte, aucun homme politique ne peut être joyeux si il veut promettre une amélioration du monde
"La joie est plus profonde que la tristesse,"Zaratustra
#L'artiste, le créatif :
« Pour être bon il faut répéter « Bergson
Quand on a ça et qu’on peut improviser on est dans la joie
Quand on sait faire ça : sortir de la répétition pour improviser,on a une joie de vivre . À ce moment là on se moque de la reconnaissance des autres
On en a besoin quand on n’est pas artiste de son domaine : on a alors besoin de reconnaissance
Le vrai développement c’est la créativité
La compétence c’est répéter les choses
Mais l’important c’est la confiance , le fait d’oser faire les choses
La joie de vivre fait prendre des risques, permet de rebondir = le plus important
ELLE DEVRAIT ÊTRE AU CŒUR DES POLITIQUES ÉDUCATIVES
#Confiance et bonheur :
Même si il n’existe pas ,on a besoin de penser qu’il est possible , qui existe comme désir de bonheur
Chaque instant de joie présent nourrit notre espoir de bonheur
À contrario le malheur n’est pas l’absence de bonheur mais l’absence de désir de vivre, d’appétit de vivre
Prendre conscience de la possibilité d’échouer dans une action est le début de la joie
Aimer l’aléa qui demeure alors qu’on fait tout pour le réduire
#2grandes questions pour finir :
Est ce que j’utilise suffisamment en moi cette ressource qu’est la joie?
Pourquoi la philosophie de la joie de vivre n’est elle pas plus présente ?