Expressions - Impressions - Nouveaux concepts - Croyances et Incertitudes d'un Monde qui change
"Penser ce qui nous arrive." Hannah Arendt
▼
vendredi 28 février 2020
Commentaires 54 : Le siècle vert
Régis Debray nous le confirme dès l'introduction : un spectre hante l'occident, l'effondrement du système terre et nous sommes bien à un moment charnière, entre deux âges de notre culture.
"Le siècle change sous nos yeux, de couleur, d'urgences et d'horizon."
#Nous sommes en train de sortir d'un long Moyen Age, celui de la modernité, celui qui se sera déroulé du quatrocento à Faust, de ce jour où Pétrarque s'en allé conquérir le mont Ventoux , au lieu de le regarder d'en bas à ce jour de 1969 ou Neil Armstrong marcha sur la lune: "Un pas de géant pour l'humanité."
Cette période où en devenant faustien, le mammifère a deux pattes a quitté le paradis pour entrer dans l'histoire et s'est mis à conquérir, coloniser, rentabiliser. Cette période où nous avons quitté la contemplation esthétique et distante pour entrer dans la possession physique .
Près de 1500 ans plus tard les progrès gigantesques sont à la mesure des dégâts accumulés sur la planète, le goût est amer et la prise de conscience des défaillances du pari Faustien est de plus en plus grande et partagée.
L'envie de faire allégeance aux signes et croyances d'une nouvelle Renaissance.
#Faust a pris un coup de vieux et ressemble de plus en plus au pompier pyromane. L'aspiration générale est au soft, au light ,au fun.
Le prédateur de jadis se découvre précaire et vulnérable et quand on se sait fragile, on devient plus fraternel, et responsable.Il découvre les coûts de son huerais et la lourde note à payer.
Les pires craintes de cataclysme apparaissent et se développent , nous faisant oublier que les catastrophes attendues sont le plus souvent contredites par les faits (la 5ème colonne, les rouges, les soucoupes volantes...)
Faust avait oublié et nous avec lui , c'est que l'homme est partie intégrante et non surplombante de la nature.Il se croyait au dessus et se découvre en dedans.
#L'ère faustienne était dure et hiérarchisée , l'ère digitale se voudrait égalitaire et ouverte, donnant le droit à chacun de participer au jeu.
Le monde qui vient est
- encore civilisé, malgré certaines colères et incivilités aucun individu n'a eu à revetir l'uniforme ou tirer un coup de fusil
- féminisé dans ses valeurs, ses vêtements, y compris sa langue le monde se féminise
- présentifié : aplani, préservé de toute remise en relief de l'actualité par l'histoire.Et comme il n'est pas de projet sans mémoire, l'effacement des perspectives du temps engendre un présent à plat , qui n'enchante guère les individus. Plus de point de fuite ,ni d modèle de société à atteindre , juste de la grogne et des tâtonnements.
- revitalisé : jeune et lisse , on végétalisme, on positive et l'humusation des dépouilles nous fait entrevoir la possibilité d'une nouvelle utopie de mort zéro.
#La société industrielle avait engendré une Résistance ouvrière , la société numérique qui lui a succédé fait naitre sous nos yeux un autre mouvement d'idées, adossé non plus à une science sociale mais naturelle.
Notre civilisation change d'englobant : nous avons vécu sous la cloche de l'histoire, nous allons vivre sous celles de la Nature.
Pendant un millénaire l'homme s'est demandé : "où en suis je avec Dieu?"
Puis à partir de la Renaissance : "où en suis je avec mes congénères?"
Et aujourd'hui : "où en suis je avec les animaux?"
Nous passons d'une condition spirituelle à une condition naturelle.
Victor Hugo a fixé l'ordre du jour : "La religion, la société, la nature: telles sont les trois luttes de l'homme .Ces trois luttes et en même temps ses trois besoins: il faut qu'il croie, de là le temple; il faut qu'il crée, de là la cité; il faut qu'il vive ,de lac la charrue et le navire.Mais ces trois solutions contiennent trois guerres.La mystérieuse difficulté d cela vie sort de tous les trois."
#Aucune société persistante et constante ne peut survivre sans ce que l'on appelle par commodité une religion. La transition d'une société thermo industrielle à une société agro pastorale , de l'usine au potager, de diésel à la trottinette , du prêtre au druide, de la croix au soleil, soit un demi tour vers le néolithique n'était pas vraiment prévue par la Raison en marche.
La science qui fait autorité n'est plus , comme chez Marx, l'économie mais la climatologie .
Nous observons en live un glissement de de l'Esprit sans la Nature(pôle progressiste) vers la Nature sans l'Esprit (pôle réactionnaire)
Courant trop vite et trop loin, l'intellect a fini par nous lâcher en chemin.Alors le naturel se venge et revient au galop.Retour du balancier.On ne veut plus de l'élaboré, mais du ressenti; plus de vérités générales mais des expériences originales.
L'effet jogging en médiologie : depuis que l'automobiliste a cessé de marcher, il s'est mis au jogging.
#Le vieux monde a l'age de la retraite, fait du luxe, peaufine ses musées et ses relique.L'Amérique elle ,tournée dès sa naissance vers le wilderness, n'est plus à une audace prêt : sa dernière transgression s'appelle le transhumanisme.
#Il faut remplacer la notion d'environnement par celle de milieu: l'ensemble des conditions d'existence d'un vivant.Le vivant organise le milieu qui l'organise?Il y a interdépendance et co développement.
On est toujours deux dans l'affaire homme, la Nature et l'Esprit.Un matériau et un outillage.
Il n'y a donc pas à choisir entre la tondeuse et le jardinier, entre âme moyen et la fin ,entre le technique est le spirituel.
Pascal Guibert, Coaching dirigeants