"Penser ce qui nous arrive." Hannah Arendt

samedi 18 avril 2009

Apocalypse de Michel Maffesoli (2)



Chronique réalisée à partir de l'intervention de Michel Maffesoli à Transit City le 03042009.

Le changement de Monde :
Il part de l'épistémée c'est à dire du socle des croyances , de la mythologie , des façons dont s'incarnent le rapport à l'autre , à la cité , à Dieu.
Tout changement d'époque est un changement d'épistémée aussi radical qu'un changement climatique.
Ainsi il distingue différentes périodes : l'Antiquité, le monde médiéval, l'époque moderne pour arriver et des périodes de transition se distinguant par une saturation de signes correspondant à un choc des deux époques ,la fin d'une culture ancienne, la naissance d'une civilisation nouvelle.
Ces époques de transition se caractérisent également par un effet de décalage entre un discours dominant de plus en plus vide de sens et une manière de vivre qui capte une énergie venue d'ailleurs.
Tout se passe comme si ceux qui avaient le pouvoir de dire, de faire utilisaient un vieux stock de signes impertinents.
D'où l'idée d'Apocalypse c'est à dire d'un monde qui se pensant avec une fin de par nos modes de représentation classiques se vit aujourd'hui sur sa fin.
Enfin il propose de repérer pour comprendre une société ,la temporalité dans laquelle elle se vit : passé ( tradition), présent(moderne) , futur (postmoderne)
Il nous propose ensuite une analyse comparative entre deux registres sémantiques : celui du monde moderne s'achevant et celui d'une civilisation post moderne qui cherche à percer.

Quelques concepts modernes en voie d'impertinence :
L'individu : pivot de notre manière de pensée depuis le XIIième siècle et le
" cogito ergo sum " de Descartes. Auparavant celui qui pense est un hérétique, désormais il pourra se forger sa propre
pensée notamment en lisant lui même les textes que rendent plus accessibles l'invention de Gutemberg.
Suivront au XVIIIième siècle deux concepts clés amenés par Rousseau. Celui d'éducation de civilisation pour lui donner
son autonomie; puis celui de contrat social qui installe la notion de contrat qui se propagera jusqu'aux entreprises.
La création de l'individu est à la base de l'invention du monde moderne, de l'économie de soi qui devient économie du
monde.
Le travail : Sous l'Ancien Régime , un honnête homme ne travaille pas ,
la qualité humaine n'est pas dans le travail ;il est réservé aux esclaves puis au tiers état.
A partir de Kant et de ses impératifs catégoriques, le travail va devenir la valeur du XIXième siècle : on doit travailler
pour se réaliser soi même et réaliser la société. Marx la reprendra en impératif et elle va se généraliser durant deux
siècle.
La raison : Va devenir la valeur essentielle du monde moderne ; pas la
rationalité consubstancielle à notre espèce humaine mais le rationalisme sa mise en système automatique, tout le
temps, partout pour en tirer un profit. Ainsi pour Max Weber c'est le processus de rationalisation scientifique ,qui est
à l'origine du désanchantement du monde.
On pourrait ,comme l'ont fait d'autres civilisations créer bien d'autres raisons d'être ensemble : les jeux, les passions..
L'utilité : Ne vaut que ce qui sert c'est à dire une conception ustenciliaire
du monde. L'autre comme étant manoeuvrable , manipulable. Même dans le sacré ,on ne va garder ce qui est le plus
rationnel : Les idoles.
Le futur :Hégel dresse une trajectoire et un sens positif à l'histoire.
De la barbarie à la civilisation,la marche royale du progrès va naître de cette conception optimiste du XIXième siècle.
Les grands récits de référence de l'époque (ceux qui structurent le temps et émergent de la quantité de production
intellectuelle d'une époque) sont axés sur le futur :
- le marxisme :les lendemains qui chantent c'est à dire la construction d'un futur sans grande remise en question
du présent.
- le freudisme et sa sublimation c'est à dire un report de jouissance au profit de la production du sujet.
Le projet cristallise cet esprit des temps modernes.