“ La plupart des sociétés ont considéré le passé comme le modèle pour le présent. Mais il y a des interstices dans cette dévotion au passé par où s’insinuent l’innovation et le changement.” “ Quelle est la part d’innovation que les sociétés admettent dans leur attachement au passé ? Seules quelques sectes parviennent à s’isoler pour résister intégralement au changement. Les sociétés dites traditionnelles, en particulier paysannes, ne sont pas du tout statiques comme on le croit. Mais si l’attachement au passé peut admettre des nouveautés, des transformations, le plus souvent le sens de l’évolution qu’il perçoit est celui d’une décadence, d’un déclin. L’innovation dans une société se présente sous forme d’un retour au passé : c’est l’idée-force des “ renaissances ”. (…) Le passé est rejeté seulement quand l’innovation est jugée à la fois inéluctable et socialement désirable. ”
Jacques Le Goff, Histoire et mémoireGallimard Editions, 1988