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mardi 28 avril 2020

Citation 95 Frédéric Begbeider


"Vous verrez, Manon, on change...Il arrive un jour où l'on remplace le désir de tortues incrustées de diamants par un besoin de génuflexion"
Frédéric Begbeider in :), Grasset 2020

vendredi 28 février 2020

Commentaires 54 : Le siècle vert


Régis Debray nous le confirme dès l'introduction : un spectre hante l'occident, l'effondrement du système terre et nous sommes bien à un moment charnière, entre deux âges de notre culture.
"Le siècle change sous nos yeux, de couleur, d'urgences et d'horizon."

#Nous sommes en train de sortir d'un long Moyen Age, celui de la modernité, celui qui se sera déroulé du quatrocento à Faust, de ce jour où Pétrarque s'en allé conquérir le mont Ventoux , au lieu de le regarder d'en bas à ce jour de 1969 ou Neil Armstrong marcha sur la lune: "Un pas de géant pour l'humanité."
Cette période où en devenant faustien, le mammifère a deux pattes a quitté le paradis pour entrer dans l'histoire et s'est mis à conquérir, coloniser, rentabiliser. Cette période où nous avons quitté la contemplation esthétique et distante pour entrer dans la possession physique .
Près de 1500 ans plus tard les progrès gigantesques sont à la mesure des dégâts accumulés sur la planète, le goût est amer et la prise de conscience des défaillances du pari Faustien est de plus en plus grande et partagée.
L'envie de faire allégeance aux signes et croyances d'une nouvelle Renaissance.

#Faust a pris un coup de vieux et ressemble de plus en plus au pompier pyromane. L'aspiration générale est au soft, au light ,au fun.
Le prédateur de jadis se découvre précaire et vulnérable et quand on se sait fragile, on devient plus fraternel, et responsable.Il découvre les coûts de son huerais et la lourde note à payer.
Les pires craintes de cataclysme apparaissent et se développent , nous faisant oublier que les catastrophes attendues sont le plus souvent  contredites par les faits (la 5ème colonne, les rouges, les soucoupes volantes...)
Faust avait oublié et nous avec lui , c'est que l'homme est partie intégrante et non surplombante de la nature.Il se croyait au dessus et se découvre en dedans.

#L'ère faustienne était dure et hiérarchisée , l'ère digitale se voudrait égalitaire et ouverte, donnant le droit à chacun de participer au jeu.
Le monde qui vient est
- encore civilisé, malgré certaines colères et incivilités aucun individu n'a eu à revetir l'uniforme ou tirer un coup de fusil
- féminisé  dans ses valeurs, ses vêtements, y compris sa langue le monde se féminise
- présentifié : aplani, préservé de toute remise en relief de l'actualité par l'histoire.Et comme il n'est pas de projet sans mémoire, l'effacement des perspectives du temps engendre un présent à plat , qui n'enchante guère les individus. Plus de point de fuite ,ni d modèle de société à atteindre , juste de la grogne et des tâtonnements.
- revitalisé : jeune et lisse , on végétalisme, on positive et l'humusation des dépouilles nous fait entrevoir  la possibilité d'une nouvelle utopie de mort zéro.

#La société industrielle avait engendré une Résistance ouvrière , la société numérique qui lui a succédé fait naitre sous nos yeux un autre mouvement d'idées, adossé non plus à une science sociale mais naturelle.
Notre civilisation change d'englobant : nous avons vécu sous la cloche de l'histoire, nous allons vivre sous celles de la Nature.
Pendant un millénaire l'homme s'est demandé : "où en suis je avec Dieu?"
Puis à partir de la Renaissance : "où en suis je avec mes congénères?"
Et aujourd'hui : "où en suis je avec les animaux?"
Nous passons d'une condition spirituelle à une condition naturelle.

Victor Hugo a fixé l'ordre du jour : "La religion, la société, la nature: telles sont les trois luttes de l'homme .Ces trois luttes et en même temps ses trois besoins: il faut qu'il croie, de là le temple; il faut qu'il crée, de là la cité; il faut qu'il vive ,de lac la charrue et le navire.Mais ces trois solutions contiennent trois guerres.La mystérieuse difficulté d cela vie sort de tous les trois."

#Aucune société persistante et constante ne peut survivre sans ce que l'on appelle par commodité une religion. La transition d'une société thermo industrielle à une société agro pastorale , de l'usine au potager, de diésel à la trottinette , du prêtre au druide, de la croix au soleil, soit un demi tour vers le néolithique n'était pas vraiment prévue par la Raison en marche.

La science qui fait autorité n'est plus , comme chez Marx, l'économie mais la climatologie .

Nous observons en live un glissement de de l'Esprit sans la Nature(pôle progressiste) vers la Nature sans l'Esprit (pôle réactionnaire)
Courant trop vite et trop loin, l'intellect a fini par nous lâcher en chemin.Alors le naturel se venge et revient au galop.Retour du balancier.On ne veut plus de l'élaboré, mais du ressenti; plus de vérités générales mais des expériences originales.

L'effet jogging en médiologie : depuis que l'automobiliste a cessé de marcher, il s'est mis au jogging.

#Le vieux monde a  l'age de la retraite, fait du luxe, peaufine ses musées et ses relique.L'Amérique elle ,tournée dès sa naissance vers le wilderness, n'est plus à une audace prêt : sa dernière transgression s'appelle le transhumanisme.

#Il faut remplacer la notion d'environnement par celle de milieu: l'ensemble des conditions d'existence d'un vivant.Le vivant organise le milieu qui l'organise?Il y a interdépendance et co développement.
On est toujours deux dans l'affaire homme, la Nature et l'Esprit.Un matériau et un outillage.
Il n'y a donc pas à choisir entre la tondeuse et le jardinier, entre âme moyen et la fin ,entre le technique est le spirituel.

mercredi 15 janvier 2020

Lexique 225: Jésus


"Au commencement j'ai accepté ce projet démentiel de changer l'homme. On a vu ce que cela a donné. Si j'en ai modifié trois c'est le bout du monde. Aussi, quelle croyance idiote! Il faut ne rien connaitre à rien pour penser changer quelqu'un. Les gens changent seulement si cela vient d'eux, et il est rarissime, qu'ils le veuillent réellement. Neuf fois sur dix, leur désir de changement concerne les autres."
Amélie Nothomb in Soif, Albin Michel 2019.

jeudi 29 août 2019

Climat : la panique de la collapsologie est tout aussi paralysante que les certitudes des climato sceptiques


"Si  le changement climatique est un canular(comme l'a affirmé Trump ) ou s'il échappe à notre contrôle (comme le dit Mc Pherson qui prédit une possible extinction de l'humanité vers 2030), il n'y a évidemment aucune raison de réduire les émissions de carbone(...) Il est encore temps, d'éviter les pires résultas, si nous agissons vigoureusement, non à partir de la peur, mais de la confiance que l'avenir est largement entre nos mains".
Michael Mann, Susan Hassol et Tom  Toles in Washington Post , 13072017, repris par le Monde 17082019

vendredi 26 juillet 2019

Bel été et très bonnes vacances à toutes et à tous !

Le petit cadeau de l'été , comme chaque année, se fait sous la forme des 10 règles de vie, que Milton Erikson a enseigné à ses enfants. Je les transpose telles qu'elles ont été décrites en anglais  par sa fille Betty  dans un livre sur son père. En anglais et sans commentaire car elles sont, me semble t-il très explicites.Vous pouvez retrouver l'intégral de l'article ici
1/ Life is hard work
2/ Life is unfair
3/ Life is filled with pain
4/ Every thing ends
5/ Every choice costs
6/ The law of average i usually correct- thats why its called  the law of average
7/ Change is the only constant
8/ It is what's i our head and heart that really matters
9/ What we receive in life depends on merit- and good or bad luck- or a combination
10/ Life was made for amateurs

Bel été et très bonnes vacances à toutes et à tous !

lundi 10 septembre 2018

Expression 45 : Il n'y pas de tabou



Une nouvelle expression à succès dans notre monde politique : Il n'y pas de tabou
Très pratiquée dan les allées du pouvoir, par les ministres , les responsables politiques , elle est censée indiquée la largeur, l'ouverture d'esprit de ceux qui la pratiquent.
Les 35H ? L''ISF ? L'impôt à la source? Les classes dédoublées ? Il n'y pas de tabou entend-on sur tous ces sujets depuis plusieurs années.
On pourrait même parler d'un aspect  trangressif car à n'en pas douter , cette formule sert assez souvent de ballon d'essai pour tester de nouvelles idées. Bien accueillies elles seront ensuite transformer en projet de loi, repoussées par l'opinion elles seront bien vite enterrées.
L'envers du tabou pouvant s'appeler la conviction en politique, cela nous donne une bonne indication sur celles de notre époque : il n'y aurait pas (plus ) de tabou et corrélativement aussi peu de convictions.
Pour aller plus loin, on pourrait même dire que notre époque de profonde mutation du monde remet en question beaucoup des principes et convictions qui nous gouvernent.
On sent même qu' elles ne nous aideront pas à surmonter nos difficultés actuelles.
C'est exactement l'analyse que va faire  Sigmund Freud  en 1913 dans son livre Totems et Tabous.
Il s'intéresse alors à l'inceste dans les sociétés primitives et définit totems et tabous comme le ciment de l'organisation des clans comme les fondements de notre civilisation .
Transformer la société revient certainement à remettre en question certains tabous pour se mettre en phase avec les enjeux d'une époque.
 Tout le monde semble d'accord, le plus difficile étant de définir lesquels?


mardi 1 décembre 2015

Citations 22 Le sens des phrases est -il toujours le même ?

Une phrase sur le poids  des phrases , le sens des mots et du "politically correct "à l'époque de l'ultra communication politique , extraite du très joli livre de Judith Perrignon.

"La phrase est au mieux un très beau livre au pire un cache misère aux tribunes officielles. Tranquillement nous l'avons défaite. On ne ne dit plus les pauvres, les riches trouvent que ça fait mauvais genre, on dit d'où ils sont et la couleur de leur peau. C'est plus précis et ainsi on ne leur doit rien. Ils ont perdu la protection des mots."
Judith Perrignon in Victor Hugo vient de mourir , L'iconoclaste 2015.

mardi 29 septembre 2015

Pour la première fois il n'y a plus d'après

A l'opposé d'un Maffesoli dans L'ordre des choses qui s'interroge sur le monde qui vient, Régis Debray ausculte croyances et valeurs d'un monde finissant dans ce très bel entretien donné au Point (24/09/2015). Ce monde dont il fait parti et qui disparait sous ses yeux le laisse de façon assez paradoxale d'humeur légère tout en le plongeant dans un profond nihilisme.
J'ai retenu ce passage qui me parait important sur la fin des croyances messianiques, de cette idée de lendemain voire de progrès qui peuplait la plupart des concepts de la société moderne : école, politique, travail, république, laïcité..
A rapprocher également du dernier atelier Transit city
"..l'histoire comme accomplissement d'un grand dessein, comme émancipation de l'humanité en marche vers son salut.Cette idée messianique, nous la tenons tout libre penseur qu'on soit , du judéo-christianisme.Elle a longtemps fait de nous , les progressistes, des descendants d'Abraham et d'Isaïe sans le savoir. Or le bureau des affaires eschatologiques a fermé. Plus aucune grande promesse n'est crédible.Avez vous noté le raccourcissement des cycles d'espérance en occident ? Le christianisme ? 20 siècles. Le scientisme ? 2 siècles. Le socialisme ? Moins d'un siècle. L'européisme? Un demi-siècle.
Résultat, une première historique : la peur sans espoir….
Pour la première  fois il n'y a plus d'après.Ni au ciel, ni sur terre."

vendredi 25 septembre 2015

Et nous étions en train de changer de civilisation ?



Tel était le thème de l'atelier débat de ce matin  animé par le toujours excellent François Bellanger qui depuis des années explore les nouveaux imaginaires dans son atelier Transit city.
Les questions sous jacentes étaient nombreuses :
Et si nous sortions du monde industriel apparu à la fin du XIXème siècle ?
Et si le post-fordisme nous ramenait à une époque pré-fordiste ?
Et si toutes les valeurs politiques et sociales du XXème devaient s’en trouver interrogées ?
Et si nos réflexions prospectives étaient en deçà des mutations sociales et politiques qui s’annoncent ?
Bref, et si nous changions radicalement de civilisation ?
La thèse de François Bellanger étant que finalement rien n'ayant changé depuis la révolution industrielle de la fin du XIX, tout est en train de basculer aujourd'hui et tous les concepts mutent en même temps 

# La ville telle que nous la connaissons aujourd'hui n'a pas changé fondamentalement depuis le  XIX sème siècle
Le logement, le bureau , l'usine , la gare, l'école, les cafés, les grands magasins, les rues , le métro, les trains, les voitures,sont des concepts qui trouvent leur définition, rôle et spécificité à cette époque sans en changer.
Cette rue parisienne est aujourd'hui la même que celle peinte par Pissaro à l'exception des voitures et téléphones portables.
Chaque espace a une fonction et une seule, distincte de l'autre et c'est clair : logement pour habiter, usine pour produire, stade pour faire du sport, restaurant pour manger, magasin pour consommer..
Tout est remis en question aujourd'hui.
Il en de même de nos référents politiques : république, scolarisation, laïcité, salariat, syndicalisme, progrès, modernité , tous ces concepts sont en crise

# Sa conviction 1 : ça ne fonctionne plus parce que nous vivons une nouvelle révolution industrielle où "l'individu mobile et connecté est au centre de la carte."
"La connection est la nouvelle normalité" 
Les GAFA ne réfléchissent jamais en terme de territoire ou de culture, chaque être humain connecté est un client potentiel et chaque être humain non connecté devrait l'être
"En Chine le téléphone mobile est la nouvelle carte d'identité" rapportait récemment un tycoon de la net économie chinoise.
Le nouvel espace pourrait s'appeler le rhizome en référence à 1000 Plateaux de Guattari et Deleuze : n'importe quel point peut être connecté avec n'importe quel autre.
La difficulté d'imaginer le coup d'après pour les industriels traditionnels (sncf, peugeot , michelin..) est réelle : s'il possible de penser un train Google, comment penser blablacar ou un convoi de véhicules autonomes quand on s'appelle la SNCF.
Des échecs au jeu de Go : la société semble évoluer de l'un vers l'autre :  d'un jeu très hiérarchisé, avec une géographie stable, un champ de bataille identifié à un jeu où toutes les pièces se valent et construisent de nouveaux espaces de conquête.

L'exemple du Paris - Reims est édifiant :
- il y a moins de 5 ans pour aller de Paris -RP à Reims le matin,  il n'existait que 2 points fixes  d'accès SNCF dans toute la région
- Aujourd'hui ils existent toujours mais on estime les points d'accès mobile via bla bla car à 7
- Dans 5 ans ils pourraient au minimum doubler , alors que la sncf ...

# Conviction 2 : on entre dans une époque où tous connectés, on fait tout partout : 
C'est quoi un piéton ? "une PME ambulante" répond Fabrice Luchini.
Et si tous les lieux devenaient des lieux de transit où travail, détente, sport, restauration  se conjuguaient à l'infini chez soi mais là où je travail, dans les points d'accès au transport..

Pour Michel Serres on est passé : "de la construction de boite à la construction de flux"
Le futur HQ de Google est pensé à 100 % modulaire : comme si plus rien ne devait être fixe et le tout adaptable devenait une nouvelle croyance de nos espaces urbains.

Exemple du sport :
- dans les années 30-60 : le sport se pratique au stade (adidas)
dans les années 80 : le sport commence à sortir du stade notamment avec le running (nike)
aujourd'hui : la ville entière est devenu un terrain de sport ( red bull)
Les quais de Seine à Paris expriment ces nouveaux imaginaires car ils sont 7/7 à la fois lieu de détente/promenade/sport/restauration/fete sns véritable hiérarchie

# Des nouveaux lieux se créent  pour de nouvelles pratiques  :
- les fab cafés : on imprime des objets
- nouveaux espaces  bureaux café
- magasins où les gens viennent acheter et bricoler
- micoimprimerie où on imprime soi même un livre
- Nike qui va ver les chaussures tissées car il prévoit de les produire dans ses boutiques
- Micro hôpital à la maison où on invente sa nouvelle prothèse

Tout indique une redéfinition des lieux autour de la production localisée
Local Motors vient d'imprimer deux Twizzy que Renault n'arrive pas à distinguer des ses modèles originaux.

#Conviction 3  De l'uberrisation à la local motorisation  : peut être qu'après la connection  de tous , la prochaine mutation est là
L'ubérisation, c'est quand une application mobile déstabilise tout un secteur économique en faisant éclater tous les cadres économiques traditionnels La "localmotorisation", ca sera quand un réseau d'imprimantes 3 D déstabilisera tout un secteur industriel en permettant une production locale et ultra-personnalisée 

Tout semble indiquer une redistribution de la production entre :
- micro production locale par les acteurs eux mêmes de biens de consommation personnalisés
- production entièrement automatisée dans des usines géantes d'objets industriels sophistiqués (automobiles tesla)

# Il prévoit déjà la prochaine étape :
- Déjà des micro usines mobiles prévues par Amazon
-VICA : le nouveau concept de l'armée américaine pour : volatilité, incertitude, complexité, ambiguité -> les mots d'ordre de la recherche sur les équipements militaires
Avec toujours plus de drones : vers 2045 plus d'avions avec pilote dans l'us army
Des usines volantes, des structures gonflables, des soldats de plus en plus connectés, producteurs de leur matériel..

Pour finir une conviction : tout ce qui est robotisante , le sera
A suivre…

* les slides et visuels sont empruntés au blog Transit City

mardi 1 septembre 2015

Les barbares

"La croyance d'être envahi et détruit par des hordes de barbares est vieille comme l'histoire de l'humanité.Les images de désertification, de parcs saccagés par des nomades et de constructions en ruine au milieu desquelles paissent des moutons sont récurrentes de la littérature de la décadence, de l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui."
Wolfgang Schimmelbusch die Kultur der Niederlage.

lundi 29 juillet 2013

Big Data où la victoire du prédictif sur l'explicatif

On se souvient du thème du film "Minority Report " , adapté d'une nouvelle de P. K Dick : dans un monde futur cauchemardesque régit par la religion de la prédiction une unité spéciale de police, cherche à arrêter les criminels avant même qu'ils soient passés à l'action.
Pour savoir où et comment intervenir, ces policiers ont recours à d'étranges créatures dotées d'une connaissance du future réputée infaillible.
Identifier des criminels qui ne le sont pas encore , une idée qui parait d'un certain côté assez loufoque , mais, qui à y regarder de plus prêt pourrait devenir la métaphore du Big data, sa version noire.

En effet, au fur et à mesure de son évolution, Internet a bouleversé les modes de communication entre individus mais pas que : il modifie également les modes de décision de nos sociétés et nous découvrons petit à petit que  nos existences relèvent d'avantage de probabilités que de certitudes.
L'objectif étant moins de rassembler les arguments d'un raisonnement pour comprendre les choses, que de mobiliser les données pour les prédire avec une efficacité maximale.
Dit autrement : la logique explicative (hypothéticodéductive) de nos connaissances modernes serait dépassée par un raisonnement probabiliste (descripto-prédictif).
Prenons quelques exemples, empruntés à Viktor Mayer Schônberger et Kenneth Cukier*.

- UPS, leader mondial de la livraison a installé des capteurs sur certaines pièces de ses véhicules pour identifier les problèmes de surchauffe ou de vibration corrélés aux défaillances que ses pièces ont présenté dans le passé. En procédant ainsi , elle peut anticiper les pannes et remplacer les pièces défectueuses au garage plutôt que sur le bord d'une route.
Elles n'indiquent pas la source du problème mais indiquent un processus pour éviter des incidents coûteux.

- Même chose au Canada pour des prématurés ou en créant un flux de plus de 1000 données par seconde combinant 16 indicateurs (pouls, tension, respiration..) une équipe médicale est parvenue à établir des corrélations entre des dérèglements mineurs et des maux plus sérieux. Cette technique devrait permettre aux médecins d'intervenir en amont pour sauver des vies.
Cette approche permet de localiser les infections sur les bébés avant m^me que les symptômes visibles n'apparaissent.

- L'application médicale avait déjà fait l'objet d'un article qui a fait sensation en 2009 sur Google et la grippe : ses auteurs affirmaient qu'il était possible de repérer les foyers de grippe à partir des archives du moteur . L'enquête a été menée à parti des requêtes pour découvrir s'il y avait corrélation entre la récurrence de certains mots clés et l'apparition du virus. Après 500 millions d'opérations de calcul Google est parvenu à identifier 45 mots clés (mal de tête, nez qui coule) ;
Ce qui ressort n'est cependant qu'une simple corrélation : personne ne savait pourquoi ces requêtes avaient été effectuées (maladie? inquiétude? info ?)

- La mairie de NY vient de renforcer son système de protection contre les incendies  par une stratégie de prévention originale.
Le immeubles illégalement sous divisés en parts locatives présentent plus de risques que les autres de partir en flammes; A la mairie une équipe d'analyste s'est emparée du sujet et a créé une banque de données recensant les 900000 bâtiments de la vile complétés des indicateurs d'agences municipales : liste des exemptions fiscales, coupures d'eau ou d'électricité, loyers impayés, taux de délinquance, rotation d'ambulances..
Les analystes ont ensuite dressé des correspondances entre ces données et les statistiques relatives aux incendies.Aucune des caractéristiques retenues ne peut en soi être considérée comme cause d'incendie; c'est mises bout à bout qu'elles prennent leur valeur.
Ainsi la proportion d'évacuation après visite des bâtiments a grimpé de 13 à 70 % après adoption de cette méthode.

Chacun de ces exemples le montrent le raisonnement de type probabiliste appliqué à chaque fois  permet simultanément  :
- d'appréhender des phénomènes (voire des combinaisons de phénomènes) très complexes composés de très nombreux facteurs, autrefois incompréhensibles donc "intouchables"
- de mettre en relation de façon récurrente des facteurs de causalité et l'expression du phénomène, leur donnant aisé une valeur prédictive
- d'utiliser cette valeur prédictive pour déclencher une intervention permettant de prévenir l'apparition de cette manifestation
- de ne pas forcément comprendre les raisons explicatives de son déclenchement.

A partir de là beaucoup de raisonnements sont possibles sur le bien fondé ou non, le caractère intrusif liberticide ou social réparateur des big data et de leur analyse.
Une chose est certaine : grâce ou à cause d'elles , demain ne sera plus comme avant.


* article du Monde Diplomatique juillet 2013

mardi 15 novembre 2011

Saint Agustin : changer sa vie



Texte publié en août 2011 dans le Journal La Croix

«C’était ma vie, mais était-ce la vie ? », s’interroge Saint Augustin au livre trois de ses aveux (Les Confessions). Il y revient au livre douze, avec le souhait étonnant de « ne plus être ma vie » (non ego vita mea sim). Et il ajoute : « J’ai mal vécu de moi » (male vixi ex me). Il nous propose ainsi, dès la fin du IVe siècle, une relecture étonnante d’une vie en quête de changement. Il est sans doute le premier auteur à avoir posé aussi directement et intimement la question d’une nouvelle orientation de l’existence, comprise littéralement comme un changement du rapport à soi, comme une transformation du « vivre soi ».

Ce qui était d’une remarquable nouveauté et marquait une rupture dans la grande tradition de l’Antiquité, à laquelle appartenait Augustin, du souci ou du soin de soi. Sans doute faut-il rappeler et souligner que l’œuvre d’Augustin, ce Nord-Africain passé par les plus grands centres culturels de l’Empire (Carthage, Rome et Milan), est d’abord l’œuvre d’un migrant.

À la lecture des « treize livres de ses aveux » (ou confessions), qu’il rédigea probablement autour de l’année 397, une fois nommé évêque de Hippo Regius (Hippone la Royale, port méditerranéen de l’Africa Nova, province numide soumise aux Romains, et situé à trois kilomètres de l’actuelle Annaba en Algérie), on devine qu’Augustin se comprend très tôt, très vite comme un exilé. Il va d’ailleurs jusqu’à décrire l’acquisition du langage humain par l’enfant comme si ce dernier arrivait dans un pays étranger sans en comprendre la langue. Comme si l’enfant, dès son plus jeune âge, devait changer de perspective et s’adapter au monde étranger qui l’accueille.

Nous sommes en voyage en ce monde, des pèlerins marchant dans l’existence comme des étrangers en terre inconnue. Citoyens, écrit-il, d’une « terre du manque ». Changer « le vivre avec soi » sera la grande aventure de ce migrant qui inventera pour cela un acte de parole étonnant, là encore en dissidence de la culture antique dominante : l’acte d’avouer sa vie. Chez les Grecs et les Romains, la confessio n’a pas sa place si ce n’est dans les prétoires. Mais Augustin en fait l’acte, à la fois intime et public, de dessaisissement de soi. L’acte d’un changement de perspective.

On a souvent assimilé la confession à un examen minutieux et violent de soi, mais l’aveu augustinien consiste moins à rétablir un équilibre ou à retrouver un état perdu qu’à trouver les forces du changement de soi. Ce qui surprend, très vite, à la lecture des aveux d’Augustin, c’est bien cette volonté de saisir le changement, sous la forme d’un appel. Il y a bien, dit-il, un lieu en moi où peut arriver quelque chose, où peut se faire entendre une voix autre.

Cet événement, Augustin le nomme d’emblée : c’est Dieu. Dieu est celui qui appelle en moi. Dieu est cet événement de l’appel malgré moi. Des ses aveux, Augustin tirera un mouvement intérieur et littéraire qui, partant de la dispersion et du déchirement de la vie, conduit à l’unité et au centre. Il fait le récit de ses blessures pour écrire le chemin personnel qui conduit à un point d’invulnérabilité. « C’est en fuyant ma vie que je la cherchais », écrit-il au livre six de ses aveux.

Fredéric Boyer

Ecrivain

mercredi 13 janvier 2010

Les nouvelles menaces (4) :Le nouveau rapport de la cia



Comment sera le monde en 2025 ?
Après la pandémie c'est la question à laquelle nous allons nous intéresser , question centrale que pose le nouveau rapport CIA .
Publié par le NiC ( conseil national du renseignement aux usa) ce rapport livre les réflexions de l'agence sur l'avenir proche , jusqu'en 2025.
Le projet est de livrer clé en main des "scénarios construits et alternatifs au destin de notre monde".
Plusieurs films catastrophes, c'est à nouveau à la mode en ce moment " sont ainsi proposés comme autant de signaux d'alerte nécessaires à une approche globale.
Parmi les principaux scénarios :
- Tout d'abord, c'est d'actualité actuellement avec Copenhague,l'hypothèse climatique : suite à une explosion de quantité CO2 dans l'atmosphère , on assiste à une montée des eaux à NY qui contraint WS à déménager;Le stress du manque d'eau au Sahel et le défrichement de la forêt amazonienne auraient accéléré le danger.
- La transmission d'une maladie ,sans vaccin connu ,venue de l'Afrique ( scénario inspiré d'Ebola )
- La montée en puissance technologique du terrorisme , tout d'abord biologique ( variole , anthrax), le plus simple à mettre en oeuvre puis radiologique voire nucléaire en jouant du progrès de la miniaturisation des bombes.

Le rapport isole également quelques états qui pourraient à l'instar de la Somalie se" désintégrer " : le Yemen, le Soudan et plus gravement l'ensemble Afghanistan/Pakistan.
Les problèmes d'eau et d'énergie sont également cités mais jamis en profondeur.
Au passage on peut une fois de plus apprécier les talents des scénaristes américains qui de Hollywood à la CiA fournissent des scénarios du futur au monde entier.Au point où on arrive à se demander qui travaille pour ou avec qui.
Intéressantes également les catégories utilisées pour organiser les scénarios telles que : certitude relative/ impact probable;incertitude déterminante/conséquence éventuelle..
Donc petit jeu pour les années à venir : repérer dans les scénarios des futurs films à succès et des futurs "serial " de l'actualité les liens avec les propositions de ce rapport.

vendredi 8 janvier 2010

Les nouvelles menaces (3) : ET SI NOUS ENTRIONS DANS UNE NOUVELLE ÉPOQUE D'ÉMEUTES URBAINES ?


Et si nous nous interrogions sur le sens de la multiplications des émeutes urbaines ?

Et si on sortait d'une vision sécuritaire pour une vision réellement politique ?

Et si ces émeutes annonçaient la fin d'une certaine façon de faire de la politique ?

Et si ces mouvements devaient modifier en profondeur les espaces de nos cités ?

Bref si on essayait enfin de comprendre ce que ces mouvements pouvaient dire sur nos villes de demain ?
Voici quelques unes des questions traitées dans le dernier atelier de Transit city. de décembre dernier.
François Bellanger avait invité Alain BERTHO, professeur d'anthropologie à l'Institut d'Études Européennes qui est l'auteur du tout récent livre Le Temps des émeutes
L'auteur met notamment en avant une recrudescence des émeutes dans le monde entier avec un processus similaire d'explosion de colère sans organisation de revendication politique.
Il met également à jour un cycle des émeutes d'environ 50 ans dans le monde .