mardi 29 septembre 2020

Citation 108 Jean Paul Kauffmann


"Au début je la trouvai un peu bêcheuse mais elle se mit à changer d'attitude lorsque je lui fis découvrir l'entrée dérobée."
in Venise à double tour, Jean Paul Kauffmann, Folio, 2020.

mercredi 23 septembre 2020

Citation 107: Jean Paul Kaufmann


"Je suis comme eux: s'il ne pleut pas je souffre. On partage les mêmes inquiétudes. la notion de durée a changé pour moi."
in Venise à double tour, Jean Paul Kauffmann, Folio, 2020.

mardi 22 septembre 2020

Commentaire 57 Rendre le monde disponible 2/2

#Rendre disponible ou laisser advenir ?Le conflit fondamental illustré par 6 étapes de vie
- La Naissance : la planification et la réalisation du désir d'enfant : le fait d'avoir ou non un enfant n'est plus un "destin". La qualité génétique dos biologique de l'enfant : de nombreuses méthodes d'investigation permettent de voir si l'enfant correspond à notre désir; l'angoisse de l'accouchement grandit au même rythme que l'indisponibilité" et les risques perçus éprouvés comme une impuissance.
Il en va de même des dispositifs de sécurité : plus il ya de caméras de surveillance , de système d'alarme, moins les individus se sentent en sécurité.Cela sape la confiance que l'on a en sa propre efficacité.
- L'Éducation : l'évolution de l'enfant est suivi par toute une série de paramètres , d'examens médicaux qui relèvent d'un programme de monitoring.
Il existe une pression  d'optimisation portant sur la quasi totalité des expressions de l'existence de l'enfant; toutes ces dimensions sont rendues mesurables afin de les optimiser.
Le développement des compétences par exemple de plus en plus mesurées par l"école alors qu'elles n'en sont pas le but final; l'éducation est un processus de transformation de l'enfant constant pour devenir une personne (ce qui passe par des compétences)
Les enseignes tiraillés au quotidien entre les exigences de disponibilité des autorités chargées de la formation, des résultats exprimés par les parents et le besoin de résonance des élèves sont parmi les professions où l'on compte le plus de burn out.
-La vie professionnelle : les jeunes adultes cherchent le plus souvent à prendre en main leur vie par le biais d'un plan de carrière et d'un projet familial. Pour l'un il s'agit d'articuler formation, expérience et recherche de travail. Pour l'autre c'est beaucoup plus difficile : on ne décide pas de quelle personne on va tomber amoureux. Pourtant de plus en plus de services ne ligne proposent des dating app pour contrôler, maîtriser la rencontre.
- La numérisation du rapport au monde : les techniques et processus numériques ont profondément transformé notre rapport au monde en rendant disponible la quasi totalité du monde accessible à notre conscience.
Le savoir nous est apporté par Google en quelques secondes.
Mais pas uniquement : les marchandises nous sont également accessibles, les gens qu'on aime sont visibles à tel point que la limite de disponibilité du monde n'est pas déterminée par la résistance du monde mais par les limites de notre attention et de notre bourse. 
Notre propre personne devient peut être le plus important point d'agression dans le rapport moderne avec le monde.
Si nous voulons étendre les frontières du monde ,il nous faut commencer par nous optimiser nous mêmes et c'est ce que nous faisons avec le mouvement "quantified self".
L'objectif étant de mesurer toutes les expressions de vie et de les rendre disponibles : tension, pour, perte de calories, nombre de pas, phases de sommeil...On peut ainsi les étudier, comparer et les ...optimiser car impossible de ne pas vouloir faire mieux le lendemain lorsque l'on vous mesure votre nombre de pas au podomètre.
On succombe à un illusion en croyant que l'on ne se laisse pas inciter à transformer son comportement en fonction des données une fois qu'elle sont devenues disponibles.
- Le tourisme : comme contrepoint d'une vie professionnelle et familiale menée sur le mode du désespoir de la gestion du quotidien et de ses to do list.
La promesse des vacances est donc d'aller à la rencontre du monde sans obligation à gérer et nous laissant "toucher "pr le monde
Le problème est que nous n'avons peu de temps , un budget limité et le désir d'obtenir "contractuellement" ce que nous avons envie d'y trouver sans bouleversement imprévu , ni déstabilisation : d'où là aussi un sujet de tension familial et interpersonnel.

- L'age des soins : le caractère éphémère de la vie et la déchéance des corps constituent la limite la plus ferme du programme d'extension d l'accès au monde de la modernité. Là échouent tous nos efforts .Pourtant nous résistons, innovons et bataillons.
Ainsi la relation à la maladie est une vraie relation d'agression et là où nous ne pouvons pas gagner, nous faisons l'effet de ratés.Plus on combat la maladie, plus on s'empêcherait de vivre avec

- La mort :l'agonie est quelque chose que l'on cherche de plus en plus à contrôler ; on ne laisse plus la vie s'en aller de la personne, c'est à dire mourir;

#La dimension structurelle du conflit fondamental : 
Le mode de stabilisation dynamique de la société impose en permanence une extension de notre accès au monde et du même coup un  programme de mise à disposition illimité.

Nous rencontrons les choses sous le forme de ce qu'il faut savoir payer, dominer, acquérir, résoudre et nous avons l'application qui convient pour chacun de ces types de relation.
Mais cela veut aussi dire pour Adorno ou Rilke que nous ne faisons pas l'expérience des choses dans leur diversité phénoménale, nous ne les appréhendons que dans ce que nous avons rendu disponible en elles sur le plan conceptuel, technique , économique.
Il est nécessaire de réfléchir à la nature du désir.

#L'indisponibilité du désir et le désir indisponible
Si la modernité vise à rendre le monde disponible , cela vient avant tout à l'idée et à l'exigence de le rendre disponible pour notre libido. Nous n'en constatons pas moins que dans la manière dont nous menons notre vie nous ne sommes pas simplement guidés par notre désir ou nos envies.
Notre rapport au désir présente présente presque à l'état pur , toutes les caractéristiques d'une relation de résonance : il entre toujours et immédiatement en jeu lorsque nous sommes interpellés ou quand nous nous laissons affecter , nous y répondons physiquement, émotionnellement et mentalement, nous nous transformions en lui tandis que dans le même temps la structure du désir se modifie, se déplace.
La structure du désir se situe dans l'exigence de mettre à portée quelque chose qui ne l'est pas encore.
Le désir humain est avant out désir de relation : nous voulons atteindre ou rendre atteignable quelque chose qui ne l'est pas encore.
Le désir s'éteint lorsqu'il n'y a plus rien à découvrir sur ou avec le vis à vis que nous ma^trisons et contrôlons toutes ses propriétés, si nous en disposons totalement.
Une erreur fondamentale de la culture moderne tient au fait qu'elle transforme la nostalgie de l'atteignabilité  (toujours auverte quant au résultat) en exigence de disponibilité (certaine) et qu'elle a institutionnalisé cette revendication dans le programme  de l'extension de l'accès au monde;
Cette confusion trouve son expression la plus lourde dans la transposition d'un désir de relation fondamental chez l'être humain en un désir d'objet.
Un monde que l'on aurait rendu complètement disponible, serait pas seulement sans attrait mais aussi sans résonance ; il n'y aurait plus rien à désirer , le désir ne trouverait plus d'objet et pourtant notre besoin le plus fondamental d'un vis à vis responsif se trouverait insatisfait.
nombre d'indices suggèrent que la libido décline dans la société contemporaine si bien que certains parlent déjà d'une ère post émotionnelle et post sexuelle (Irène Berkel).
Mais des indices plus nombreux encore montrent que la frustration et la dépression augmentent en même temps que la déception qui s'exprime aussi politiquement , à l'égard du fait que la vie ne tient pas ses promesses, que la société moderne n'apporte pas ce que nous avions espéré: précisément ce que revendiquent les citoyens partout en colère, furieux avant tout.
Une critique de notre propre désir pourrait constituer une issue pour sortir du labyrinthe d'une société d'accroissement sans résonance.

#Le retour de l'indisponible sous forme de monstre :
Les processus de mise à disposition du monde ont un revers aussi puissant que paradoxal : à bien des égards, le monde de la vie dans la modernité tardive devient de plus en plus indisponible, opaque et incertain. Avec plus conséquence le retour de l'indisponibilité dans la vie concrète, mais sous une forme modifiée et angoissante comme une sorte de monstre que ce serait créé lui même.
Des choses dont nous avons pu disposer pendant des siècles se retrouvent brutalement hors d'atteinte : des serrures que nous ne pouvons plus ouvrir, des lumières que nous ne pouvons plus éteindre, des ordi au comportement totalement erratique, des mails qui n'arrivent jamais ou disparaissent, des tv qui s'allument tout seul...
La complexité technique n'est pas la seule à engendrer l'indisponibilité pratique, la complexité et la vitesse des processus sociaux provoquent elles aussi de l'indisponibilité.: le cours de la vie jusqu'alors prévisible, planifiante et au moins partiellement aménageable devient une course sur les vagues, aussi erratique qu'indisponible.
La disponibilité de principe transforme l'indisponibilité pratique en un montre inquiétant car les monstres sont des menaces qui nous guettent en permanence, mais que nous ne pouvons pas voir, ni rendre disponibles.
Des actes relevant du quotidien comme cuisiner, marcher, faire l'amour, chauffer, aérer le pièces, dont nous avons disposé en toute confiance pendant des siècles et qui étaient une source permanente de relation auto-efficace deviennent soudain des motifs d'incertitude et d'impuissance.
L'indisponibilité issue des processus d émise à disposition produit une aliénation radicale.Le programme moderne d'extension de l'accès au monde , qui a transformé ce dernier en un amoncellement de points d'agressions, produit donc de deux manières concomitantes la peur du mutisme du monde et de la perte du monde : là où tout est disponible d'une nouvelle manière, nous ne pouvons plus l'entendre parce qu'il n'est plus atteignable.

mardi 15 septembre 2020

Lexique 240 : La cuisine

"La cuisine italienne est résolument conservatrice. Elle le revendique.(...)La mondialisation ne l'a quasiment pas touchée.(...) Quand tout le monde veut changer les règles du jeu, les italiens revendiquent, eux , un idéal d'authenticité.
in Venise à double tour, Jean Paul Kauffmann, Folio, 2020.

lundi 14 septembre 2020

Dans la Pub 21

 


vendredi 11 septembre 2020

Commentaire 57 Rendre le monde disponible 1/2

La neige est littéralement la forme pour la manifestation de l'indisponible :nous ne pouvons pas entrainer sa chute  ou dicter sa venue, pas même la planifier à l'avance avec certitude.
Le drame du rapport moderne au monde se reflète dans notre rapport à la neige  comme dans une boule de cristal . L'élément culturel moteur est cette l'idée de rendre le monde disponible alors que la vitalité , le contact et l'expérience naissent de la rencontre avec l'indisponible.
La vie s'accomplit dans l'interaction entre ce qui est disponible et ce qui tout en restant indisponible pour nous , nous regarde pourtant.
Pourquoi les gens vont-ils au stade? continuent -ils à regarder des maths à la tv ? Parce qu'ils ne savant pas comment ça se finit.
L'hypothèse d'Harmut Rosa est que les membres de la modernité tardive vivent sur tous les plans -individuel, culturel, institutionnel et structurel  - la mise à disposition du monde , le monde nous fait faire face sous forme de point d'agression , c'est à dire d'objets qu'il s'agit de connaître,d'atteindre , de conquérir , de dominer ou d'utiliser et c'est précisément en cela que la vie ce qui constitue l'expérience de  la vitalité et de la rencontre - ce qui permet le résonance- , que la vie donc semble se dérober , ce qui  à son tour débouche sur la peur, la frustration, la colère et même le désespoir ,qui s'expriment ensuite entre autres  dans un comportement politique impuissant fondé sur l'agression.

# Le monde comme point d'agression : 
Pour les sujets de la modernité tardive le monde est purement et simplement devenu le point d'agression : tout ce qui apparait doit être connu, dominé, conquis, rendu utilisable .
Dans notre rapport au corps , tout ce que nos en percevons a tendance à être placé sous la pression de l'optimisation: poids, rides, tension, glycémie...
Dans notre vie , il s'agit d'escalader des montagnes, de réussir des examens, de progresser dans la carrière...
La vie quotidienne se concentre et épuise de plus en plus dans le traitement de to do lists exponentielles . N'en at-il pas toujours été ainsi ?
Cette normalisation d'un rapport agressif au monde est le résultat d'une formation sociale qui s'est développée sur tous siècles , formation qui se fonde structurellement , sur le principe d'une stabilisation dynamique , culturellement sur celui d'une augmentation continuelle de sa portée.
Depuis le XVIII° siècle s'accomplit à tous les niveaux de la vie institutionnelle de la modernité occidentale, une mutation structurelle à la suite de laquelle la structure institutionnelle fondamentale ne peut plus être maintenue que par une augmentation constante.
Une société est moderne si elle n'est en mesure de se stabiliser que de façon dynamique ,c'est à dire si elle a besoin pour maintenir son statut quo institutionnel de la croissance (économique), de l'accélération (technique) et de l'innovation (culturelle) constante.
Parce qu'elles ne peuvent se stabiliser que sur le mode de l'accroissement, les sociétés modernes sont structurellement et et institutionnellement contraintes rendre toujours plus de monde disponible, de la mettre à la portée par la technique , l'économie et la politique.
La peur du décrochage et la promesse de l'extension de notre accès au monde sont ainsi les deux faces principales qui guident nos vies.
Ce qui importe dans la vie c'est de rendre le monde atteignable.
Nous sommes contraints structurellement et poussés culturellement à faire du monde le point d'agression; il nous apparait comme ce qu'il convient  de savoir, d'explorer, atteindre, de s'approprier, de maîtriser et de contrôler.

# 4 dimensions de l'indisponibilité :
Ce n'est pas un processus homogène mais constitué de 4 dimensions :
- Rendre disponible = rendre visible , étendre notre connaissance à ce qui est là
- Rendre disponible = rendre atteignable ou accessible (lune en fusée)
- Rendre disponible = rendre  sous contrôle un fragment du monde (innovations techniques)
- Rendre disponible = rendre utilisable ou mettre en service, ce qui est là est transformé en matériau  (politique et promesses électorales)

# Le revers paradoxal : le recul énigmatique du monde :
Sa thèse est que non seulement ce programme de mise à disposition du monde ne fonctionne pas , mais il bascule en son contraire : le monde semble de plus en plus se dérober et se fermer à nous de façon mystérieuse.
Il se révèle à la fois menacé et menaçant et donc au bout du compte il apparait   indisponible.
La perte du monde serait la peur fondamentale et élémentaire et constitutive de la modernité.

# Le monde comme point de résonance :
L'accomplissement culturel de la modernité est précisément d'avoir perfectionné l'aptitude humaine à mettre le monde à distance et à y ouvrir un accès permettant de la manipuler.
Cette forme de relation au monde agressive et créatrice semble primordiale.
L'agression comme relation au monde devient problématique à partir du moment où elle se transforme en mode fondamental de toute manifestation de la vie parce qu'elle méconnait le fait que sujet et monde ne se présentent pas d'emblée comme deux entités indépendantes mais qu'ils émanent d'abord de leurs interactions et de leur attachement mutuel.
Le fondamental n'est pas de disposer des choses mais d'entrer en résonance avec elles ; un mode de relation avec 4 caractéristiques : 1/le moment du contact 2/ le moment de la réponse 3/ le moment de la transformation 4/le moment de l'indisponibilité.
Les effets de transformation d'une relation de résonance échappent constamment et inévitablement au contrôle et à la planification du sujet : on ne peut ni les calculer, ni les maîtriser.
Cette relation s'inscrit donc dans un rapport de tension fondamental avec la logique sociale de l'augmentation et de l'optimisation incessante.
La modernité est portée, poussée à rendre le monde à tout point de vue calculable, maitrisable, prévisible et disponible .
La résonance elle ne se laisse pas rendre disponible : la réside la grande source d'agacement , sa contradiction fondamentale , ce qui produit des variantes toujours nouvelles, des citoyens en colère.

mercredi 9 septembre 2020

Lexique 239 : L'injustice

"Mais il est vrai que je n'arrive toujours pas à croire que l'on parviendra un jour à changer le cours des choses. Vaincre l'injustice, supprimer la misère, établir l'égalité entre tous... Il faudrait changer le hommes d'abord pour qu'ils renoncent à dominer, à profiter des autres , à faire souffrir...Et cela, je ne crois pas que que ce soit possible ."
in Dans l'ombre du brasier, Hervé Le Corre, Rivages/Noir 2020.

jeudi 3 septembre 2020

Commentaires 56 Réparons le monde

Un très beau livre qui traite de notre capacité à relever le défi climatique avec plusieurs approches pas forcément très nouvelles mais bien ficelées pour proposer un socle de juridique, philosophique et narratif nécessaires à sa mise en oeuvre.
Un concept central : la réparation du monde ou comment apprendre à habiter la terre en cohabitant avec les autres et en sortant de la logique destructrice.
Son point de départ : un constat plus que partagé d'un  monde abîmé, en plein désordre , les êtres divisés entre eux et en eux mêmes.
Le risque majeur : aggraver ces désordres en se résignant à une dérégulation contenue dans notre modèle de développement actuel ou en s'appuyant sur une idéologie s'abstrayant de la démocratie.

#Le concept de réparation du monde issu de la kabbale, de Issac Louria, signifie que c'est à partir des étincelles de lumière répandues ça et là dans l'univers , dans les âmes des humains, dans les animaux, dans les choses, que nous pouvons reconstituer les vases qui se sont immédiatement brisés après la création.Ces vases qui ont recueilli et réfléchi la lumière divine n'ont pas supporté son intensité.Notre responsabilité est de rechercher ces morceaux éclatés pour y retrouver la vérité qui nous est accessible seulement de manière imaginaire.
Toute crise qu'elle soit personnelle ou collective est toujours l'expérience de la rupture de l'unité.
Réparer le monde ne veut pas dire recoller les morceaux mais plutôt examiner attentivement chacun des éléments qui le composent pour en apprécier la valeur propre .
Réparer le monde n'est pas faire advenir soudainement une autre réalité mais savoir que, si des changements sont nécessaires ils se mettront vraiment en place plus tard.

J'ai sélectionné 4 thèmes qui m'ont semblé particulièrement intéressants :

#La cause animale aujourd'hui : les violences infligées aux animaux ne suscitent pas seulement des pbs moraux mais aussi d'injustice : nous nous sommes octroyés une souveraineté absolue sur des êtres sensibles dont les besoins éthologiques et la subjectivité devrait limiter notre droit de les exploiter comme bon nous semble.
Nous utilisons des stratégies de défense psychologique comme le déni, le clivage, la rationalisation afin de nous protéger des sentiments négatifs que la maltraitante animale  et la dégradation de la planète suscitent en nous.
La question animale est stratégique : elle nous oblige à examiner de manière critique les catégories ontologiques que servent à penser les différences entre les humains et le animaux et sont au fondement de notre éthique et de notre droit.
Au lieu de faire de la cause animale un ilot éthique , il importe qu'elle est indissociable d'une interrogation globale sur notre habitation de la Terre  et qu'elle est même le chapitre central d'un projet visant à opérer une transition globale vers un modèle de développement écologiquement soutenable et plus juste.
Déterminer les règles de cohabitation en très humains et animaux qui ne soient pas au seul bénéfice des premiers.
La prise en considération de notre finitude , la conscience de la communauté due destin nous unissant aux autres vivants change aussi le régime de notre affectivité, c'est à dire nos évaluations, nos émotions, nos désirs et nos comportements.
Ainsi la cause animale s'inscrit dans un vaste mouvement qui se caractérise par la réhabilitation de la vulnérabilité, la prise en compte de notre finitude et des limites planétaires et pas l'ouverture à l'altérité qui est la reconnaissance de la positivité de la différence.

#L'éthique des vertus
Le dernier volet du combat en faveur de la cause animale consiste à encourager l'acquisition de traits moraux  qui conduisent les individus à percevoir le respect envers les autres êtres vivants  comme une composante du respect d'eux mêmes .
La conscience d partager la Terre avec les autres vivants et d'avoir une communauté de destin avec les animaux qui comme nous sont vulnérables devient une évidence quand nous nous percevons comme des êtres charnels et engendrés. Nous ressentons alors le lien profond nous unissant aux autres faits de chair et de sang.
Les changements de style de vie qui s'ensuivent ne sont pas vécus comme des sacrifices mais ils s'imposent d'eux mêmes et engendrent un sentiment d'accomplissement de soi.ainsi le fait de s'abstenir de chair animale ou de réduire drastiquement sa consommation d produits animaliers va  de pair avec la recherche stimulante d'alternatives végétales et avec le plaisir de cuisiner.
L'animalisme est aussi un humanisme !

L'expérience de la transcendance : en ressentant mon appartenance au monde commun  qui m'accueille à ma naissance et me survivra à ma propre mort, j'élargis la sphère de ma considération et intègre au coeur de mon bien être  l'intérêt des autres humains et non-humains.

#Ecologie et démocratie
L'écologie est un défi pour la politique et la démocratie car elle impose de tenir compte à la fois des normes écologiques et de la souveraineté du sujet.
Les normes seules sont incapables d'induire les comportements requis pour opérer la transition environnementale.Il convient donc de s'intéresser à ce qui fait que les personnes reconnaissent le bien-fondé des normes environnementales  et éprouvent du plaisir à agir écologiquement responsables.
La capacité à admirer la nature se nourrit de cette connaissance de soi qui change le regard que l'on porte sur les autres formes de vie.
Les styles de vie et les affects sont les conséquences et non les causes d'une transformation du sujet lé à un processus d'individuation qui ne concerne pas seulement le choix des biens mais implique aussi un rapport au tout.
Le lien entre humilité et la capacité des individus à éprouver de la gratitude , à s'émerveiller de la beauté de la nature et des autres vivants est manifeste : le rappel à sa condition terrestre dispose à la compassion envers les autres vivants, alors que le sentiment d'être le roi justifie l'arrogance et l'humiliation.
La considération (#respect) suppose non seulement la connaissance de soi et de sa place mais aussi une juste estime de soi et ce que les Anciens appellent la magnanimité.Elle suppose également une expérience de l'incommensurable par rapport à laquelle le sujet éprouve sa finitude et perçoit sa juste place dans le monde.

#Elaborer un récit de coopération pour réussir la transformation
Si la prise de conscience de la nécessité de la transformation écologique est de plus ennuyant plus forte comment explique le décalage entre la théorie et la pratique ?
Il faut d'abord reconnaitre que la transition écologique n'a jamais été présentée comme un projet global  de reconstruction sociale et politique pouvant susciter l'espérance des individus  et donner du sens à leur existence.
La plupart du temps elle apparait comme un fardeau et non comme une entreprise de réparation du monde à laquelle chacun pourrait prendre part. Seuls les efforts et les sacrifices immédiats qu'il demande sont perçus , ce qui ne motive guère les personnes à changer leurs habitudes de consommation et leurs pratiques .
La prise en compte du défi climatique nécessite d'articuler trois dimensions de l'écologie : l'écologie environnementale  qui s'attache à la dégradation des ressources, l'écologie sociale qui pose le problème de l'organisation du travail et l'écologie mentale qui renvoie le sujet à son expérience vécue.
N'étant pas suffisamment équipés sur le plan psychique pour faire face au changement , supporter les pertes et commuer la peur de l'effondrement en une résolution à agir de manière concrète et concertée , nous avons privilégié les comportements court-termites et  l'égoïsme , négligeant les ressources de la coopération et ne nous donnant pas les moyens d'innover.
L'ignorance n'est pas la cause principale de cette incapacité et les connaissances ne suffisent pas non plus à générer les changements individuels. et collectifs qui sont nécessaires.
Le processus de transformation de soi comprend deux volets :
- le 1er qui conditionne autonomie morale et émancipation suppose que chaque individu prenne de la distance à l'égard des représentations de la vie réussie qu'il a reçue et qui parfois aliènent.Il s'agit d'accéder au pouvoir d'affirmer ce à quoi il tient.
- Le second volet renvoie à l'élargissement  de la sphère de sa considération morale qui implique que l'horizon de ses pensées et de ses actes soit le monde commun et pas seulement son bien être, celui de ses proches ou même la prospérité de son pays.

mardi 1 septembre 2020

Citation 106 : J.M.G Le Clézio


"La guerre n'avait pas changé grand chose dans ses habitudes. Pour les petits enfants, c'est plus difficile."
in Chanson bretonne, J.M.G Le Clézio, Gallimard, 2020.