Accélération : ou comment définir notre monde post moderne par une transformation du temps
Commentaires sur le livre de Hartmut Rosa, sociologue et philosophe allemand, auteur de Accélération La Découverte 2011.
Parce que la notion de savoir qui l'on est , s'avère inséparable d'une interprétation qui l'on était et de qui l'on sera ou bien de ce que l'on aimerait devenir.
La question est de savoir quelles sont dans la société de modernité avancée, les conséquences du changement social observé par les analyses de la mondialisation ou de la postmodernité sur les formes de subjectivité ?
L'augmentation quantitative d'un principe fondamental constitutif de la modernité peut elle aboutir - et dans quelle mesure - à une transformation qualitative du rapport à soi ?
En quoi la fluidification et la dynamisation de l'identité de la modernité classique se distingue -t-elle de celle de la modernité avancée ?
#La modernité classique apporte une transformation du rapport à soi et du rapport au monde sous la forme d'une individualisation qui entraine une temporisation de la vie : le sujet voit sa vie comme un projet à organiser.
Le même processus de dynamisation dans la modernité avancée engendre une définition situative de l'identité à partir d'une perspective de vie détemporalisée.
#Dans les sociétés traditionnelles , l'identité sociale des sujets était établie et prédéfinie de l'extérieur; la tradition et la Religion assignaient sa place à l'individu prémoderne; religion, orientation politique, lieu d'habitation, métier lui sont donnés, il ne les choisit pas.
Les rapports à soi ou à l'identité ne font l'objet d'examens introspectifs qu'à la suite du tournant réflexif, en particulier de la Réforme.
- Par la suite l'individualisation désigne le processus moderne d'apparition d'alternatives effectives par rapport à l'action et à la vie : le définition de qui l'on est n'est plus donnée de l'extérieur,mais dépend de plus en plu de la façon dont on organise sa propre existence; l'individualisation signifie avant out la possibilité de choisir soi même les rôles et partenaires fondamentaux de l'identité (métier, conjoint, communauté religieuse);
Une conception standard de la biographie s'installe petit à petit et prévoit un programme en trois parties pour les domaines de la vie professionnelle (formation, activité, retraite) et de la vie familiale (enfance au foyer, nouveau foyer avec les enfants, 3ième âge après départ des enfants).
A la fiabilité des institutions sociales correspond la stabilité de l'identité individuelle qui se déploie tout au long de la vie.
La maxime de l'homme moderne est : trouve ta propre place dans le monde.
Mais ce processus de définition de l'identité n'a lieu qu'une fois : changement de métier, divorce ou conversion religieuse sont possibles mais sont des exceptions.
La révision ou la conversion de l'identité restent des possibilités mis plutôt explorées en cas de crise.
- Dans la modernité tardive il s'agit constamment de trouver un équilibre entre continuité et cohérence.On voit s'opérer une fluidification de l'identité personnelle stable au profit de projets personnels ouverts, souvent fragmentaires et fondés sur l'expérimentation.
L'individualisation signifie alors l'augmentation des possibilités de choix et du degré de contingence dans l'organisation de sa propre biographie. Augmentation qui prend la forme d'une combinatoire plus libre et de possibilités de révision plus aisées des composantes de l'identité.
Les composantes de l'identité peuvent à tout instant être révisés du fait du propre choix du sujet ou d'une décision prise par d'autres.
Les âges de la vie cessent d'être étroitement liés à des activités spécifiques : formations, mariages, changements de métier se font à tout âge , ou presque.
Cela entraîne une perte de prédicitbilité : il n'est plus possible de définir qui est une personne à partir d'un modèle d'ordre social et culturel déterminé
L'identité devient ainsi transitoire et elle se transforme selon un rythme intragénérationnel.