"Est ce que ce monde est sérieux ?" chantait Francis Cabrel , il y a quelques années, en décrivant les impressions et incompréhensions d'un taureau, un jour de corrida.
Aujourd'hui cette question surtout posée par les plus jeunes revient souvent : "Sérieux ?" ou "t'es sérieux là ? "ou encore "t'es pas sérieux ?"
Alors bien sur, on peut tout d'abord y voir une simple demande de précision : on isolerait ainsi un propos dans un flux d'échanges apparemment sans importance, dont l'ambition principal, semble être de se maintenir en connexion comme savent le faire très bien les ados, en face à face ou par l'intermédiaire de leurs prolongements socio-techno (sms, réseaux..) ; on l'isolerait de ce bavardage extraverti, d'échanges qui cherchent tout leur sens, leur pertinence, s'essaient et se testent , on l'isolerait parce qu'il sonnerait différemment, semblerait plus important, plus pertinent que les autres ; on l'isolerait pour en préciser peut être le sens mais surtout l'intentionnalité : est ce que la personne a bien voulu dire ce qu'elle a dit.
Car à coup sur si cette intentionnalité se vérifie, ma perception de cette personne ou de mes relations avec elle vont en être affectées. Cette réponse va peut être même conditionner le devenir de notre conversation en installant un nouveau contexte, une nouvelle donne, largement au delà de ce à quoi je pouvais m'attendre en démarrant la conversation.
De là à se demander, comme le taureau, si le monde est sérieux?