C'est durant l'hiver 1977-78 qu'Alexandre Soljénitsyne, alors réfugié depuis deux ans aux Etats Unis prononce ce discours à l'Université de Harvard. Un simple discours prononcé devant des étudiants pour clôturer l'année, une bombe en réalité qui allait marqueront distance définitive entre l'ancien prisonnier du Goulag et l'intelligentsia occidentale.
Une bombe car il annonce clairement mais fortement que l'occident dominant et triomphant, cherchant à exporter son modèle à la planète entière repose, en réalité , sur une idéologie totalement dépassée, épuisée . Une sorte d'anti modèle reposant sur un humanisme sans limite, confondant le droit et la moral , ayant éliminé toute figure héroïque , toute notion de courage, toue place à la spiritualité pour une illusoire jouissance éternelle.
Il prônerait une stabilité infinie de l'histoire, montrerait chaque jour son incapacité à se remettre en question à accueillir des nouveaux courants de pensée, des nouvelles cultures et serait dès lors bien incapable de relever les multiples défis du futur . Ainsi bien incapable de se réinventer , il courrait le risque d'imploser au prochain conflit.
Une bombe vous dis-je !
Une bombe inaudible à l'époque, qui explique assez bien comment et pourquoi les intellectuels, plutôt conservateurs (!) se sont détournés de lui.
Une bombe qui en explosant dans l'atmosphère près de 45 ans après, nous éclaire sur beaucoup de nos difficultés dans un monde devenu multipolaires avec de nouvelles puissances, de nouvelles idéologies et toujours notre difficulté à nous projeter sur une future période , nécessairement différente où la spiritualité devra prendre sa part pour que l'homme retrouve un peu de dignité et de capacité à vivre en harmonie avec la nature ; notre difficulté à le penser et aussi le manque de courage de le mettre en oeuvre.
Un petit livre mais un grand discours!