Lancés dans leurs vie à 4-5 ans d'intervalle, ils en seront t ressortis, presque en même temps (à 4-5 jours près), après un marathon de plus de 90 ans pour entrer en même temps au Paradis de la Pop Culture.
Pourtant tout les séparaient : le pays, le genre, la famille ou la condition mais ils eurent cette part de destin commun : celui de devenir une icône avec une notoriété et une image que rien ne laissait présager à leurs débuts , si ils n'avaient su rencontrer leur époque . Et c'est ainsi que par leurs efforts ,mais aussi un peu malgré eux, leurs trajectoires se sont croisées.
JLG est issu d'une famille bourgeoise suisse; il vient à Paris à la fin des années 40 pour faire du cinéma. et rencontre très vite Truffaut, Rivette, Chabrol pour former la bande des jeunes Turcs , qui sera à l'origine de la Nouvelle vague. D'abord critique, il devient, très jeune, metteur en scène pour réalises ses premiers films ,devenus culte comme : Le Mépris, A Bout de souffle , La chinoise, liste non exhaustive. Sa carrière se poursuit ensuite dans les années 70-80 par une succession de films expérimentaux et engagés (groupe Dziga Vertov) de moins en moins accessibles au grand public il faut bien le dire.
Mais c'est justement ce personnage de plus en plus intellectuel et vertical , à la fois théoricien et moraliste , qui à mesure qu'il s'éloigne des plateaux et des salles obscures va rencontrer le snobisme d'une époque pour en devenir l'égérie. Attention il ne s'agit pas ici de critiquer l'oeuvre de JLG mais simplement de souligner ce processus distorsion, de détachement disproportionné entre l'homme, son image, qui va le transformer en égérie pop intemporelle. Ainsi je prends la pari que dans 20 ou 30 ans les jeunes porteront des tee shirt de JLG avec chaque, rayban et cigare comme nous nous portions l'image du Che, de Bob Marley ou de Groucho Marx.
C'est dans les années 80, au moment où la marmite mittérandienne transformant le réel et son tragique en moment culturel et magique, tournait à plein, que l'alchimie va s'opérer. Sous les auspices de Jack Lang, le Grand Magicien les différents aspects de la vie vont progressivement se transformer en culture. Une nouvelle Croyance du "il n'y ait de problème qui ne résoud par la culture" va même naître et désigner ses grandes figures pour crédibiliser le message. JLG en fait très rapidement parti et il faut bien dire qu'il a tout pour lui. Artiste qui fait mais qui surtout discourt sur son Art . Sa renommée et son influence intellectuelle deviennent alors presque sacrées et malheur à celui qui... A la mort de François Truffaut , boss , reconnu par ses pairs comme tel, de la profession, JLG refuse de prendre l'habit pour se réfugier dans son studio dont il sortira de moins en moins.
Nouveau paradoxe : c'est en raréfiant ses prises de parole et en envoyant de manière sporadique quelques cartes postales, qu'il continuera à entretenir à bas bruit, son image d'icône.
Pour E2 l'itinéraire est tout autre et tellement connu , qu'il est inutile de le rappeler ici.
La reine au règne le plus long , 70 ans ( derrière Louis XIV 73 ans) avait fort bien commencé par un couronnement en couleur et surtout le premier événement retransmis à la tv en direct et en mondovision. La notoriété de la jeune Reine fut planétaire et immédiate. On ne pouvait faire mieux comme publicité pour installer de une nouvelle icône et aussi une nouvelle marque .
Elle allait développer son image et sa réputation durant les années 70-80, malgré une période de transformation sociale et économique très dure pour la Grande Bretagne. Une recette fut petit à petit mise au point : laisser la politique et son impopularité à ses premiers ministres pour se positionner comme garante de l'unité du Royaume et de la cohésion du Commonwealth. Mais la gestion ratée du drame de la princesse Diana allait lui coûter très cher et créer une véritable rupture d'image . Il lui fallut près de 20 ans pour remonter la pente à coup d'apparitions aussi discrètes que préparée, de tenues aussi originales que bigarrées et surtout d'un silence partout propagé. Ses humeurs , ses émotions , ses réaction à la politique de son pays , on pense au Brexit , ou aux frasques familiales , on ne les connaitrait plus. Ainsi se rebâtit sa popularité : silence, gentillesse et soutien. Son maître mot durant le Covid résume tout : "Il nous faut tenir". De la discrétion donc mais aussi de bonnes campagnes de presse ou une série TV comme "The Crown" pour maintenir une notoriété , qui ne se maintient jamais sans effort.
Jusqu'au bout ces deux icônes auront tenu leur rang de grand professionnel de la mise en scène de leur propre vie et donc aussi de leur fin de vie . JLG en décidant , organisant et faisant connaitre sa fin de vie par suicide volontaire comme la loi helvétique le permet. E2 en réglant ses obsèques et leur cérémonial dans leur moindre détail comme le protocole l'y oblige. Ainsi soit -il !