J'ai souvent apprécié les livres de Michel Maffesoli même si je ne partage pas toujours les outrances des partis pris ou sous entendus politiques qu'il véhicule . A partir d'une solide culture sociologique et philosophique , il s'est construit sa grille de lecture et s'avance , livre après livre dans une analyse de ce qui fait notre société contemporaine, tant dans son organisation de pensée , de pouvoir que dans ses contre- manifestations , ses signaux faibles que l'on entend de plus en plus depuis les gilets jaunes , le Covid.
Ici, il s'agit de partir des peurs qui ravinent de plus en plus l'ordre établi de notre société pour démonter la "tyrannie médico-politique qui s'exerce derrière au moyen d'une stratégie de la peur". Il en vient tà parler de "totalitarisme doux" pour qualifier une politique qui vise à tout prix à éradiquer la maladie sans toujours prendre soin du malade, du moins de sa personne.
Il rapproche volontiers Esprit des Lumières et Terreur comme d'autres Weimar et Buchenwald pour signifier comment à partir du totalitarisme , le pouvoir voit du complotisme et tente de museler la liberté d'expression.
Mais ce qui l'intéresse vraiment c'est "ce qui est en train de cesser, ce qui est en train de naitre".Depuis longtemps , il l'annonce une renaissance est en cours . Elle marquerait la fin de l'ère moderne , celle du progressisme , d'abord ancré dans le religieux , puis dans un matérialisme de plus en plus individualisé qui marque son échec. Et l'arrivée d'un monde multipolaire, que ce soit en termes géopolitiques ou dans l'ordre de la socialité , appelant le retour du spirituel et l'avénement d'une harmonie conflictuelle rappelant que le bien et le mal , la vie et la mort , s'interpénètrent continuellement .
Notre période troublée rappellerait celle de l'an 1000, des grandes peurs millénaristes, celle du XVème siècle et de la guerre de 100 ans ou celle du XVIIème , toutes ces périodes intermédiaires, qui connurent épidémies , famines et guerres, un avant regretté et un après renaissant.
"Ainsi le pouvoir a pu jouer sur la crainte de l'enfer et du purgatoire mais depuis la philosophie des Lumières, il s'est employé à sauver le monde à la place de Dieu."
"Les périodes de troubles sont des moments dans lesquels s'élaborent secrètement de grandes choses."