samedi 26 novembre 2011

Lexique 100 : Apocalypse now


"L’Amérique, une certaine Amérique, est mourante. Mon idée, mon rêve peut-être, c’est que nous sommes à la veille d’un changement incroyable, le plus grand de l’époque moderne et que, dans huit ou dix ans, nous ne vivrons plus dans le même monde. Les Etats-Unis vont mourir mais le pays est si riche, si divers avec ses populations venues de partout, qu’il renaîtra de façon magnifique. Mais il ne s’agira plus des Etats-Unis. […]"
Francis Ford Coppola (Libération 2oct 1979)

mardi 22 novembre 2011

Expressions (14) La sémantique ,frein du changement

Do you speak fluently the new marketing and advertising language?


Une étude récente intitulée «Au-dessus de tout soupçon», porte sur les freins au changement. Elle révèle, très classiquement, des commentaires sur le consommateur, la stratégie… ainsi qu’une réflexion intéressante sur la nécessité de s’adapter. Une adaptation qui concerne tous les sujets y compris celui de notre langage.

Et si notre langage parfaitement maîtrisé mais conçu pour un monde bien ordonné, était obsolète par rapport aux situations de désordre et de plus en plus imprévisibles que nous vivons? Avec pour conséquence le dérèglement des plans les plus solides.

Dès lors, le questionnement de la sémantique que nous employons est crucial. Car, comme le souligne les propos de sémioticiens tels Alain Etchegoyen: «dans un monde imprévisible, il nous faut nous habituer à réemployer des mots bannis de notre langage. Il nous faut réinventer une sémantique qui soit dans la mobilité, l’adaptation, un changement permanent».

Les mots que nous avons inventés dans les années 30/40, pour fabriquer le monde dans lequel nous vivons, sont issus d’une volonté de penser que tous les problèmes pouvaient être résolus par le schéma organisationnel et le calcul. En d’autres termes par la logique... La domination du monde était possible. Ainsi les termes, prévision, déduction, planification, optimisation, modélisation, sont issus de cette illusion. Et, mélangés les uns aux autres, ils ont formé la base des théories rassurantes encore employées actuellement.

La sémantique «immobilisante» du monde de l’ordre, du monde «bien rangé».

C’est une obsession naturelle que de voir ou imaginer que tout est bien rangé. Or, l’ordre implique l’immobilisme des choses. Certes, la réflexion marketing et communication, apprécie que tout soit bien à sa place, car les raisonnements sont facilités. Si par exemple, on emploie l’expression «photo du marché», c’est simplement parce que ce terme fige le marché sur un «mapping» où les marques y sont bien rangées, permettant ainsi une meilleure analyse. Mais l’artifice est bien réel. Car, entre temps, la situation dans la réalité a déjà évolué et par conséquent, sa synthèse aussi.

Preuve que les mots de la sémantique «immobilisante» auxquels nous avons recours, nous rendent aveugles par rapport à la réalité en mouvance perpétuelle. Mais, il est tellement plus facile de raisonner en pensant que le monde obéira à nos injonctions sémantiques «immobilisantes», qui permettent de tracer des routes sûres.

Positionnement, héritage, territoire, ADN, ancrage, capital de marque...et puis osons le dire, «stratégie à long terme»… sont les mots de l’immobilisme… et du monde de l’ordre. Résultat? Nous vivons une sémantique lourde, d’ancrage profond, au moment où les marques ont plus besoin de devenir des hors bord que des paquebots. La marque semble vivre dans un espace clos… pour la vie, et les conditions de marché sont suffisamment linéaires, pour garder le même cap à long terme. Or, il est urgent d’admettre une bonne fois pour toute que les marchés sont en désordre et mal rangés.

Le langage de la rue «déconditionné» des normes professionnelles, invente une sémantique adaptée au nouveau monde d’aujourd’hui: on clique, on surfe, on zappe, on glisse… Allo a été remplacé par «téou». Deux langages s’affrontent, celui de la rue, qui a compris le monde mobile et celui de l’entreprise qui est inhibé, immobile mais qui, à priori, rassure.

L‘entreprise doit, à son tour, comme les citoyens, reconstruire sa sémantique, en réintégrant les mots ignorés voire bannis au motif qu’ils ne font pas partie des conventions de langage.

Les choix ne manquent pas: flexibilité, réactivité, mobilité, adaptation, localisation de la pensée et des actions, réflexion rapide (alors qu’il faut «donner du temps au temps»), par hypothèses et expérimentations successives (cf le marketing de l’expérimentation et des hypothèses pratiqué par les entreprises du web), ruse et même habileté comme celle des grands chercheurs devant un problème inconnu. Cependant, entre habileté et intelligence, nous avons choisi la seule et unique intelligence, c’est plus valorisant! Osons parler d’intuition, d’opportunisme, de stratégies à court terme et reconnaître que désormais le succès du long terme repose sur une suite d’étapes à court terme réussies et sources de succès…

C’est une évidence, il faut changer, s’adapter, mais aussi apprendre à parler «fluently» le nouveau langage du marketing et de la communication. Alors oui à l’ère de l’imprévisible: celui du 21ème siècle.

Michel Hébert dans Influencia 3/11/2011

samedi 19 novembre 2011

Lexique 99 : Mensonges


"Quand le change ment "
Raphael Einthoven imitant Lacan

mardi 15 novembre 2011

Saint Agustin : changer sa vie



Texte publié en août 2011 dans le Journal La Croix

«C’était ma vie, mais était-ce la vie ? », s’interroge Saint Augustin au livre trois de ses aveux (Les Confessions). Il y revient au livre douze, avec le souhait étonnant de « ne plus être ma vie » (non ego vita mea sim). Et il ajoute : « J’ai mal vécu de moi » (male vixi ex me). Il nous propose ainsi, dès la fin du IVe siècle, une relecture étonnante d’une vie en quête de changement. Il est sans doute le premier auteur à avoir posé aussi directement et intimement la question d’une nouvelle orientation de l’existence, comprise littéralement comme un changement du rapport à soi, comme une transformation du « vivre soi ».

Ce qui était d’une remarquable nouveauté et marquait une rupture dans la grande tradition de l’Antiquité, à laquelle appartenait Augustin, du souci ou du soin de soi. Sans doute faut-il rappeler et souligner que l’œuvre d’Augustin, ce Nord-Africain passé par les plus grands centres culturels de l’Empire (Carthage, Rome et Milan), est d’abord l’œuvre d’un migrant.

À la lecture des « treize livres de ses aveux » (ou confessions), qu’il rédigea probablement autour de l’année 397, une fois nommé évêque de Hippo Regius (Hippone la Royale, port méditerranéen de l’Africa Nova, province numide soumise aux Romains, et situé à trois kilomètres de l’actuelle Annaba en Algérie), on devine qu’Augustin se comprend très tôt, très vite comme un exilé. Il va d’ailleurs jusqu’à décrire l’acquisition du langage humain par l’enfant comme si ce dernier arrivait dans un pays étranger sans en comprendre la langue. Comme si l’enfant, dès son plus jeune âge, devait changer de perspective et s’adapter au monde étranger qui l’accueille.

Nous sommes en voyage en ce monde, des pèlerins marchant dans l’existence comme des étrangers en terre inconnue. Citoyens, écrit-il, d’une « terre du manque ». Changer « le vivre avec soi » sera la grande aventure de ce migrant qui inventera pour cela un acte de parole étonnant, là encore en dissidence de la culture antique dominante : l’acte d’avouer sa vie. Chez les Grecs et les Romains, la confessio n’a pas sa place si ce n’est dans les prétoires. Mais Augustin en fait l’acte, à la fois intime et public, de dessaisissement de soi. L’acte d’un changement de perspective.

On a souvent assimilé la confession à un examen minutieux et violent de soi, mais l’aveu augustinien consiste moins à rétablir un équilibre ou à retrouver un état perdu qu’à trouver les forces du changement de soi. Ce qui surprend, très vite, à la lecture des aveux d’Augustin, c’est bien cette volonté de saisir le changement, sous la forme d’un appel. Il y a bien, dit-il, un lieu en moi où peut arriver quelque chose, où peut se faire entendre une voix autre.

Cet événement, Augustin le nomme d’emblée : c’est Dieu. Dieu est celui qui appelle en moi. Dieu est cet événement de l’appel malgré moi. Des ses aveux, Augustin tirera un mouvement intérieur et littéraire qui, partant de la dispersion et du déchirement de la vie, conduit à l’unité et au centre. Il fait le récit de ses blessures pour écrire le chemin personnel qui conduit à un point d’invulnérabilité. « C’est en fuyant ma vie que je la cherchais », écrit-il au livre six de ses aveux.

Fredéric Boyer

Ecrivain

samedi 12 novembre 2011

Notes Congrès RH 1/11 : Le choc des générations


Les 5 et 6 octobre dernier, s'est tenu au Pré Catelan le Congrès RH 2011 , l'occasion de faire le point sur quelques unes des thématiques traitées dans ce Congrès et considérées comme importantes pour la fonction RH

Conference 1/11 : Le choc des générations par Carol Alain
Comment la problématique des générations se pose aujourd'hui en entreprise : la coexistence de 5 générations différentes dans notre société; les différences importantes des codes référentiels de ces générations; la fameuse génération Y; le nécessaire apprentissage d'un management/ style de communication adapté aux générations

On compte actuellement 4 générations :
- Nés vers 1930-40 : nos ancêtres, formatés sur la loyauté, ne jettent rien
- Nés après guerre aux années 60 : Baby boomers pourquoi ils travaillent le quanti est très important :25 ans d'expérience;c'est simple : va jouer ,va te coucher , mange pas de question; on attendait 30 ans pour recevoir une montre;ont peur de mourir et vieillir; achat si c'est lourd c'est bon
Retraite 60 ans.La finalité de la tache était visible, construire un pont
sens de la vie : devenir riche

- Née dans les années 60 70, la génération X;s'inscrivent sur le comment ;aiment les discours , conferencesterme:evasion,divertissement, famille sont très important:voudraient travailler 4 et être payes 5:reconnaissance de distinction: on garde les choses très peu longtemps
Rencontrer, rassembler plus souvent mais moins longtemps en trouvant de nouvelles formes;c'est compliqué : on parle on essaie de se comprendre;verticale la communauté est importante;parents ,église,état ; travaille avec le corps, malade du corps;prennent des rdv pour voir les gens; achat léger
Achètent les choses
Retraite 67
sens de la vie : temps libre


-Née dans les années 80-90 la génération y: reconnaissance de conformité;veulent être vus et reconnus tout de suite;un an c'est très loin;c'est complique plus encore,ils ont bcp appris en regardant leurs parents et bcp de questions;fatigue cerebrale ,stress;vie horizontale on fonctionne au cas pas cas;repères de plus en plus techno;leur parler moins longtemps mais plus souvent avec plus d'intensité;le réfèrent c'est les amis;travaille avec la tête; génération de stars valorises par les meres: besoin d'être valorises individuellement,serrer des mains; tout est circulaire,habitable, bons orateurs, ont peur de rien,sont a l'aise;aiment les émotions :j'ai besoin de vous'; leur parler avec son corps; se voient sans rdv
Générations virtuelles ,bop de célibat, tout se vit rapidement même l'amour.
Leur réalité est très financière
Par leurs outils digitaux une bonne ,une mauvaise expérience ça se sait très vite a l'extérieur de l'entreprise
Leur poser des questions pratiques dans les recrutements en fonction de leurs expériences;embaucher de l'enthousiasme c'est indispensable
Loue l'accès aux choses
Retraite 70 minimum : il leur faudra 1/3 de plus pour faire moins
Ils sont comptables de leur temps : pas de réunion longue, juste 2 ou 3 points
ils attendent une prime des leur entrée en poste car ils sont déjà endettes.
ils vont réagir très fort a l' emigration.
Ils vont être attentifs a la vérité : j'ai besoin de vous les 3 prochains mois; je ne sais ce qui se passera l 'an prochain ; je me suis trompe ,j'ai été maladroit ,je le dis.
La finalité n'est pas visible, plus difficiles a mobiliser
Grand intérêt pour être entrepreneur
sens de la vie : moi d'abord

Synthèse :
- Différences importantes entre x,y ? Oui et Non , c'est surtout que tout va plus de vite, dans le développement notamment;les jeunes n'ont plus le temps;ce qu'on fait nous a 50 ,ils le font a 25
Tout se fait plus rapidement. Dans les priorités
C'est les relations au travail qu' il faut adapter
- Les entreprises qui innovent sur les générations réussissent : l'inter generationnel clé de réussite
1960 : 4 situations stressantes par semaine; aujourd'hui 50 par jour.
Le métier du manager c'est de s'assurer que les relations se passent bienentre eux

Rien ne peut remplacer : merci Michel d'être avec nous aujourd'hui
Pb de carrefour : management masculin, employées femmes, clientes aussi.
Quand on parle de l'entreprise il faut parler d'eux

Obama a été élu par les jeunes qui ont vote pour la 1iere fois depuis 15 ans .Pas par l'anciennete ou l'expérience
Qui va voter en France en 2012?

En Espagne ,en Italie c'est pas qu'il y a pas de job mais plus personne veut travailler avec le corps,tout le monde avec la tête; encore pire en France ; beaucoup d'émigrations a venir

Retrait du collectif depuis les Baby boomers; on croit de plus en plus au geste individuel; nécessite de bien expliquer la différence entre le groupe et l'équipe, son rôle, son fonctionnement.

samedi 5 novembre 2011

Les nouveaux modèles de management indiens (2) : le modèle bagna



Quels sont les secrets du management à l'indienne ?
Pourquoi entend -on de plus en plus parler des méthodes indiennes de management, de leurs business school ?
Comment expliquer le développement le succès de nouvelles formes de business model liés à ses méthodes ?

L'India way of management a comme l'entreprise en Inde près de 2000 ans.
Ces 3 principaux modèles ont une vocation à se diffuser dans le monde entier.

3/ Modèle Bagna :

Le modèle du commerçant , celui de Mittal; date d'avant le capitalisme;
Il a évolué pour intégrer la notion de ROI .
Très important en Inde où tout s'autofinance.


Avec ses 3 modèles 850 millions d'indiens sont abonnés au téléphone.

jeudi 3 novembre 2011

Chinafrique ou Indiafrique ? (3)


La Thèse Jean Joseph Boillot est que les point communs plus nombreux entre Afrique et Inde devraient de plus en plus accélérer leurs modes de coopération dans les années futures.
Ce sont les cartes et la démographie qui l'expliquent en grande partie.
1/ L'évolution de la population :
- La Chine a fini sa transition démographique et voit sa population régresser au point où il lui faudra trouver des alliance s en Asie (Corée, Vietnam..)
- l'Inde est toujours dans sa 1ière transition : il y a déjà plus d'Indiens que de chinois.
-l'Afrique démarre à peine sa 1ière transition et elle pourrait durer 80 ans
Les 3 courbes identiques se croisent dans des cycles différents avec des préoccupations différentes.
2/ L'évolution de la jeunesse :
Encore plus spectaculaire, la jeunesse africaine est déjà plus nombreuse que la chinoise et sera plus nombreuse que l'indienne dès 2015.
3/Un défi commun : l'emploi
L'arrivée massive des jeunes sur le marché du travail à partir de 2015 est un problème majeur et commun à l'Afrique et l'Inde.
L'Inde a trouvé une brêche dans les services mais qui fonctionne que pour les jeunes très éduqués. Leur culture "rebelle" fait qu'ils peuvent difficilement travailler en usine ou alors des niches à forte valeur ajoutée.
Leurs points forts sont la science du management (que le chinois ne possèdent pas ) , leur économie domestique de proximité que la Chine a détruite (tout est acheté , rien n'est produit)
4/Les migrations :
Faute d'emploi suffisants les africains vont massivement émigrer et surtout à l'extérieur de l'Afrique.
Les 2 bombes démographiques à venir sont : Ethiopie-Ouganda- Tanzanie et Nigéria , avec 500 millions d'individus chacun dans les 10 ans.

2000

2010

2020

2030

Migrants en

M d’ Afrique subsaharienne

17

25

37

53

Intra Afrique

5

6

13

21

Vers l’Europe

2,8

3,9

3,3

15

% population

2

2

2

8



5/ Le double gain : nombre et éducation
Si on fait une courbe du stock d'études : nombre d'étudiants x nombre d'années des années 8 à 2050.
- la Chine : 1ier réservoir depuis les années 80 (35 millions actuellement contre 6 dans las années 60). Baisse régulière ensuite.
- Les USA baissent également avec le développement de 2 Amériques : Bac+6 qui s'adapte et le reste de la population qui a beaucoup de mal: difficile de trouver un système social et politique pour réconcilier les 2.
- 40% du stock mondial se trouveront entre l'Inde et l'Afrique avec une plus forte progression pour cette dernière.

6/ Les 3 temps du décollage économique :
- En Chine 70% de la population est aujourd'hui active (30% en France) . Elle va progressivement baisser d'où l'enjeu de faire de la valeur.
- L'Inde commence à peine sa courbe , elle à 20 ans de progression devant elle ;actuellement 60% de population active.
- 'Afrique démarre tout juste.

7/La pauvreté
La question est de savoir si le miracle chinois se reproduira.
Pour lui non, même si les chinois n'ont inventé qu'un modèle de production.
Beaucoup d'observateurs pensent que les indiens vont inventer des nouveaux produits, techno en matière de nutrition, santé , transport.
Les ONG sont des transmetteurs de technologie et l'Inde avec 60000 ONG en Afrique est la 1ière à le faire.

Conclusion :
- le segment Inde Afrique prendra le pas sur la Chine.
- l'Europe doit travailler avec l'Inde pour trouver des business modèles exportables en Afrique.
- Les 3 phases distinctes :
- Chine = le retournement
- Inde = le développement
- Afrique = l'ébullition