mardi 9 juillet 2013

Et si la start up ré inventait le modèle industriel de l'automobile

Hippo et automobile vers 1900


Cette image créée il y a quelques années par François Bellanger  est un des totems de cette chronique des temps qui changent. 
Elle nous parle pour au moins deux raisons :
- en nous renseignant par comparaison historique sur des processus de transformation historique très importants au début du XX° siècle. Si comparaison n'est pas raison il s'agit au minimum de se trouver des repères , des point d'appuis pour construire une analyse la moins "émotionnelle" possible des phénomènes que nous rencontrons.
- en illustrant le dynamisme d'innovation d'une part et la faiblesse de transformation des acteurs du monde industriel par ailleurs.

Entrons dans l'histoire : vers 1900 Paris compte 10863 fiacres et 1115 voitures automobiles; les fabricants et marchands de fiacres sont de riches entreprises et surtout, nous montre la photo, rien de plus ressemblant à un fiacre qu'une automobile.
Et pourtant aucune entreprise de fiacre ne deviendra fabriquant puis industriel de l'automobile .
Comment l'expliquer ? 
Pas une cause principale mais plutôt un système, le nouveau système alliant technologie et nouveau mode de production.La technologie c'est à dire la maîtrise du moteur à explosion donne naissance à l'automobile. L'invention de son système de production , le fordisme, donnera quelques années plus tard , naissance à son industrie. 
Donc au delà des apparences, rien à voir hyppo et auto.

Cette question revient très périodiquement depuis quelques années ,dès qu'il s'agit de parler transformation du modèle sous l'impulsion de forces notamment décrites par Guillebaud.
Baisse de pouvoir d'achat,pollution de l'air, problème de place (et donc de coûts) sont autant de puissants facteurs stimulant ces évolutions.
Et pourtant une fois les prototypes de voiture électrique inventé, il semble bien que la transformation du modèle provienne d'autres types de compagnies que les constructeurs.
Ainsi l'expérience autolib , encore assez récente qui propose l'accès pour une période donnée  plutôt l'achat d'un bien matériel est un véritable succès à Paris.
Mais plus frontalement l'usine Tesla motors de Fremont (Californie) propose la plus innovante des voitures électriques de ces dernières années : le modèle S.

Alors que le marché connait actuellement quelques faillites , à la recherche de la bonne équation positionnement- production , Tesla a résolument choisi une stratégie haut de gamme avec un modèle commercialisé entre 70000 et 100000$ (suivant la capacité de la batterie).
Mais surtout c'est une réussite technique : le véhicule est propulsé de 0 à 100 kms/heure en 6 sec sans bruit , sans vibration et surtout sans pollution ! 
Evidemment cela ne se fait pas sans conditions exceptionnelles : Tesla ne fabrique que 100 voitures par semaine en contrôlant toute sa chaîne de production, l'état de Californie fournit des aides ..
Mais surtout ça marche auprès des financiers (toujours à la recherche d'innovations prometteuses pour les marchés b to c, on l'oublie trop souvent) : côtée au Nasdaq l'entreprise vaut 13,7 milliards de $ soit plus que la Fiat.
Le prochain défi : sortir de cette stratégie de niche haut de gamme pour aller vers un segment de volumes , une clientèle de classes moyennes avec le modèle x , prévu en 2014.