vendredi 18 juillet 2014

Accélération 8 : Les formes motrices externes de l'accélération sociale

Accélération : ou comment définir notre monde post moderne  par une transformation du temps

Commentaires sur le livre de Hartmut Rosa, sociologue et philosophe allemand, auteur de Accélération La Découverte 2011.

Question de savoir ce qui active le mieux les processus d'accélération dans la société moderne.

1/Le moteur économique : le temps c'est de l'argent
La gestion capitaliste repose fondamentalement  sur le fait de prendre de l'avance et d'exploiter cette avance :
- si la valeur d'échange d'une marchandise est déterminée par le temps de travail a, alors la réduction de ce temps peut être immédiatement convertie en profit relatif;autrement dit l'augmentation de la productivité peut se définir comme augmentation de la production par unité de temps ou comme accélération
- prendre de l'avance et l'exploiter par introduction de nouvelles technologies de production permet de créer des surproduits permet également d'accélérer les cycles d'innovation
- la reproduction accélérée du capital investi est une nécessité dans le système capitaliste : plus les reproduction du capital investi est lente et plus les profits sont bas et plus les chances dans la compétitions sont faibles.
-l'augmentation de la rotation du capital et des marchandises par unité de temps a pour corrélât une augmentation des actes de consommation par unité de temps

Historiquement , l'accélération imputable à la mise en valeur du capital ne fut pas d'abord appliquée à la sphère de la production mais à celle de la distribution  ou de la circulation  : la raison principale en est qu'au 16°-17° ce sont d'abord les commerçants qui accumulent du capital et que de là nait une pression pour accélérer les vitesses de rotation.

Le temps de travail industriel et le temps de la vie quotidienne ontété progressivement dissocié :
- le temps du travail salarié est lié aux indications des horloges mécaniques et donc de plus en plus dissocié du rythme naturel
- l'industrialisation a développé une séparation spatiale et temporelle stricte entre travail et temps libre
-le temps de travail a été dissocié de l'objet du travail pour être ramené à une durée abstraite définie par le calendrier et l'horloge
Le digital est entrain de bousculer tout cela pour revenir à un état précapitaliste :pour les indépendants (forme moderne du travail) le travail prend fin lorsqu'il est achevé (par à heure fixe), domicile et lieu de travail se confonde, temps de travail et de loisir également.

2/La promesse de l'accélération : le moteur culturel
La culture de la modernité dispose d'un interdit moral hérité du protestantisme, de "gaspillage du temps " qui fait office de 1ier moteur, mais ce n'est pas le seul.
Cette peur correspond à une promesse plus positive et religieuse de salut de l'âme ou de vie éternelle par l'action.
Au fil du temps la promesse est devenue prospérité éternelle : l'argent revêt une fonction de substitution
Disposer d'une quantité d'argent permet  de disposer d'options nombreuses pour répondre aux contingences, besoins futurs faire face aux menaces..
Le besoin de sécurité ente en conflit avec celui d'accélération dans la société moderne;alors que dans la société moderne tardive l'augmentation des contingences et menaces attise ce besoin de sécurité et aussi d'accélération;
Si auparavant la durée du monde de sa création au jugement dernier était l'unité de calcul du temps, l'époque moderne installe la durée de vie de la naissance à la mort et donc une accélération du temps.
La modernité tardive elle propose de vivre à un rythme accéléré pour profiter des diverses opportunités du monde en vivant plus vite.
La promesse de bonheur de l'accélération est vouée à l'échec puisqu'elle propose en permanence de décider entre des options qui augmentent sans cesse et donc le taux d'épuisement des options (la relation entre possibilités du monde réalisées et réalisables au cours d'une vie se réduit constamment quels que soient nos efforts pour élever notre rythme.
La stratégie moderne de réconciliation entre temps de vie et temps du monde échoue ainsi