lundi 20 juin 2016

Expressions 36 : Fan zone




Avec l'Euro, le foot revient en France :  après 1984 et 1998, notre beau pays organise une compétition majeure ,qui va, n'en doutons pas, capter toutes les attentions sportives et même un peu plus durant quelques semaines.
Car comme le dit la banderole, le foot n'est rien sans ses fans et si  l'objectif de l'UEFA est bien de remplir les stades, celui du pays organisateur est d'attirer un maximum de monde des 24 pays participants .
L'enjeu serait  même assez majeur car après les attentats, période que l'on continue d'espérer continuer conjuguer au  passé, il s'agit de tester notre capacité à attirer à nouveau les touristes.
Des zones ont donc été créé pour sécuriser et canaliser ces rassemblements  , les fameuses  fan zones.
Si ce dispositif n'est pas entièrement nouveau, on l'a déjà vu établi lors de grandes compétitions précédentes , du type mondial 2014 au Brésil, ce qui frappe cette année c'est bien sur  le niveau d'attention porté à la sécurité  et peut être encore plus le succès, peu imaginable au départ , du concept même de  fan zone.
Dès la préparation de la compétition les médias s'en sont emparés, comme le fait nouveau de cet Euro, créant même petit à petit  l'impression que les fan zone, faisaient désormais partie intégrante du de l'événement .

Comme souvent ce type d'engouement amène des questions : que signifie cette expression ? quelles  évolutions  véhicule t-elle ? de quoi la fan zone est elle le nom ?

En reprenant chacun des mots ,un par un,  on peut déjà trouver une première piste  du côté du fan, ce nouvel entrant , bousculant un peu (définitivement?) l'image du supporter/
Le supporter était ce mâle chantant, qui depuis les débuts du football incarne son club de père en fils qu'il soit grand comme Liverpool, Barcelone ou Manchester ou plus petit comme Brest , Nantes ou Strasbourg, les soirs de victoire comme les trop nombreux soirs de défaite pour la plupart d'entre eux
Taille,performance ou renommée n'y changeaient rien le supporter était quelqu'un de loyal et d fidèle pour la vie.
Je dis était car le développement du foot business aidant , le fan serait en train de supplanter le supporter et ce au moins dans l'esprit des organisateurs. Le fan a  lui un profil un peu plus large (homme,femme ,famille, jeunes..) , il vient avant tout  pour assister à un  spectacle, vivre des émotions  et surtout parait  prêt à consommer toute une série de prestations connexes (hôtel, resto, produits dérivés) spécialement conçus pour lui.
 Il se définit comme excité, dingue de ou fou de .. , recherche une intensité  maximale dans ce qu'il faut désormais appeler un spectacle et   pourra bien faire tout autre chose après le coup de sifflet final (ce qui est franchement impossible pour  le supporter,qui continuera ,des heures durant de parler du match et de cette fameuse action qui...
On le voit donc ,c'est  en voulant élargir sa cible que le foot business  a fait évoluer ses valeurs et s'est quelque peu distancé  supporter un peu top populaire au fan un peu plus lisse et acheteur.
La fan zone serait donc ce théâtre , lieu de rassemblement mais aussi de sécurisation, mais aussi de consommation de tous les fans qui souhaitent partager un moment d'intensité ensemble.
Toutes ou presque car un petit groupe résiste celui des hooligans. On les croyait disparu depuis quelques temps, ils reviennent à la faveur d'un contexte économico-culturo-social assez délétère dans de nombreux pays d'Europe.
Un peu comme un retour du refoulé, comme disent les psychanalystes, c'est à dire en faisant tout pour enterrer ce que l'on ne veut plus voir,on favorise les conditions de son retour.
Donc voilà notre géographie  de l'euro  désormais bien installée : les supporter sau stade, les fans dans la fan zone et  les hooligans dans les rue .


Alors oui le football ne peut (ne veut pas) se passer de ses fans mais il les préfère désormais les parker , les contrôler dans des enclôts surprotégés. Drôle de fête ,non?