Est ce que la question du sens s'est déjà posée pour vous ?
Est ce que la question du sens c'est déjà posée dans votre entreprise ?
Que dites vous à quelqu'un qui dit que le vue n'a pas de sens ?
Que dites vous à un enfant qui vous demande le sens de la vie ?
Exposé APM du 11octobre 2017 au club APMSaint James par le philosophe Bertrand Vergely.
La question du sens de la vie est sans conteste la
question qui va devenir la question
de demain. Pourquoi ? Parce que nous sommes la première civilisation au
monde dans laquelle l’homme n’a pas de but
et que cela ne va pas pouvoir longtemps continuer à être ainsi.
Nous
avons besoin de sens pour vivre, le sens étant : 1) la direction, 2) la
signification, 3) la sensation, 4)
la valeur.
Nous avons besoin
1) de ne pas errer mais de savoir où nous
allons,
2) de pouvoir traduire ce que nous vivons soit dans un langage objectif
soit dans une langue personnelle,
3) de
pouvoir faire correspondre ce que nous vivons à des sensations et des
intuitions,
4) que la vie ait une valeur. Il s’avère qu’il ne va pas de soi de
donner du sens à la vie.
On ne peut pas plaquer un sens artificiel sur la vie
en vivant le sens comme le fait de savoir tout le temps où nous allons, ce que
cela veut dire, ce que cela fait sentir et la valeur que cela a.
Quand le sens est vécu de la sorte, étant étouffant
on a besoin de respirer et l’on respire en se donnant un temps de repos où l’on
va nulle part, un temps de silence où l’on arrête de comprendre, un temps de
vacuité où l’on cesse de sentir et de donner de la valeur.
Devant l’inflation
de sens, on peut avoir la tentation de préférer une vie absurde à une vie dotée
de sens. Très vite on tourne en rond dans une impasse. Quand le non-sens a du
sens il est non pas l’arrêt du sens mais le pont qui mène à un sens supérieur,
ce sens étant bien illustré par ce que l’on dit quand on dit qu’il y a des
hasards qui ne sont pas des hasards.
Les penseurs médiévaux ont bien résumé
l’itinéraire du sens par cette formule : de l’extérieur à l’intérieur et de l’intérieur au supérieur. La vie
a du sens, à condition de ne pas demeurer dans un sens banal et plaqué ou dans
un on sens figé. Quand tel est le cas, le sens est une expérience forte qui
nous ouvre les portes du plan créateur de l’existence. Cette séance voudrait
pouvoir le montrer.
II. Méthode.
1) Définition. Le
sens signifie Quatre choses : 1) la
direction, 2) la signification, 3)
la sensation, 4) la valeur.
2) Historiquement le sens apparaît
1) avec l’apparition
de l’idée d’une puissance supérieure s’exprimant
par la fatalité,
2) les Stoïciens
rationalisent cette idée à travers la
notion de destin dont ils
interprètent les signes,
3) Durant le moyen-âge le destin est remplacé
par la volonté divine et sa providence et l’on interprète la parole
divine à l’aide d’une science de
l’interprétation, l’herméneutique,
4) avec l’apparition du rationalisme le
destin et la providence s’effacent derrière la
nécessité et le déterminisme,
5)
au XIXème siècle introduction de la notion de hasard, au XXème introduction de la notion d’indéterminisme. Sur un plan moral
6) apparition de l’existentialisme qui prône une vision
du monde fondée sur la contingence (Sartre)
voire l’absurde (Camus).
Problème. Aujourd’hui
la question du sens est marquée par trois choses :
1) le refus du sens,
2) un sens
purement subjectif,
3) le pluralisme en matière de sens. De
sorte que la question qui se pose est : pas de sens ? un sens
subjectif ? plusieurs sens ? ou autre chose ?
III. Du sens pour tout ?
1) Il faut du sens dans la vie. Mais faut-il du sens
pour tout ? Et tout le temps ? Paradoxalement l’excès de sens tue le
sens en étant signe d’angoisse.
Et
si le vide de sens était
bénéfique ? Trois avantages à ce vide.
1) D’abord un apaisement de
l’esprit. On arrête d’être dans la volonté
d’aller quelque part et de savoir.
On vit ici et maintenant. Dans le présent. On arrête de ce fait d’interpréter et de sur-interpréter ce qui est afin de trouver un sens. On évite ainsi la superstition et le délire à propos de la réalité. Vertu thérapeutique non-sens. Découverte de ce que rester zen veut dire. Ouverture au non agir du Tao.
2) Deuxième avantage du vide. On coupe le cordon. On cesse
d’être dans la dépendance à l’égard d‘un sens donné. Après l’apprentissage du silence créateur, on fait
l’apprentissage de la solitude créatrice.
3) Troisième avantage enfin. Ouverture au hasard, à l’imprévue, à l’inattendu.
IV. Du sens pour rien ?
1) Attention à ne pas plaquer du sens certes, mais
attention aussi à ne pas plaquer du non sens. Sous peine de faire basculer la
vie dans la platitude, l’insignifiance,
le vide destructeur avec comme effets la
dépression, la désespérance et parfois le
suicide. L’homme est un animal spirituel. L’esprit étant la
présence, il a besoin de cette nourriture qu’est la présence et, en
particulier, de cette présence supérieur donnée par ce
qui va loin, ce qui va loin envoyant au dynamisme
du souffle vital originel. À ce titre, s’il y a le silence créateur il y a la
parole créatrice. Quand il s’agit d’expliquer que les choses vont loin et
qu’elles ont une traduction qui va loin aussi, la parole est nécessaire et
créatrice. Elle n’enferme pas la vie. elle permet de vivre.
2) En ce sens, il y a un au-delà de la solitude. On n’est pas seul quand on est dans la
parole créatrice. On est avec le souffle de vie et porté par lui pour aller
au-delà de nous-mêmes.
3) De ce fait, il n’y a pas de hasard, mais des rencontres.
La vie pour vivre a besoin de suivre une
logique, un ordre. D’où la nécessité, loi des causes et es effets.
Toutefois, pour être vivante, elle a besoin de nouveauté. D’où le hasard. La
combinaison du hasard et de la nécessité fait que la vie est un processus constant de révolution, le
hasard allant contre la nécessité et la nécessité contre le hasard. Ce qui
n’est pas un hasard. La vie est guidée par un souffle qui va loin et qui se
manifeste à travers ces révolutions. On en fait l’expérience à travers les rencontres, ces hasards qui ne sont pas
des hasards.
V. Les raisons d’une impasse.
1) On reste souvent extérieur
au sens en faisant de celui-ci, sans s’en rendre compte, une chose figée parce que plaquée d’avance
une fois pour toutes sur la réalité. Résultat, pour se sortir de ce sens
étouffant on opte pour le non-sens en se figeant dans une impasse réactive.
2) Il faut réveiller le sens en retournant à la racine
de notre vie. Il n’y a pas rien. Nous ne venons pas de rien. Nous n’allons pas
vers rien. Nous ne sommes pas rien. Nous ne sommes pas là pour rien. C’est ce
que veut dire le sens. Celui-ci relève de l’Autre,
c’est-à-dire de ce qui va plus loin que ce que nous connaissons. C’est ce
que Jacques Monod n’a pas réussi à faire apparaître quand il a réduit la vie à
n’être qu’un jeu, le jeu du hasard et de la nécessité. La vie est un jeu du
hasard et de la nécessité parce qu’elle est plus
qu’un jeu, plus que du hasard et plus
que de la nécessité.
3) On n’a pas l’habitude de pratiquer un sens intense.
Il faut aller vers ce sens intense et donc aller vers le plus
que qui fait tout le sens du sens en
étant ce qi nous donne une vraie direction et donc une vraie capacité de
diriger.
VI. La réponse à cette impasse.
1) Concrètement,
on va vers ce plus que en revenant au sens vécu, c’est-à-dire au fait de vivre ce que l’on vit en se laissant
informer de l’intérieur par ce que l’on vit.
2) Concrètement cela donne le respect des quatre
niveaux de réalité et des quatre niveaux de sens que l’on rencontre dans ces
quatre niveaux à savoir :
1) le sens littéral,
ce qui se fait, ce qui se dit, ici, maintenant,
2) le sens historique, le contexte, les antécédents,
3) le sens moral, la répercussion intime mais aussi collective,
4) le sens symbolique, le passage sur un
autre plan d’existence, celui qui va loin.
3) Vivons ces quatre plans. On découvre qui l’on est,
ce que l’on est venu faire sur terre, à quoi on peut être utile et ainsi
servir. Avoir une telle relation au sens crée une conscience véritable de
l’existence. Trois choses permettent d’accéder à cette conscience : 1) la responsabilité, 2) la quête 3) l’intime.
1) Le sens se présente à nous d’abord de façon objective à travers les sept questions que nous posent les sept âges de la vie.
1) Naissance : le traumatisme de la naissance. 2) Enfance : le début de la liberté. 3)
Adolescence : que vais-je faire de
ma vie ? 4) Âge adulte : que
vais-je faire dans la vie ? 5) Maturité : que vais-je faire de la vie ? 6) Vieillesse ; qu’ai-je fait de ma vie ? 7) Mort :
que vais-je faire de ma mort ?
2) Le sens se présente ensuite sous une forme subjective à travers sept réponses.
1) La naissance. 2) L’autonomie.
3) Le choix. 4) L’engagement. 5) La responsabilité. 6) La
conscience. 7) L’acceptation.
3) La vie devient un
destin ou pas selon la puissance de la réponse que l’on apporte aux
questions qu’elle pose. Le destin est l’accomplissement
de la liberté non sa négation.
VIII. La quête.
1) Tout âge de la vie a trois sens : Un sens extérieur.
Un sens intérieur. Et un sens supérieur. D’où la quête. Quand on reste au sens extérieur on se sent prisonnier. Expérience douloureuse de l’insignifiance, de l’absurde, de l’insensé.
Dépression, désespoir, désir de suicide.
2) Quand le sens extérieur peut déboucher sur un sens intérieur
et supérieur impression de délivrance,
énergie, souffle créateur, jubilation.
3) La quête fait de la vie une aventure. Elle pouse à sortir de l’extérieur en bousculant
celui-ci afin qu’il soit intérieur et supérieur. D4où la transformation de
l’existence en un parcours de symboles et
de figures.
IX. L’intime.
1) Il est bon qu’il y ait un sens intérieur et
supérieur. Mais s’il n’y a pas de l’intime,
ce sens devient sec puis vide.
2) On a tendance à chercher le sens hors de l’intime
sous la forme de la nécessité. C’est
la raison pour laquelle ne le trouvant pas, tant la nécessité est étouffante, on conclut au hasard et à l’absurde pour retrouver un peu d’air.
3) Partons de l’intime
au lieu du sens plaqué. On comprend
ce que veulent dire la direction, la signification la sensation et la valeur. Quand tout est
intime on sait où l’on va on est orienté.
La vie parle. On la sent Elle a de la valeur. Mieux on a le sens de
la vie. On est capable de la faire
vivre. On a en ce sens du bon sens. On
peut alors déchiffrer l’univers ainsi que l’histoire en voyant grâce à l’intime
ce qui les fait vivre. La profondeur du sens de la vie en soi révèle la
grandeur du sens de la vie hors de soi.
Conclusion.
1) Le sens est l’expérience la plus forte que l’on
puisse faire dans la vie en étant cette relation au souffle créateur de
l’existence qui nous emmène loin.
2) Application
à l’entreprise. Le sens est capital
pour l’entreprise, une entreprise ayant besoin de savoir qui elle est, où elle
va, ce qu’elle veut, ce que signifient les événements auxquels elle est
confrontée, les effets que cela a, la valeur que cela a. Pljs globalement une
entreprise a besoin d’un souffle. Rien n’est plus passionnant que d’appliquer à
la vie concrète l’expérience du lien avec le souffle, la responsabilité et la
quête.