La dernière révolution de l'occident sera la Révolution managériale .La religion industrielle complète sa foi par un puissant corpus de textes normatifs , ceux du management scientifique.
Le pouvoir techno-scientifique s'impose et s'achève dans l'hyper rationalisation formulée par les ingénieurs civiles notamment nord-américains de la fin du XIXième siècle.
Avec l'industrie, le religieux est décroché de la transcendance et du céleste , il est inscrit sur et dans le terrestre par un processus d'immanence qui se poursuit inexorablement.
#La révolution managériale est une révolution silencieuse sans "révolutionnaires" , sans "protagonistes" ,ni "antagonistes"
A partir de 1899 les sociétés d'ingénierie se multiplient sur le modèle britannique pour développer la science et préparer la révolution managériale.
La 1ière école de management nait en 1881 en Pennsylvanie.
Pour Renan il s'agit d'une 2ième révolution industrielle : la première se définit par l'utilisation scientifique d cela matière inerte et des forces de la nature.La deuxième par l'utilisation scientifique de la matière vivante c'est à dire des homme.
#La montée en puissance des ingénieurs :
Eugène et Stéphane Flachat jouent un rôle essentiel dans l'avénement des réseaux d chemin de fer et du management en France. Henri Fayol , jeune ingénieur, prend la succession de Flachat pour diriger pendant 30 ans les houillères de Commentry jusqu'en 1918.
Il publie en 1916 Administration industrielle et générale considérée comme l'un des deux textes fondateurs du management, l'autre étant The Principle of scientific management de l'ingénieur américain Taylor publié en 1911.
Fayol donne les 5 milliers du dogme managériale : administrer c'est prévoir, organiser, commander, coordonner et contrôler (POCCC)
Il produit ainsi un nouvel ordre industriel qu'il propose d'étendre en dehors notamment jusqu'à l'état.
Taylor (1856-1919) va proposer l'organisation scientifique du travail qui repose sur une étude scientifique et précise des unités de temps, l'élément le plus important.
L'enjeu de la révolution scientifique du management c'est l'exclusion du du conflit politique et de l'action syndicale contestataire au nom du devoir de coopération dans la production.
Il estime devoir établir des lois générales de l'organisation car il veut prouver que la direction des entreprises est une vraie science qui s'appuie sur des lois, des règles et des principes.
Les mêmes principes peuvent être appliqués à toute activité humaine à savoir : la conduite du foyer, la direction des exploitations agricoles , la gestion des affaires commerciales...
4 principes de direction scientifique :
1/le 1ier, le plus important vise à extraire tout le savoir inscrit dans le corps de l'ouvrier.Il s'agit de rassembler toutes les connaissance empiriques que possèdent les hommes des différents métiers travaillant ensemble.Traiter le corps comme une matière première disposant de capacité.
2/L'étude approfondie des hommes ,tout comme on étudie les machines.Une mesure surtout de tempête de mouvement sur le modèle chronophotographique
3/Faire se rencontrer l'ouvrier et la science à des fins d'accélération et d'efficacité.La flânerie doit disparaitre pour "chaque jour produire la plus grande quantité de travail possible"
4/une coopération étroite , intime, personnelle entre la direction et les ouvriers
Henry Gantt (1861-1919) disciple de Taylor, met au point un diagramme qu'il utilise pour la gestion de projet, qui fournit un calendrier graphique à la production.
# La convergence de l'ingénierie et de la sociologie :la révolution managériale se déploie au carrefour des savoirs des ingénieurs et des sociologues appliqués à l'organisation.
Dès 1914 Henry Ford ,qui avait des difficultés dans son entreprise ,crée un département de sociologie ,dans lequel travaillent 250 personnes !
# La rencontre de la cybernétique et du management : pour gérer les organisations complexes se forme aux USA dans les années 40-50 la cyber-management.
Tout se passe comme si le management avait préparé l'arrivée de l'ordinateur dans l'entreprise . Informatique et cybernétique sont en miroir tout comme gothique et scolastique.
Peter Drucker (1909-2005) et Norbert Wiener ( 1894- 1964) sont les pères du management moderne et de la cybernétique.
Ils formulent simultanément : un dogme, celui du management; un paradigme, celui de la cybernétique.
Le cyber management prétend réaliser le rêve du gouvernement scientifique , machinisme, automatique des hommes.
D'une certaine façon il s'agit de puiser aux sources de la religion industrielle : marginaliser le gouvernement et réduire la politique à une science d cela production.
"le coeur du système politique nazi est sa tentative de confondre son pouvoir totalitaire avec le pouvoir légitime du système industriel, affirme Drucker. L'actionnariat privé associé au droit de propriété est le seul fondement légitime du système industriel.Or le nazisme l'a liquidé pour contrôler directement l'industrie "
Pour lui la légitimité doit être fondée et incorporée dans la corporation sanctifiée.
L'entreprise n'est pas une simple organisation, elle est une institution politique et une communauté; c'est pourquoi dans la société industrielle, elle vient contester le pouvoir politique traditionnel.
le management ne tire son pouvoir légitime que par délégation des droits individuels de propriété des actionnaires, le pouvoir des managers étant autonome car non controlé par ces actionnaires.
Pour lui il existe deux systèmes : la bon "anglo saxon, fondé sur la foi chrétienne et de l'autre le mauvais, totalitaire fondé sur la rationalité pure.
Au sortir de la 2ième guerre mondiale la cybernétique prend valeur de paradigme, de religion. L'image qui s'impose est celle de la circularité de la régulation , la possibilité d'autorégulation.
Les visées des deux révolutions convergent en un même point, annoncent que la politique et les idéologies sont dépassés par l'autorégulation et par les pilotage scientifico- industriel aussi bien de l'industrie que de la société.
L'homme doit transférer son pouvoir de décision à l'ordinateur pour gérer l'usine, ce que Gunther Anders appelle "la honte prométhéenne "