Vers 1750 l'industrie don de Dieu, est à sont tour enrôlée au service de l'incarnation comme l'avait été la nature.
La 3ième bifurcation va s'opérer par la transfiguration du champ religieux rapporté à son socle terrestre et rationnel normatif.
Le gouvernement des hommes sera réduit à la science de la production et à la rationalité managériale
La religion industrielle répond par la "surrationalité à la question du "pourquoi" et du "comment vivre".
Les briques de base de la nouvelle architecture fiduciaire ont été posées au siècle précédent : humanité, progrès, histoire, travail, utilité.
Il reste à les attacher solidement pour former la nouvelle Imago Lundi industrialiste d'occident. Ce qui sera fait par Saint-Simon, Pierre Leroux, Robert Owen et les saints - simoniens.
La religion politique qui semble triompher avec la révolution française , cède aussitôt à la religion industrielle, qui travaillait en coulisse , et encore quelques temps plus tard à celle du management.
1/La Religion industrielle réunifie les deux pouvoirs de la schize fondatrice, le pouvoir spirituel assimilé à la Science et le pouvoir temporel assimilé à l'Humanité productive
-> d'un côté l'Humanité , nouveau réceptacle du mystère de l'Incarnation
-> d'un autre côté la Science comme nouvelle Idole instituée en référence légitimant toute rationalité et normativité.
Les nouveaux Dieux sont l'Humanité qui travaille produit et crée et la Science qui dit la Vérité du monde.
C'est moins une religion désenchantée qu'une nouvelle métamorphose du christianisme occidental, une déscolarisation prenant forme scientificité- industrialiste, d'apparence messianique et socialiste dans sa 1ière formulation.
#Le mythe positiviste du progrès devenu ciment idéologique de l'industrialisation est construit sur deux axiomes : celui d'un temps linéaire, continu et indéfini et celui d'une vision scientifique qui produit une accumulation de connaissances et de techniques.
Saint Simon abandonne la transcendance de l'Incarnation dans l'Humanité au profit de l'incorporation
dans le corps industriel : l'Incarnation suppose un grand Autre absent, l'incorporation , forme strictement intra mondaine de l'incarnation , se défait de cette obligation.
L'industrialisme deviendra au XXième siècle l'étendard d'un apolitisme , voire de l'anti politique
2 /L'institution clé de l'armature fiduciaire devient l'Usine. Toute religion s'inscrit dans un nouveau lieu consacré à la communauté , à la communion et au culte.
Pendant la révolution française plusieurs monastères, biens de l'Eglise nationalisée, on été converti en usines.
# L'usine est l'un des principaux lieux de fabrication de représentations sociales au XIX et au XXième , générateur d'un imaginaire ambivalent et d'idéologies conflictuelles.
Après le monastère où la contemplation accueille le travail, la manufacture réunit les travailleurs et introduit la division du travail, l'usine est l'institutionnalisation de la religion industrielle avec la machine associée au travail, afin d'accélérer la multiplication des objets technologiques destinés à la consommation.
Comme l'horloge pour le monastère, la machine fixe la cadence du travail industriel.
L'usine est à la fois un lieu de production puissant, magique mais aussi le lieu de rassemblement d'une communauté élargie et donc d'une nouvelle organisation sociale.
Le mot "usine"apparait en 1732 dans un arrêt du conseil du roi (usine->du picard ouchine -> du latin officine )
L'usine réunit d'un côté un grand automate machiniste et de l'autre une communauté humaine : le défi est donc de coordonner leurs rythmes, de les unifier.
Ce qui pose le problème du pouvoir de la machine et le dressage du corps humain au nom de la cadence technique.
Le pouvoir industriel remplace le pouvoir politique au nom de sa puissance, de sa vitesse, de sa précision, au motif de l'allégement de la peine des hommes et de la croissance de la production.
#Les religions de l'usine : en rassemblant une communauté humaine, l'usine devient un lieu d'expérimentation de nouvelles formes religieuses :
Marx : la grande industrie résulte du développement du machinisme et devient un grand automate qui asservit les hommes: le machinisme commande l'organisation du travail
Robert Owen (1771-1858), industriel gallois revendique une religion rationnelle de l'humanité
Etienne Cabet '1788-1856), fondateur de communauté, imagine un monde où les machines remplaceraient les hommes qui seraient affranchis de tout esclavage.
Pierre Leroux (1797-1871) , "Le christianisme est la plus grande religion du passé; mais il y a quelque chose de plus grand que le Christianisme , c'est l'Humanité.
Charles Renouvier salue en 1842 l'apparition de l'idée de solidarité
Charles Fourrier (1772-1837) plaide pour l'idée d'Harmonie (étymologiquement ce qui assemble la cheville à la charpente).il souligne l'ambivalence de l'industrie qui décrit autant qu'elle crée.Il perçoit ses contradictions : accroissement de la richesse d'un côté et inégale répartition de l'autre.Il veut uneRéforme de l'Industrie pour la réconcilier avec la Nature, montrant ainsi sa sensibilité au saccage écologique. Le phalanstère sera un lieu d'accueil pour 400 familles milieu d'un domaine de 400 hectares.
# Le grand théâtre des expositions : les textes fondateurs de la religion industrielle ont été accompagnés de mises en scène et en images.
La révolution française inaugure le grand théâtre industrialisé
1763, 1ière exposition en France des Arts industriels"
En 1794 la Convention crée le Conservatoire des Arts et Métiers, un établissement où l'on expliquera la construction et l'emploi des outils et machines utiles aux arts et métiers.
En 1798 le Directoire fait réaliser un Temple de l'Industrie sur le Champ de Mars pour exposer les produits de l'industrie.
1798 à 1849 , multiplication des expositions nationales, puis ensuite des expositions universelles.
Au delà de la machine,ce qui est célébré c'est le pouvoir de l'ingénieur qui les as créées ,nouveau Prométhée qui imite le Créateur.
L'inventeur détient un pouvoir analogue à celui de Dieu.
L'exposition universelle met en scène la foi industrialiste , à savoir la projection de l'Humanité dans son miroir totémique, celui de l'Usine et de ses machines, entités sanctifiées , afin de retrouver dans l'altérité du monde, son bien le plus précieux, sa propre image.
La foi est devenue scientiste et les écritures "scientifiques" sont appliquées à des fins de production matériels, mais la structure fiduciaire est stable : d'un côté la Vérité du mythe du Progrès, de l'autre l'Efficacité de la rationalité technicienne.
# L'industrie destructrice et aliénante : l'imaginaire est ambivalent et cette dualité traverse le siècle.L'envers de l'imaginaire positiviste affirme que l'industrie asservit, crée un nouvel esclavage, détruit les hommes et la nature.
"Les machine nous promettait la liberté, je vais prouver qu'elles nous ont apporté l'esclavage". Michelet
Deux représentations vont ensuite s'affronter :la déconsidération de l'industrie destructrice contre sa célébration créatrice de richesse.
A la fin du siècle le management cherchera à réconcilier les deux visions opposées au nom de l'Efficacité, de la fin de l'idéologie et du politique.
La religion industrielle est ainsi une société sans opposition et sans critique du fait d'une désublimation croissante justifiée par le progrès scientifico technique