Expressions - Impressions - Nouveaux concepts - Croyances et Incertitudes d'un Monde qui change
jeudi 27 juin 2024
mardi 25 juin 2024
Lexique 360 Le chamboulement
"Un chamboulement tel qu'il a complètement changé la face de celle ci , comme si, l'espace d'une nuit , votre monde n'était soudain plus le même ?"
in Le problème à trois corps, Liu Cixin, Babel 2016.
lundi 24 juin 2024
Expression 68 : Depuis le Covid
En s'éloignant peu à peu de notre présent, le Covid est devenue une période charnière marquant une rupture entre deux périodes, un marqueur entre un avant et un après sur la time line de notre époque.
Un avant où nous ignorions tout de cette maladie et de la pandémie en général.
Un après où de nombreuses personnes malades ont conservé des séquelles, ce ce qui s'appelle pudiquement les Covid longs et qui pour certains sont sans fin. Un après également fait de tous les traumas psychiques individuels et collectifs qu'ont subi les populations durant cette période et que chacun s'efforce d'enfouir dans l'oubli.
Comme après les deux guerres mondiales du XXème siècle, on parle du Covid, comme d'un monstre dont la plupart ont réchappé mais d'autre pas et surtout de la grande peur , des bousculades et remises en question qu'il a pu provoqué.
Dans le monde du travail , le tertiaire en particulier, le Covid est venu tout bousculé , obligeant les organisations à quitter des lieux physiques spécialement conçus , les locaux, pour s'investir dans un combo de technologie et de domicile familial. Ce qui existait un peu auparavant est devenu une norme permettant aux entreprise de gagner en rentabilité et productivité (du moins dans un 1er temps) et aux employés de trouver là une forme de souplesse , de liberté même dans leurs modalité de travail.
Au point où, après le Covid, est un peu devenu notre norme à tous.
vendredi 21 juin 2024
APM 37 Stéphane Amarsy Comment l'IA va changer la productivité pour toujours ?
Stéphane Amrsy, expert en IA a transformé sa société de conseil en 2016 pour se consacrer à "l'évangélisation de l'IA" qui est en train de tout bouleverser et de façon très durable.
- Les points forts et faibles de notre entre entreprise pour répondre à l'A.O
- les points de cohérence de notre entreprise avec l'AO
- On lui demande de répondre aux questions
- On travaille sur la stratégie
- On fait soi même le .ppt
- Si on connait les compétiteurs, on fait rentrer leur site dans l'IA pour évaluer leur type de réponse
- On analyse les points forts et leurs points faibles : si on est frontal , ça va se jouer au prix; si il y a des différences, on ouvre des opportunités.
- On met le .ppt dans l'IA et on lui demande les 30 questions les plus embêtantes
- un enjeu de productivité : intéressant mais limité car tout le monde y viendra , donc 0 à terme
- un enjeu d'innovation : création d'une valeur pas accessible aujourd'hui donc un gain concurrentiel
- apprendre à collaborer avec l'IA
- abandonner ses croyances : désapprendre pour pouvoir apprendre
- valoriser les qualités humaines (le singulier, le spécifique)
- s'organiser différemment
- vivre anti fragile
mercredi 19 juin 2024
Lexique 359 Le Froid
"En pénétrant dans sa moelle, le froid changea le monde réel devant ses yeux en un enfer blanc comme le lait"
in Le problème à trois corps, Liu Cixin, Babel 2016.
vendredi 14 juin 2024
Commentaire 106 Bonus 4/3 : De l'esprit, concept de combat
1 Il ne s'agit pas ici de l'âme mais de l'esprit . L''âme par son histoire est à jamais connotée : est-elle immortelle ? Elle a un rapport avec le vital et l'esprit avec le vivant. Proposition de faire de l'esprit un concept de combat pour lutter contre cette non vie en train de nous enserrer. L'esprit n'est pas un être car il faudrait alors situer ontologiquement ce niveau d'être en le détachant de ce monde . Ni une force car il faudrait se demander de quel ailleurs elle vient. L'esprit n'est pas un souffle, un pneuma car il faudrait se demander d'où il procède, d'où il vient . C'est une capacité, sans statut , ni nature propre. Sans exaltation, célébration ou domination excessive. Pas d'opposition de l'évolution présente à un âge d'or , pas de procès de l'objectivité technico scientifique , mais simplement le constat d'une inertie du sujet à travers la perte d'effort et d'exigence qui doit nous alerter.
Si de l'esprit ne s'oppose pas radicalement au monde, ni non plus ne s'identifie à lui, c'est pas un écart qu'il ouvre avec la clôture et la fonctionnalité du monde.
2 On ne conçoit pas de l'esprit en le distinguant et l'opposant du corps (comme chez Descartes) , de la nature (Valéry) ou du monde (christianisme) , mais par écart avec ce qui se clôt en corps, avec ce qui se borne en nature ou en monde. Il est impossible donc de le définir en différence sans qu'il se fige aussitôt en essence et en devienne suspect.
Il y a de l'esprit à l'oeuvre, dès lors que de l'enfermement s'ouvre, qu'un fonctionnement sed éclot, qu'un horizon se déborde, qu'une totalisation se fissure. De là l'esprit peut devenir un concept de combat pour résister à ce qui menace aujourd'hui dans le monde s'enfermant dans sa technicité , s'enlisant dans sa commodité, devenant un monde de procédures et de dispositifs se limitant au fonctionnel et, par là , au réactif: un monde du clic, des portails, des cases à cocher , d'algorithme et de robotique supprimant l'effort et l'initiative et ne laissant plus - par écart - de l'esprit circuler.
Il y a l'esprit à l'oeuvre par dés-obstruction , dés-opacification , dé-matérialisation et dé-réification. Il y a de l'esprit à l'oeuvre quand apparait de l'entre , laissant s'espacer et passer , permettant à du réel , quel qu'il soit , d'entrer en essor et de s'activer. de l'esprit relève non pas de la propriété mais de la capacité. Il se pense non pas pas différence mais pas écart, d'où vient son déploiement.
L'esprit n'est que dé coïncidant , ce qui , en coïncidant , se fige, se ferme et se stérilise. Au lie de penser l'homme par différence avec l'animal, il s'agit de le penser comme ouvrant un écart par rapport à cette animalité.
Le monde semble menacé parce qu'il se laisse enchâsser dans sa coïncidence idéologique, enfermer dans sa technicité trop commode, emboiter dans sa fonctionnalité bon marché.
3 Un esprit lavé de l'idéalisme de son emploi théologique , banni de sa sacralisation dans l'Invisible qui le condamnait.De la Religion qui l'a sanctifié (le Saint Esprit) , de ce qui l'a moralisé (la chair contre l'esprit), de ce qui l'a théâtralisé (la tentation du désert), de ce qui l'a dramatisé... L'Eglise en s'appropriant et en dogmatisant l'Esprit , l'a réduit à notre crédulité.
La lettre tue, l'Esprit vivifie dit Paul. La formule est à retenir car l'Esprit en débordant, en se dégageant fait vivre, porte à l'essor trend alerte. il faut du tiers et de l'écart pour que le relation ne s'étouffe pas.
Le shen chinois désigne d'abord les esprits des ancêtres auxquels on sacrifie, l'au delà du sensible, le monde du divin et du numineux. Ce numineux ne se sépare pas de semonce, il accompagne le processus en cours; c'est une capacité à l'oeuvre. Il permet d'aller vite sans se presser, d'atteindre sans se déplacer; son efficience n'est pas magique , séparée ou réservée et ne cesse d'opérer dans tous les avènements du monde.
Il ouvre la pensée de l'esprit à de la transcendance mais sans verser dans le dualisme. Ainsi un paysage est bien fait de physicalité mais est en même temps aspiré par une dimension d'esprit.
4 On veut aujourd'hui rendre tout chose plus proche de soi , en même temps qu'on prive le phénomène de son unicité du fait de sa reproductibilité : de l'esprit ne s'en dégage plus.
On souhaite par exemple valoriser les territoires, c'est à dire les soumettre à des critères de gestion et de rentabilité , de commodité pour les visiteurs dont on constate qu'ils mettent ces lieux sous cellophane, qu'ils ne respirent plus et ainsi n'inspirent plus. La fonctionnalité désormais prédomine : ce qu'il faut offrir à voir . Tout ce qui se présente sous les yeux est donné à consommer à nos contemporains. On n'y a plus à s'aventurer, à découvrir.On s'ennuie à vrai dire à visiter tout ce cadré , si bien concerté, coïncidant avec les clichés de l'éblouissant et du beau. On ne fait plus que passer en ces lieux le temps d'une visite. Ce qui tue l'esprit , du côté des choses c'est la fonctionnalité des installations, leur optimisation conçue en terme d'infrastructure. Dans ce monde de dispositifs , n'ouvrant plus d'écart , l'esprit ne peut plus circuler et même émerger.
5 Ce n'est pas tant que la disparition de pans entiers de notre savoir qui inquiète car il est légitime qu'avec le temps notre intérêt ait à muter selon d'autres modalités , sur de nouveaux canaux, d'autres lieux d'invention mais il est à se demander si l'humanité prise dans ses investissements de gestion, de rentabilité , de communication se plait encore à penser. Spéculer s'entend -il encore de façon non financière mais théorique ? Même les livres de savoir veulent désormais divertir détournant l'esprit de lui même. Il n'y a plus d'attention que pour le voyant et l'affiché.
Militer pour l'esprit , en faire un concept de combat , ce n'est pas militer pour des valeurs mais se mobiliser pour que de l'esprit rende effectivement vivant ne se bornant pas au vital , non pas plus tard, mais à chaque instant.
De renverser l'état des choses nous n'avons pas la force; et dénoncer ne s'entend pas ; mais saurons nous au moins fissurer l'opacité qui monte, qui nous enferme implacablement dans ses parrains mais que nous ne voyons pas : ouvrir quelque interstice dans la saturation qui désormais fait monde - ou de l'esprit puisse se déployer ?
Pourquoi ne pas en faire une cause nationale et mondiale, réunissant l'humanité face à son danger , comme on le tente de le faire pour l'autre menace concernant la planète?
Cette alerte nous concerne tous . Au risque sinon de voir non seulement la terre bruler , mais aussi, par perte d'esprit , de son feu, nos vies se glacer.
mardi 11 juin 2024
Citation 179 Hanns Fallada
"Quangel changeait encore. il n'aimait pas s'en rendre compte , et pourtant il remarquait toujours plus qu'il changeait , pas seulement grâce à la musique, mais aussi et surtout grâce à l'exemple de cet homme fredonnant. "
in Seul dans Berlin, Hans Fallada, Folio 2015
Commentaire 106 Raviver de l'Esprit 3/3
1 Pour Platon le "lieu des idées", est un lieu idéal auquel on accède par la seule abstraction comme à la plaine de la vérité. Le monde contemporain en a fait un lieu de marché avec une côte : l'idée européenne autrefois valorisée fait place aujourd'hui au care, au green ou aux bons sentiments.
La coïncidence d'un point de vue social et politique est ce fait légendaire qu'une idée dès lors qu'elle est collectivement assimilée n'est plus questionnée , ni même soupçonnée.Elle s'étale dès lors en pseudo évidence et génère elle même une obédience.
En même temps que la présence personnelle se dilue , que le face à face se volatilise, s'instaure un système de coïncidence idéologique qui lui aussi est sans visage.
Si on coche toutes les cases du moment , on peut être élu prix Nobel ,mais quand on ne les coche pas , quand on pense précisément que penser c'est sortir des cases, c'est décoincer...
Dès que l'on touche effectivement en pensant à la pensée , non pas à sa forme de slogan ou de cliché, on commence à entrer dans un commun de l'esprit, à l'opposé du grégaire et du collectif , et même , on a part à son éternité.
2 Ce sont les médias qui constituent à fabriquer la grande machine à coïncider de notre temps en limitant et bloquant d'autres possibilités de la pensée; en thématisant les catégories et en labellisant ce qui en fait partie ou non.
3 Les médias organisent le débat mais un pseudo-débat qui circonscrit le champ du débattable et non. la spectcularisation du débat conduit à sa peopolisation et donc à sa pauvreté. Les réseaux ne font que l'accentuer : pour faire de l'audience, il faut faire plaisir. On est passé de l'age du penseur à celui de l'influenceur.
# Sujet inerte / sujet alerte
1 La pensée moderne s'attache plus aux modes de subjectivation du sujet qu'au sujet lui même : connecté, communiquant , consommateur, le sujet est stimulé en permanence par son environnement de plus en plus digital. La connexion par le numérique s'est imposée comme une trainée de poudre et a changé radicalement le monde en à peine une génération. Le sujet devenu réactif en continu, ne peut plus s'en passer , il est assujetti. En situation de communication continue, qui se suffit à elle même, garder le contact prime désormais sur le contenu.Cela se prolonge dans le consommation, qui elle aussi est devenue continue.
Si le sujet se constitue originairement et de façon irréductible comme s'adressant à l'Autre par la parole, dès lors que se défait le sujet, se défait du même coup ce rapport à l'autre.des son rapport à l'Autre. Si l'on ne se parle plus , mais qu'on ne fait plus que communiquer avec les autres par dispositifs interposés, il s'ensuit que s'effaceront progressivement les derniers sujets que nous sommes.
C'est donc en s'extrayant du réseau que l'on peut reconquérir une position de sujet : par suite une capacité de juger, indépendante en son principe, par conséquent une autonomie éthique et politique.
L'enseignement religieux nous avait appris , le détachement vis à vis du monde avec ses règles et ses rites . Il y avait pour nous détacher du monde un Autre, Dieu, à statut d'absolu, vers qui nous re-tourner et nous convertir? Mais en se retirant , il n'est plus de refuge désiré pour scander la journée et réfléchir sur sa vie.
3 Dans cette modernité la position du moi-sujet a perdu sa double assise dans la pensée : son assise dans la stabilité de l'Etre et son assise dans sa relation à Dieu. Le su-jet a son histoire dans la pensée : Pour les Grecs : il se construit en se fondant dans l'Etre, il s'autorise une identité d'Etre. Pour les chrétiens : il se fonde en s'adressant à son Créateur, en se confiant à Lui (St Augustin) . Le sujet humain s'établit comme partenaire de Dieu dans la parole. Dieu lui révèle l'intérieur de son intérieur Aujourd'hui en se retirant, Dieu, le sujet a perdu son soubassement. Il s'agit de repenser le sujet , non plus en se fondant dans l'Etre, ni en le recevant d'un Autre mais d'un point de vue proprement humain. En terme de capacité, au risque sinon de se voir enfouir dans le monde et disparaitre à jamais.
Le sujet contemporain ne veut plus être la dupe d'un engagement mobilisant comme si souvent par le passé: il ne veut plus payer le tribut d'un absolu, ni d'un report dans l'au-delà et n'a plus guère en vue que l'immédiat en ce monde. D'où le discrédit dans lequel est tombé la notion d'effort. Sa vie est tant amortie qu'il n'est même plus capable d s'ennuyer , tant son portable en main es tlà pour l'en dispenser. : il s'est éteint, inerte, prostré.
4L'esprit n'existe que de ce qu'il s'entraine : l'esprit n'est qu'activité. De ce qu'il est hyperconnecté, le sujet en vient à se dés - intellectualiser, à se dé - conscientiser ; renonçant à toute construction d'une idéalité on se rabat sur la bienveillance et l'empathie. On panse et on arrête de penser. L'esprit ne consomme plus que de la proximité, du prêt à consommer. Si la parole est bien l'émergence du sujet, l'Esprit en est le relai, qui à la fois le déploie et le fortifie.
Peut-on imaginer , il y a seulement une génération , tous les rabattements née de la connexion généralisée et du Marché mondial ainsi que les paralysies de l'intellect et qui menacent aujourd'hui notre avenir de sujet?
De même que l'avénement de la photographie a forcé la peinture en Europe à sortir de sa coïncidence (la perspective, la ressemblance) et à se repenser, on peut se demander sir la mise au point d'une IA toujours plus perfectionnée , ne pourrait -elle pas provoquer de la part de ce sujet "fané" , un nouvel essor , qui ne peut être encore imaginé ?
C'est bien là la tâche de la philosophie désormais : comment justifier l'humain dans sa vocation., le promouvoir en sujet alerte face aux menaces qui l'entourent et qui ne sont pas qu'écologiques.
#La philosophie
1Même s'il est hasardeux d'en annoncer la fin, on en voit bien l'épuisement et la mort de la philosophie est un thème contemporain. Ou bien on pense qu'elle doit mourir, comme le concept de Dieu ou de Vérité sont morts ou on la réinvente
2 La philosophie n'est plus la clé de voute qui fait tenir la pensée, c'est plutôt l'artiste qui tient ce rôle. dans un monde l'opinion le philosophe est condamné à donner la sienne comme les autres. C'est en se détachant de ce régime de l'opinion, en décoincidant , que le philosophe s'ouvre une place, que l'esprit n'est plus affilié à une coïncidence, à une transcendance et s'ouvre une place, se découvre un destin propre.
3 Philosopher c'est s'écarter.
4 C'est sans doute quand elle a commencé en s'enseignant de s'enfermer , quand elle a commencé doctrinalement de s'imposer qu'elle s'est du coup vidée d'esprit et condamnée à sa propre élimination. Sa visée étant non de connaissance mais de réfléxion ou de questionnement.
La philosophie à qui on demande souvent dans les débats son opinion ne philosophe plus , elle doit se remettre au travail d'élaboration. C'est à dire produire des questions qui sont lentes à forger pour faire face à ce qui est effectivement à penser.
5 La tâche de la philosophie est froidement rigoureuse. Elle doit 1/ dépersonnaliser, se dépouiller de l'anodisent de l'anecdotique 2/ problématiser c'est à dire jeter devant soi, construire la question en possibles.3/modéliser pour élever à la généralité, dresser les cas en paradigme 4/axiomatiser en posant sur un plan logique l'ordre des raisons.5/dialectiser c'est à dire configurer du pensable, s'articuler en raisons.