On a déjà parlé ici de Dominique Cardon , à l'occasion de son précédent livre "La Démocratie sur Internet", publié au Seuil en 2010.Ce sociologue et professeur à l'université de Marne la Vallée poursuit ses réflexions sur internet et plonge plus précisément dans cet univers des calculs qui ont envahi notre quotidien via internet.
Dans tous les domaines finance,santé, transports, tourisme, et même l'amour ils sont partout présents à travers ce que l'on appelle le big data, c'est à dire le tracking puis l'analyse de toutes nos données comportementales.
Les algorithmes sont ces boites à calcul qui enlèvent les spams des boites mails, hiérarchisent l'info sur Google, font des recommandations ou nous adressent des publicités.
Ils ne font pas cela tout seul, ils ont été programmé et l'analyse de cette programmation nous permet de lire un véritable mode d'organisation du monde. A tel point qu'il propose une taxinomie de ces mondes en 4 familles différentes, chacune destinée à classer l'information numérique :
- La famille de la popularité : avec les mesures d'audience qui dénombrent les clics des internautes et ordonnent la popularité des sites; la vision la plus traditionnelle, proche des mesures des médias ou de la politique
- La famille du "pagerank" : le mode de calcul de classement de l'information sur google ; mesure méritocratique qui prétend isoler les excellents des moins bons à partir du jugement des autres
- La famille de la réputation : correspond aux mesures de réputation qui se sont développées avec les médias sociaux et les sites de notation;cela donne des statistiques du benchmark dans lequel les internautes internautes évoluent pour se rendre visibles, se vendre..
- La famille des mesures prédictives : destinées à personnaliser les informations présentées à l'utilisateur,elles déploient des méthodes statistiques pour calculer les traces de navigation des internautes et prévoir leur comportement.
La thèse de cardon est chacun de ses mondes est bien différent, à sa vision propre et qu'on peut les politiser pour savoir quel monde nous voulons : est ce que l'on préfère voir ce que tout le monde voit ? ce que les experts ont jugé de plus important? ce que voient nos amis ? ce qui correspond à nos pratiques passées ?
Ces choix fait sans nous habituellement sont effectivement discutables parce qu'ils proposent des visions différentes de la société.
A un moment ou s'opère également un mouvement de société de la verticale à l'horizontale c'est à dire au passage d'une production de l'info par les médias à une production plus horizontale par les réseaux ces différentes visions doivent plus que jamais susciter des débats et permettre des choix à ce personnage résuscité par Dominique Cardon : le citoyen .