lundi 31 août 2009

Lexique 21 : Le créateur


Le créateur , voilà un autre parmi les mêmes, prévisibles,et donc incapables de percevoir l'inattendu, caché , puisqu'il apporte ici un ailleurs et maintenant l'intempestif.
Michel Serres in "Ecrivains,savants et philosophes faîtes le tour du monde" Les Essais du Pommier 2009

vendredi 28 août 2009

Et si on essayait ...(2)

Difficile de résister au plaisir de retranscrire cet article du Monde du 22 août signé Hervé Kempf.

En 2004, une surprise attendait l'agronome néerlandais Chris Reij : " Cette année-là, je suis revenu dans des régions du Niger que je n'avais pas vues depuis dix ans. Et partout, du côté de Maradi, à l'est du pays, comme dans la région de Zinder et dans celle de Tahoua, je voyais des arbres en nombre surprenant, dans tous les champs."

On croyait pourtant savoir que, depuis des décennies, le déboisement se poursuit au Niger, un des pays les plus pauvres du monde. "Avec des collègues de Niamey, on a cherché à vérifier le phénomène en faisant faire des photos aériennes et en les comparant avec des photos anciennes. Puis on a décroché quelques budgets de recherche pour étudier ce qui se passait." Toutes les études confirmèrent le processus qui avait échappé à l'attention des spécialistes : "Depuis le milieu des années 1980, résume Chris Reij, les paysans qui vivent dans les parties les plus peuplées du Niger ont commencé à protéger et à entretenir les jeunes arbres poussant sur leurs champs. Cela s'est produit sur au moins 3 millions d'hectares, ce qui est une échelle spectaculaire, unique pour le Sahel."

Un des aspects les plus étonnants de ce mouvement est qu'il s'est opéré spontanément, même si, ici et là, des projets de développement ont su repérer le processus et l'encourager.

Au début des années 1980, le centre sud du Niger, qui avait été une savane arborée trente ans auparavant, était devenu une plaine désertique balayée par le vent en raison de l'intense défrichement et de la demande croissante de bois de feu. De plus, Etat et ONG encourageaient les paysans à enlever les souches d'arbres pour permettre l'utilisation des charrues et des semoirs. Agents du gouvernement et paysans croyaient, à tort, que les arbres indigènes poussaient extrêmement lentement. La dégradation s'est accentuée durant les sécheresses de 1973-1975, puis de 1984.

Mais dans plusieurs endroits, cette spirale du pire s'est inversée. Ainsi autour d'Aguié, une ville d'une dizaine de milliers d'habitants proche de Maradi, métropole située à 700 km à l'est de Niamey. Quand on prend la route, au début de la saison des pluies, on est frappé de voir exulter la végétation : elle a parfaitement profité de la grande pluie des derniers jours, les pousses de mil sortent grandes, parfaitement alignées sur des hectomètres de champs vallonnés et parsemés d'arbres touffus. Et partout, l'on observe des arbres au milieu des champs, pas très grands ni très branchus, mais bien présents.

Le village de Dan Saga, à 15 kilomètres d'Aguié, est un des lieux où la régénération naturelle assistée (RNA) - ou sasabe zamani, en langue haoussa - est pratiquée avec le plus d'assiduité."Dan Saga veut dire "touffu, trop d'arbres"", raconte Ali Neino, paysan d'une trentaine d'années. Au début des années 1930, Dan Saga était presque une forêt, il y avait des lions, des animaux sauvages. Mais au fil du temps, la population a augmenté et elle a défriché pour faire des champs. De plus, les sécheresses ont ravagé les forêts et les animaux.

En 1982, presque tous les arbres avaient disparu. Dans ces années-là, on constatait que le vent emportait le sol. Mais certains ont observé que chez les paysans qui ne débroussaillaient pas leur champ, cela allait beaucoup mieux. Petit à petit, tout le monde a commencé à les imiter, et les arbres sont revenus. C'était un changement radical : car dans le Sahel, les paysans ont le plus souvent l'habitude, après la récolte de septembre-octobre, de nettoyer leurs parcelles en brûlant toutes les broussailles qui repoussent spontanément. Les cendres sont censées enrichir la terre. En réalité, la mise à nu du sol favorise l'érosion éolienne.

Dans le champ d'Ali Neino, on voit des dizaines d'arbres, assez jeunes et frêles, des tremnia et des sabara, qu'il a laissé pousser. "Quand j'étais à l'école, dit Ali, dans les années 1980, il n'y avait aucun arbre ici. Maintenant, il y a en 200 à l'hectare. Je fais du mil, du sorgho et du niebé - un haricot -, en rotation, avec le sésame et l'arachide associés au mil." Les arbres sont élagués, pour limiter l'ombre, qui pourrait nuire aux cultures, et surtout fournir du bois. Le sasabe zamani procure de nombreux bénéfices : "Cela fournit beaucoup de bois pour les cases, cela donne aussi des fruits, du fourrage pour les animaux et des médicaments, par exemple l'écorce du kiriya contre la diarrhée, les racines et les feuilles de sabara." Son ami Ali Mico complète : "Les arbres freinent le vent et quand les feuilles se décomposent, elles font de la fumure qui enrichit le sol."

Quelle est l'origine exacte du sasabe zamani ? Nul ne peut le dire. C'est une aventure collective à multiples héros. Ici, un vieux paysan sera reconnu comme ayant initié le procédé. Là, un agent technique particulièrement motivé aura lancé la pratique, découverte dans un journal à propos du Cameroun. Dans tel autre village, le sasabe zamani était pratiqué depuis quelques années, quand des envoyés d'un projet de développement sont venus aider à améliorer la technique. Dans diverses régions, suivant des voies diverses, la pratique s'est peu à peu généralisée.

Elle ne va cependant pas sans heurts. D'abord, elle implique un travail supplémentaire. "Le sasabe zamani ne présente pas un intérêt immédiat, note Albert Thierry, agent du service de l'environnement à Dan Issa, près de la frontière nigériane. Et ça demande plus de travail : il faut marquer les jeunes pousses, veiller à ce qu'elles ne soient pas détruites. Parfois il faut faire des haies pour protéger telle espèce digne d'intérêt." Surtout, le vol du bois dans les champs est un problème récurrent, qui décourage les agriculteurs. "Des paysans ou des femmes de villages voisins qui n'ont pas d'arbres peuvent venir voler le bois", dit Idi Daouda. Car le bois, essentiel pour la cuisson des repas, est une préoccupation constante des populations du Niger.


jeudi 27 août 2009

Astuces et stratagèmes (5) : Partir plus tard pour arriver plus tôt



Durant la bataille d'Alésia ,Jules César réussit non seulement à évincer le piège tendu par Vercingétorix ,qui avait réussi à réunir tous les différents chefs et leurs hordes mais encore à en tirer avantage.Quand il se trouva devant la cité, au lieu d'attaquer Jules César s'arrèta feignant de craindre l'ennemi. Les chefs de tribu gauloises piégés par ce qui semblait être une manifestation de faiblesse désobéirent aux ordres et attaquèrent les légions qui en réalité étaient toutes prêtes à riposter. C'est ainsi que les lignes gauloises furent décimées et la cité conquise.
(d'après Chevaucher son Tigre -Giorgio Nardone-Le Seuil 2008)

mardi 25 août 2009

Et si on essayait ...(1)


Très belle série d'articles toute la semaine dans le Monde sur le thème "Et si on essayait" répertoriant un ensemble de projets quelque peu utopistes et qui parfois réussissent : 1/Avoir un agriculteur près de chez soi c'est à dire cultiver la terre autrement afin que les habitants puissent bénéficier de fruits et légumes sains 2/Créer des monnaies ou comment des monnaies complémentaires se multiplient et renouvellent la finance 3/Recréer la nature ou comment restaurer la nature dans un site pour maintenir l'équilibre écologique 4/Construire une ville sur mesure ou comment une ville des Pays bas a donné carte blanche à des architectes pour bâtir un écoquartier tenant compte des besoins des habitants 5/Reboiser le désert  ou comment dans le Niger qui semblait condamné  par la désertification , les paysans ont laissé repousser les arbres. 6/Tous salariés , tous patrons,la formule des sociétés coopératives.
La suite dans le Monde du 18 au 23 août 2009.

lundi 24 août 2009

Lexique 20 : Le principal défi



Le principal défi de notre temps est de traiter des problèmes originaux pour lesquels l'autorité hiérarchique est impuissante(..)Aucun de ces problèmes ne pourra être "réglé" par une poignée de grands leaders. Ils se sont posés ou ont été exacerbés ,en tant que sous-produits du processus d'industrialisation.Et les principaux acteurs du processus d'industrialisation ,c'est nous, nos décisions collectives, relayées par les grandes institutions de l'ère industrielle , notamment les entreprises , le systême scolaire et les organes gouvernementaux

Peter Senge

mardi 18 août 2009

Jusqu'au 25 aôut le blog "Penser le changement "est en vacances