mardi 30 août 2016

Citation 33 Bernard Stiegler

"J'ai souvent fait des propositions aux mondes que j'ai traversés et où j'ai vécu. Le monde, c'est ce qui change et qui doit changer."in Dans la Disruption LLL, 2016.

lundi 29 août 2016

Commentaires 33 : Dans la Disruption


Il y a un an Bernard Stiegler nous annonçait   La société automatique c'est à dire comment le numérique allait progressivement  transformer notre monde du travail. Il y présentait l'économie contributive comme un nouveau modèle industriel révolutionnaire en ce sens qu'elle s'impose à toute l'économie traditionnelle et développait les questions posées par son avénement rapide : comment ré équilibrer la distribution de richesses captées par  quelques acteurs à partir de la contribution de tous ;  comment inventer une nouvelle dynamique de valorisation pour porter sur le long terme une autre économie de la connaissance; comment prévenir les risques d'effondrement de l'économie à 20 ans sous le double effet de l'automatisation et de la prolétarisation des individus (l'équivalent de l'uberrisation des sociétés pour les individus) dans des métiers de plus en plus nombreux(enseignants, juristes, médecins..) .

Cette fois,il part d'un concept inventé dans les années 90 par le publicitaire Jean Marie Dru pour créer de nouvelles stratégies business en rupture avec des marchés de plus en plus matures et saturés : la disruption,  (à noter que le terme d'uberrisation aurait été également inventé par un publicitaire français : Maurice Lévy)
Il s'en sert pour nommer un processus ,qui dans un contexte de mutations successives,de plus en plus rapides, voire d'une posture et d'une pensée dominantes de la mutation, l'apparition d'une nouvelle forme de barbarie (au sens du nouveau qui bouscule) .

#Sa thèse est forte et audacieuse : les processus d'individuation psychique et collective qui caractérisent la vie de l'esprit sont lentement mais surement anéantis par les industries culturelles, passées au service exclusif du marché et de l'organisation de la consommation
L'exportation de cet état de fait dans le monde entier est évidemment un facteur majeur dans le déséquilibre de sociétés entières espar conséquent l'expansion d'Al - Qaida.
La réticualtion numérique, envahit, parasite et finalement anéantit toutes les relations sociales à une vitesse foudroyante .Ce nihilisme automatique détruit tout ce qui procédait de la culture et de la vie sociale.
Transformés en fournisseurs de datas les individus ont de plus en plus de mal à transmettre , communiquer, consolider  des les liens horizontaux ou trans générationnels  et se trouvent désindividués par le fait même.

# La disruption est ce qui va plus vite que toute volonté individuelle ou collective : désirs, attentes, volonté ..tout ce qui forme un individu et son horizon sont pris de vitesse et progressivement remplacés par des protections automatiques, elles mêmes produites par des systèmes computationnels.
D'où la disparition de la volonté d'où qu'elle vienne car elle arrive toujours trop tard.

#Un stade extrême de rationalisation est atteint formant une limite au delà de laquelle est l'inconnu : il détruit la raison ,au sens où les savoirs rationnels s'en trouvent éliminés par la prolétarisation,au sens où les individus et les groupes perdant la possibilité d'exister, perdent toute raison de vivre  et tendent à mépriser la vie, plongeant l'humanité dans la barbarie.
La perte du sentiment d'exister, de la possibilité de s'exprimer atteint des groupes , des pays entiers et se trouve exploitée politiquement
Mais surtout elle frappe une génération entière : celle des 15-20 ans qui n'arrivent plus à s'imaginer un avenir individuel et commun à leur génération : l'accumulation des calamités qui accablent les populations, combinée à l'exténuation de toute forme de volonté, donnent toutes les raisons aux plus jeunes de croire que le monde court à sa perte.

#La question est alors de comprendre comment il est possible au moment ou chacun sait que l'humanité et la vie en général sont menacés par la folie qui gouverne le monde actuel, personne ne paraisse être en mesure d créer les conditions d'une bifurcation radicale.

# Un changement de système technique engendre toujours un désajustement entre ce système et et les systèmes sociaux , l'époque dans lequel il prend sa source s'achève et une nouvelle époque émerge , généralement au prix de conflits guerriers, sociaux, religieux..
Mais la nouvelle époque émerge du fait de la perte de prégnance des savoirs, pouvoirs, conceptions de l'ancienne époque au profit de nouvelles façons de faire, de vivre, de nouvelles formes de vie.
Ces nouvelles sortes de protections sont de nouvelles expressions de la volonté et constituent les nouvelles formes du désir et de l'économie dont ils procèdent .
A l'époque d'absence d'époque , le numérique bien loin de s'ajuster aux systèmes sociaux en les reconfigurant, les court circuite et finalement les détruit.

# Ainsi l'époque est disruptive, précisément en cela qu'elle ne donne absolument pas lieu à un second temps (temps1 ;technique; temps 2 : pensée) de la pensée mais à un vide absolu .
Le second temps de transindividuation ne se produit pas. Le rapport intergénérationnel transgénrationnel se détruit du même coup.
Les comportements comme façon de vivre sont remplacés par des automatismes et des addictions.
Et c'est là qu'arrive l'ultime question : comment ne pas devenir fou ?
Et si j'osais ajouter : comment construire tout un écosystème  de lutte contre la folie plutôt qu'un dispositif de guerre.


vendredi 26 août 2016

Lexique 171 : L'Etat

"Les changements nécessaires aux Etats se font presque toujours d'eux-mêmes."
Vauvenargues

mercredi 24 août 2016

Citation 32 Laurence Cossé

"Les français aiment changer tout le temps les choses" in La Grande Arche, Gallimard , 2015.