mardi 29 janvier 2013

C'est quoi demain la sécurité ? l'évolution du discours sécuritaire

Transit city janvier :  C'est quoi demain la sécurité Frédéric Gros


Intervention de Frederic Gros , auteur de Le-Principe-Securite lors du 1ier atelier Transit City du25 01 2012
Les principaux  discours jusqu'à ses dernières années étaient tous du côté du discours critique de l'état ,
dans la mouvance du Foucault.

1/ La notion de guerre :
La guerre est un conflit arme public et juste .
La guerre est une aventure de mort : définition du Moyen âge
Dimension éthique : Je menace la vie de l'autre dans la mesure ou je mets la mienne en péril : dimension éthique de la guerre valable jusqu'à 14 18
Publique : l'état est forcément impliqué sinon pas la guerre
Juste : toute guerre est juste car destinée à faire valoir un droit
La guère ne peut viser la destruction totale de l' ennemi puisqu'une fois désarmé, il est considère comme vaincu et donc la guerre est terminée
Le XXIème siècle va bousculer cette notion avec les deux guerres mondiales et aussi les guerres coloniales : la bataille d'Alger annonce les conflits modernes 
L' ennemi n'est plus un état , la bataille est dans la ville . Les militaires vont rechercher de nouvelles armes et faire appel à la torture , préfigurant ainsi l'apres 11 septembre  des américains .
Ainsi sont les nouveaux conflits : on passe de la guerre aux interventions , de la rase campagne à l'urbain
A ce titre le drone est bien l'arme de guerre représentative de l'époque : très précise dans son ciblage ,elle menace directement la vie de celui ou ceux qu'elle vise sans risquer celle de celui que la conduit : le début d'une guerre sans soldats

Deux chiffres importants :
Le XXIème a connu plus de morts par des opérations de sécurité internes que par les deux guerres mondiales
Alors qu'en situation de guerre on comptait 9 soldats tues pour un civil , on est aujourd'hui passé au rapport inverse : 9 civils tues pour un soldat

2/ La notion de sécurité : 

- À l' époque hellénistique elle se définit comme une notion intérieure au sujet : la paix , la sérénité , l'ataraxie est un état que l'individu travaille de lui même à partir de différentes techniques enseignées par les écoles philosophiques . Stoïcisme, épicurisme, scepticisme vont  être des écoles philosophiques  prônant la recherche de cet état . C'est également un démarche individuelle qui ne concerne pas la cité.
- Au Moyen Âge la découverte de textes chrétiens décrivant avant le jugement dernier ,une période de 1000 ans de félicité va transformer cette notion.
Il s'agit alors de faire advenir cette période au plus vite par la croisade notamment en trouvant , recréant la Jérusalem céleste. 
Cette période va donner lieu à des tentatives d'abolition de ce qui est à l'origine des conflits humains : propriété, communisme, défit de l'Eglise et sera très sévèrement réprimée parlés autorités, l'Eglise notamment voyant par la de très dangereuses entreprises de sédition .
- L 'époque moderne et la construction de l'état moderne va connaître un nouveau basculement .
C'est à cette époque que naît la demande adressée à l'état de défense des droits de l'individu à travers des textes comme le Léviathan.
Cette demande se fait à trois niveaux et à travers la montée en puissance de 3 personnages : la juge, le policier et le militaire.
Garantie des droits de l'individu , de sa liberté face à l'état féodal par la justice, garantie de la sécurité urbaine par la police , garantie des frontières par l'armée.
Ces trois notions vont évoluer tout au long du XVIII , XIX et XX  ieme siècle : liberté de conscience, droit de vote, droit de l'homme en sont les héritiers 

Dans ces différentes approches le sujet est subjectve , il s'agit de travailler à partir d'une représentation de ce sujet pour atteindre cette notion de sécurité.
La bascule de le fin du XX ieme siècle est toute différente , la sécurité est partout , à envahi tous les terrains : médical, emploi , l'école , informatique, amoureuse ...au risque de l'infantilisation.
Nous sommes tous devenus des suspects objectifs !
Elle se fonde sur une logique du vivant à protéger avant tout et s'appuie sur plusieurs notions radicalement nouvelles : 
- le participatif : les individus sont par les technologies porteurs d'informations sur tous les moments , comportements de leurs vie; ils sont porteurs et volontaires pour donner ces informations; sans leur consentement , rien ne serait possible.
- le filtrage : la sécurité n'est plus une affaire de frontière géographique mais de filtrage successifs , une question : avoir le bon badge ou pas 
- le repliquable : l'individu ne se présente plus par son nom, il ne se raconte plus , mais par une empreinte de pus en plus fidèle ( à quand l'utilisation du génome à moins de 1000$ ? ) Il se réplique .
la traçabilité : l'individu devient traçable à partir des milliers de donnes qu'il laisse derrière lui

Cette montée en puissance de la Sécurité comme politique publique ( le 1ier des droits est la sécurité entend on aujourd'hui dans certains discours politiques ,même pas extrémistes ) a été porté par les courants libéraux à partir des années 80.
Le libéralisme depuis le XVII ieme siècle à pour fondement la libéralisation des marches comme réponse à toute situation: à l'époque pour faire face aux disettes , les libéraux réclamaient la libéralisation du prix du pain précédemment fixé par le gouvernement.
Dans les années 80 les courants libéraux ont petit à petit ramène les grands secteurs de l'état au marche en prônant leur libéralisation : hôpitaux, universités, recherche et surtout sécurité publique
Ainsi dans les années 2000 naît en France un  programme d'installation de caméras de surveillance dans les villes à grand renfort de .. subventions publiques.
À noter l'alliance objective des néolibéraux et de la pensée gauchiste sur ce terrain : la lutte contre du moins d'état suppose fascisant aboutissant à l'organisation de plus de marche.
Ce programme n'a malheureusement pas démontre d'efficacité majeure ( le sweat à capuche est parfaitement utilisé ) et s'est révélé assez onéreux ( il y a besoin de personnel pour regarder les caméras). Heureusement la encore les technologies peuvent apporter des réponses : au UK certaines chaînes locales proposent des programmes ou elles diffusent ces images ; le téléspectateur qui identifie et signale des comportements suspects peut gagner des points, des primes.