A une époque où le vrai et le faux se confondent souvent et ont du mal à se démêler. Où se les prêcheurs de tout bord et leurs contradicteurs attitrés s'envoient plutôt des noms d'oiseaux que des arguments. Où le débat lui même, héritier de notre langue et de nos beaux esprits tend à disparaître au profit du clash. Et où enfin les outils numériques permettent aujourd'hui d'étayer toutes sortes de démonstrations se pose une question centrale et commune à tous les acteurs de la société : mais comment reconnaître la vérité ?
A vrai dire, s'il s'agit d'une question centrale, elle est elle même déjà substituée : comme si on était passé assez vite de quelle est la vérité ? à comment la reconnait-on ? Un peu comme une forme de renonciation devant la complexité et l'ampleur de la tâche où face à la duplicité des acteurs et à leur mécanique rhétorique bien huilée et uniquement orientée sur la propagande de leur point de vue.
Ainsi on se retrancherait derrière un terme journalistique , qui selon les codes de ce métier ne peut affirmer quelque chose , sans l'avoir préalablement documenté. A noter que l'avocat ou le magistrat dirait c'est instruit ou prouvé .
Dans un monde en accélération permanente , selon la théorie de Harmut Rosa, cela signifie que l'on prend un temps pour documenter c'est à dire vérifier l'assertion formulée.
Mais ne nous y trompons pas , la formule est -elle même piégée pour deux raisons :
- la 1ère vient des journalistes eux même dont la réputation, la confiance qu'on leur attribue pour justement dire la vérité , n'est en général pas très grande pour le grand public (juste après les politiques , c'est dire)
- la 2ème vient que cette formule est souvent elle même rhétorique quand celui qui l'emploie n'a le plus souvent pas lui même documenté l'affaire .Il s'appuie alors sur un tiers supposé existant mais assez vague pour être cité en vérité. Chut secret des sources !