mercredi 24 février 2010

Les indicateurs du changements (2)


Voici un texte retrouvé récemment lu qui apporte quelques compléments très intéressants à la recherche des indicateurs du bonheur .

"L’Observatoire des Bien-Être(s) que vient de lancer Ipsos Marketing dans sept pays comparables d’un point de vue socio-économique (France, Allemagne, Royaume Uni, Italie, Espagne, Etats-Unis, Japon) apporte une contribution à ce débat. Un échantillon national représentatif de 1000 personnes a été interrogé dans chaque pays, soit 7000 interviews au total. L’Observatoire aborde le bien-être à travers quatre angles :
- le bien-être idéal :quels sont les conditions et les valeurs d’une vie heureuse ?
- le bien-être au quotidien et les sources de satisfaction qui lui sont associées dans la vie de tous les jours,
- les sources de frustration et les peurs des individus – sorte de miroir inversé du bonheur idéal –
- et, last but not least
, une analyse des « gens heureux ».

Cette dernière analyse permet de boucler la boucle en identifiant les facteurs les plus prédictifs du bonheur individuel. Quelles sont les caractéristiques distinguant les gens heureux du reste de la population ?

L’existence d’un socle du bien-être universel

Premier enseignement de l’Observatoire des Bien-Être(s) : quelque soit l’angle d’analyse considéré, il existe une convergence des facteurs conduisant au bien-être individuel. De ce point de vue, les résultats confirment de nombreuses recherches menées en Amérique du Nord et en Europe depuis le début des années 1990. L’enquête montre qu’il existe sept facteurs indispensables à une vie heureuse.
Le premier facteur n’étonnera personne tant il constitue pour la très grande majorité des individus la condition première du bien-être. Il s’agit de la
santé
. Comment se sentir bien sans être en bonne santé ? Cela est vrai dans presque tous les pays. Il n’y a guère, en effet, qu’aux Etats-Unis que sa première place lui est soufflée par la liberté de pensée, ce qui, soit dit en passant, permet de mieux comprendre l’hostilité déclenchée chez certains républicains par la réforme de l’assurance maladie. Pour caricaturer on dira que les Américains préfèrent être malades mais libres, plutôt que l’inverse…
Autre dimension importante du bien-être : la
sécurité matérielle
. Quoi qu’on dise, l’argent demeure une condition nécessaire du bien-être individuel. De fait, en ces temps de crise économique, la principale cause de stress réside dans les problèmes financiers. Attention néanmoins, le bien-être ne consiste pas à être riche et à avoir beaucoup d’argent, mais avant toute chose, à être délivré des soucis d’argent.
Le troisième facteur déterminant réside dans le
lien social
. Que celui-ci soit amoureux, familial ou amical, l’état de bien-être des individus augmente sensiblement dès lors que l’un ou plusieurs de ces liens est assuré. Cela ne ravira pas certains adeptes du célibat à perpétuité, mais les individus vivant seuls sont en général les plus malheureux.
Quatrième dimension clé : le
besoin d’authenticité
. Dans nos démocraties, la liberté de penser et de vivre selon ses propres valeurs est une condition essentielle du bien-être individuel.
L’estime de soi
forme le cinquième pilier du bien-être. Difficile d’être heureux si l’on ne s’aime pas soi-même, ou si l’on n’a pas confiance en ses propres capacités. L’Observatoire des Bien-Être reconstitue notamment l’indicateur de Rosenberg et détermine, pour chaque individu, son niveau d’estime de soi. A noter : la reconnaissance par les autres entre pour une part importante dans le calcul de l’estime de soi individuelle.
La sixième dimension consiste dans ce que l’on a coutume aujourd’hui d’appeler la «
pensée positive
». Le fait d’aborder les situations de la vie avec optimisme renforce le bien-être individuel. L’Observatoire montre que cette disposition est en partie culturelle. Ellen se retrouve davantage dans certains pays comme l’Espagne ou les Etats-Unis, et moins en France par exemple.
Enfin, une septième dimension joue également un rôle important. Il s’agit d’une valeur : l
’ouverture aux autres
. Les personnes qui disent se sentir le mieux dans nos sociétés sont également celles qui valorisent le plus la relation à l’autre. Il existe une corrélation forte entre le bien-être et l’attention portée aux autres. Ceux qui sont très concentrés sur eux-mêmes ont tendance à être plus malheureux.

Vers des outils de mesure standardisés

Il y a évidemment des différences selon les âges et le revenu des personnes interrogées, mais ces différences ne sont pas rédhibitoires. Car le principal résultat de l’étude est un espoir : il existe une sorte de « socle » du bien-être valable dans tous les pays étudiés, c’est-à-dire des conditions indispensables au bien-être des individus. D’autres études internationales, comme la World Value Survey , montrent des tendances comparables. Cela signifie concrètement que les sept dimensions identifiées peuvent donner lieu à différents outils de mesure. Ces outils peuvent reposer sur des méthodologies distinctes : enquêtes d’opinion, mesures de flux économiques, statistiques sur la santé, données quantitatives et qualitatives sur les pratiques et dispositifs institutionnels... C’est d’ailleurs la diversité méthodologique qui garantira une meilleure appréhension de la réalité.

Attention néanmoins à ne pas conclure que le bien-être individuel repose sur sept dimensions exclusivement ! L’Observatoire montre aussi que ces conditions sont nécessaires mais non suffisantes. Au-delà du socle fondamental, il existe de multiples façons d’être bien qui varient selon les individus. Mais cela est une autre histoire, à suivre dans l’Observatoire des Bien-Être(s)…"


Rémy Oudghiri

Directeur du département Tendances et Insights