mardi 17 novembre 2015

Commentaires 27 : Peut - on prévoir l'avenir ? 1/2



Que vais-je devenir ? Serai-je heureux en amour ? Dans mon travail ? Quand et comment vais-je mourir ? Que réserve l’avenir à ceux que j’aime ? À mon pays ? À l’humanité ? À la planète ?

Voilà un livre qui nous rappelle que toutes ces questions sont au coeur des préoccupations des homme depuis la nuit des temps et surtout apporte une réflexion nouvelle par la montée en puissance  des technologies et ce que l'on appelle le big data. 

# Quelques concepts : D'entrée Jacques Attali précise quelques concepts entre connaitre, prédire ou prévoir l'avenir, il choisit prévoir c'est à dire "essayer de le deviner, au moins partiellement mais en considérant qu'il n'est pas figé, et qu'il est possible par l'action , de lui faire prendre un autre chemin que celui que décrit la prévision."
C'est également la perpective du coach qui va essayer d'aider son client à se projeter dans un futur, où le conduisent le produit des conséquences de ces actions  (principe de responsabilité) et de l'évolution de son environnement (facteurs clé) pour adapter, rectifier, revoir ses stratégies présentes.

# Toutes les civilisations se sont intéressées aux modes de prédiction de l'avenir en racontant tout d'abord leur propre histoire et les promesses de leur avenir (cosmogonie)
Hindouistes, boudhistes, égyptiens, grecs, à  chacun son histoire.
Pour les égyptiens l'humanité est née de rien et y retournera
Pour les grecs l'humanité a traversé 5 âges en allant vers le pire.
Dans la tradition juive, l'évolution est aussi irréversible, depuis la naissance quasi simultanée de l'univers, de de la vie et de l'homme jusqu'aux temps messianiques.

# Les techniques de décryptage sont également anciennes et nombreuses : la chiromancie soutient que l'avenir se lit dans les lignes de la main se retrouve dessinée sur les parois de certaines grottes en Europe, l'astrologie s'appuie sur les liens établis entre la position des astres et certains phénomènes naturels (marées), par les jeux de hasard (dés, tarots)..

# En parallèle des prédictions certains hommes ont tenté de s'opposer , manipuler les prévisions pour s'en protéger ou s'en libérer.
Alors que la plupart des peuples pensent qu'ils sont déterminés par des événements qui les dépassent, les hébreux remettent en cause ce fatalisme et pensent que l'homme doit réparer , achever le monde que Dieu lui a confié.
En Grèce , à Rome ce fatalisme était largement la règle et le christianisme va s'inscrire dans cette lignée, interdisant toute prévision de l'avenir car celui ci doit se résumer à l'espérance messianique: "l'avenir comme le temps appartient à Dieu, qui en décide seul". L'islam sera sur la même ligne.
Commencera alors une grande bagarre théorique pour savoir qui est le Maître du temps ? Jusqu'où les hommes peuvent influer sur leur Salut?
Avec deux grandes réponses :
Thomas d'Aquin propose au XII que les hommes peuvent contribuer à leur salut en contribuant par leurs bonnes actions, la Grâce octroyée par Dieur
Puis la Réforme pour qui l'homme réalise la Grâce accordée mystérieusement par Dieu au moyen de son action dans le monde.

# La prévision du temps est un des sujets pour lesquels l'Eglise va freiner très longtemps la recherche : le temps appartient à Dieu et nul n'a le droit d'en chercher les mécanismes.
Au XVII elle ne peut plus s'y opposer et la météorologie devient une science

#La valeur marchande du temps : le temps si bref et si rare va progressivement prendre de la valeur.
C'en en argent qu'on mesure celle du temps . A partir du moment ou les impôts et les réquisitions ne suffisent plus à financer les dépenses des princes (chateaux, cathédrales, croisades), on va inventer le crédit, préempté dans un 1ier temps par les juifs pour qui ces prêts moyennant rémunération et transparence sont parfaitement licites.
En parallèle du salariat où l'individu se fait rémunérer son temps de travail , se mette en place le crédit où le prêteur se fait rémunérer l'usage de sa ressource dans le temps.
Pour fixer le prix il dit s'assurer de a capacité de remboursement de son client , prévoir le cours des événements, c'est à dire spéculer sur l'avenir.

# Le sens de l'histoire : à partir du XVIIIième siècle les réflexions laïques éloigne un peu la pensée théologique et le temps long n'est plus l'éternité mais devient l'histoire.
Très vite à l'instar des cosmogonies naissent les premières théories qui distinguent des phases dans l'évolution de l'humanité mais matérielles et non terrestres.
Ainsi Robert malthus dénonce "la tendance constante de tous les êtres vivants à accroitre leur espèce au delà des ressources de nourriture dont ils peuvent disposer"
Tocqueville prédit que l'on assistera sur toute la planète à la victoire de l'égalité sur la liberté et Karl Marx l'inverse.
Darwin retrouve l'idée que l'homme ne peut en rien influer sur son avenir qui est déterminé par un mélange  de nécessité et de hasard.
Pour Schumpeter le capitalisme se suicide en se transformant en une bureaucratie
Enfin Francis Fukuyama pour qui la victoire du capitalisme et de la démocratie est inéluctable et la fin  de l'histoire annoncée sous forme d'effondrement progressif des dictatures.