mardi 22 décembre 2015

Où s'invente le travail le de demain?

Telle était la question posée par François Bellanger lors de son dernier atelier Transit City avec pour invité  le sociologue Michel  Lallement , auteur de L'âge du Faire.



# Introduction François Bellanger : 
Une rétrospective des derniers ateliers montre une montée en puissance des barbares, de l'uberrisation dans tous les secteurs.
La fin  du salariat est annoncée, en attendant les prochains chocs  de l'arrivée en force des robots
Serait on en train de passé  "de tous producteurs, à tous improductifs" au moins dans les imaginaires ?

De nouvelles questions se posent désormais  :
l'industrie 4.0 va t-elle tuer les makers ?Les robots vont ils tuer l'industrialisation ?
C'est à dire ce qui ce qui a permis à l'europe de créer de la richesse et de s'élever socialement
La Chine est -elle le dernier pays industriel ? quid de l'Asie ? de l'Afrique ?

# Présentation Michel  Lallement :
il s'interroge sur l'age du faire comme  nouvelle étape du post-fordisme ?
Le débat du remplacement des hommes par les robots est ancien, c'est même la thèse principale de Marx
Comment le travail est il en train de changer ?c'est encore du salariat dans 90 % des situations
Le management post taylorien de l'autonomie sous contrainte , marque aujourd'hui ces limites

Il s'est intéressé à une  utopie concrète : le mouvement maker ,étudiée comme un monde social,comme une "avant garde "également des pratiques au travail
Les makers font partie de l'espace du hacking

#Définition d'un hackerspace :
1ce sont des espaces ouverts a la différence des entreprises classiques
2 ce sont des lieux physiquement fixés, pas uniquement des espaces virtuels, créateurs de lien social
3 font la promotion des valeurs de partage, de gratuité, statut 501C3 de non profit , but non lucratif
4 font la promotion le plus souvent de l'éthique hacker

#Il existe toute une famille d'espaces :
les hackerspaces : le 1ier hackerspace est né dans les années 70 , donc ce n'est pas récent.
Le ccc allemand est un acteur majeur de la scêne politique allemande
Ils ont une culture technique mais aussi politique, plus côte ouest

Les Fab labs, sont plus récents ; mouvement lancé au début des années 2000; charte érigée par Neil Gershenfeld; mons politique; plus cote est.

Les tecshop : encore plus récent ;comme un gym, des machines à disposition du public pour bricoler soi même ; on paie une cotisation ou un abonnement ;ouverture du 1ier en France par Leroy Merlin

1 Le monde des hackerspaces Californiens :
11 Un phénomène émergent :
Mouvement exponentiel depuis 2007, dans le monde entier mais avec 2 foyers :usa et Europe
En France : tout l'espace est couvert, chaque ville moyenne; Paris, Rhone Alpes, Bretagne

Des enjeux multiples :
de nouveaux endroits d'innovation
des synergies industrielles
développement local
éducation populaire
open design..

Ca  ressemble à un garage ou on accumule beaucoup de matériels avec notamment des objets numériques de production : imprimante 3D, machines à commande numérique : tourneuse, fraissues, découpeuse laser; cartes numériques "argunots?? " de programmation
"On Y réinvente des gestes industriels classiques avec une éthique différente"
La question : est on stade d'un nouveau paradigme industriel ?
Passe t-on des personnal computers aux personnal industrials ?
Passe t-on d'une logique de production de masse à une logique de production personnalisée ?

12 Les hackerspaces de la SFBA

Noisebridge : 1ier hackespace de San Francisco , sur Mission, quartier populaire
Un plateau de 500 m2 où s'entassent des objets techno de récup 
Le financement se fait par des dons des occupaants (refus de toute subvention)
vetements, objets, cuisine.. tout l'espace est organisé pour bricoler
bibliothèque, salle de cours d'informatique gratuite

Hackerdojo : au coeur de la SV.Axé start up
Bio curious : toujours dans la SV. Axé sur les savoirs biologiques pour éviter les crises sanitaires; séquençage adn, bioluminescence
The crucible : le creuset = regroupement d'un ensemble d'artisans sur un meme lieu de 5000 m2
xx : espace de femmes
Lol : libérons nous localement; mouvement centré sur les minorités

Au total : une structuration communautariste; aujoud'hui plus de 50 espaces existent dans la baie et sont bien vivant.

2 Un double héritage :
21 L'héritage hacker : 1 ière racine; vient de hache en français, ça veut dire bidouiller = utiliser de façon intelligente un outil = le bricolage qui s'oppose au savoir de l'ingénieur
Cela vient du MIT dans les annés 50, d'un club de train électrique ou certains détournaient de gros ordinateurs des labos pour faire tourner leur train: ils les hackaient
En 1975, le 1ier hackerspace pour bricoler l'altair 800, 1ier ordi à monter soi meme.
Steve job, wozniack, bill gates fréquentent ce club et en sortiront le Mac Intosh 1
D'emblée nait une  tension dans ces clubs entre le travail et la rémunération

Steven Lévy a formalisé la charte des hackers :
Toute info doit etre libre
Ne pas faire confiance à l'autorité
Seule l'efficacité seule compte
Le travail est nécessairement utile et beau
L'ordinateur est un outil d'émancipation sociale

22 La culture libertaire : 
Stewart Brown inventeur du Whole earth catalog véhicule une culture de "religion" de l'objet
Tout comme Burning man la grande fête de la vallée

3 Travailler autrement :en quoi le mouvement révolutionne le travail ?
31 Que font les hacker ?
Capitain Crunch a inventé un téléphone à partir d'un sifflet de boite de céréale : c'est ça le  hacking , pas forcément le piratage mais la débrouile, le produire autrement

Les commandements  des hackers :
la passion comme moteur du travail : on fait parce qu'on a envie
l'efficacité et principe de mritocratie :on fait pour être efficace;  il y a les bon reconnus comme tels et les autres
le travail est un geste artistique  : le codage peut être joli ..!?
la coopération est libre et horizontale

3.2Au coeur des espaces : les gens redécouvrent le plaisir de faire des choses.
Des projets saugrenus, des projets que les gens ne peuvent faire sur leur lieu de travail
Lieux de formation gratuite : personne ne doit conserver son savoir pour lui mais le partager

3.3 Qui sont ces gens ?
Plutôt des hommes jeunes blancs au profil d'ingénieur
origine sociale : parent ingénieur et artites avec socialisation précoce à l'informatique
parcours scolaires heurtés : souvent ils décrochent de l'université
parfois atteint de la dépression
des gens de statut social différent : de l'ingénieur google au sdf

Le mode de travail :
seuls en groupe : de façon très concrète chacun est dans sa bulle, pas de communauté fusionnelle et en même temps personne ne fait ça chez soi
Réinvention de l'articulation entre individualité et collectivité

3.4 Les règles de fonctionnement :
"be excellent to each other dudes " : soit cool avec les autres, la 1ière et la seule car pas de règles, on se pense anar
En pratique il y a  des tas de microrègles : on ne dort pas sur place; on met son nom sur la nourriture du frigo; on demande la permission pour .
En réalité deux règles intermédiaires :
- chaque décision importante fait lobjet d'une prise de décision au consensus : ça prend du temps, ça oblige à parler et donc ça soude la communauté
Il existe une maitrise collective du processus de communication et de prise de décision
- doocratie : la légitimité appartient à celui qui fait 
Le problème est que les deux sous règles ne  sont pas forcément cohérentes.
Ces lieux accueillent donc de nombreux conflits et ils les gèrent
Au point ou la majorité des discussions entre les membres est sur la vie quotidienne

Ce sont des quasi communautés de travail, avec :
- un nom , une marque , une identité
- une éthique : liberté, art de travail, valeurs émancipatrices
- un langage : troll, surnoms
- des codes vestimentaires
- des rites : unconférences, on reprend le mode conférence , séminaire et on le hacke; le 5 minutes of fame : chacun chaque semaine vient présenter un sujet en 5mn; passeport hacker; bracelet 

Conclusion :
A l'hétéronomie de l'univers taylorien traditionnel répond l'autonomie du travail hacker .
Oui les valeurs et pratiques de l'un s'opposent bien à celles de l'autre,mais pas totalement car deux valeurs restent centrales dans la  SFBA , qui a vu naître et les hacker spaces et les start up : 
- la liberté de faire ce que l'on veut
- la volonté d'efficacité dans ce que l'on fait   
Autrement dit Start up et Hacking ont plus de points communs qu'on ne peut le penser
Et les deux réinventent un mode de rapport traditionnel en rupture avec le modèle post taylorien

Pour aller plus loin :
L'homme inutile de Giraud chez Odile Jacob
Confucius et les automates de Charles Edouard Bouée chez Grasset
L'âge du faire de Michel Lallement chez Seuil