vendredi 20 mars 2009

Apocalypse de Michel Maffesoli (1)


Un tout petit livre pour un grand texte nous éclairant sur la période traversée que Maffesoli vient nousdéfinir à point nommé : l'Apocalypse.
L'apocalypse comme "ce qui révèle le caché.Ce qui rend apparent le secret de l'être ensemble" en deux mots ce qui fonde notre civilisation. Pour Maffesoli la pensée apocalyptique laisse apparaître "des signes irréfutables dans le ciel de la société" : Dépression économique, trouble moral ou physique , situation tendue dans le domaine politique ou institutionnel, "tout ce que l'on a coutume de nommer crise ne seraient que les soubresauts d'une civilisation en voie de disparition".
"A certain moment une société n'a plus conscience de ce qui l'unit, dès lors , elle n'a plus confiance dans les valeurs qui assuraient la solidité du lien social."
Quels sont ces signes de la pensée apocalyptique ?
- Le présentéisme : c'est à dire le soucis païen des jeunes générations d'être là ensemble à l'opposé du transcendantalisme occidental , de l'idéologie du projet . "C'est en ayant à l'esprit la prédominance de l'instant , d'un instant éternel que l'on peut saisir une autre germination d'importance privilégiant l'esthétique. "
- L'enveloppementisme l'emporte sur le développementisme. La peau des choses comme le design devient important , une éthique de l'esthétique serait en gestation.
- L'émotionnel : qui exprime non pas un caractère psychologique individuel mais "une ambiance spécifique dans laquelle baigne la tribu à laquelle on appartient"
- Vitalité et mélancolie : en changeant de peau l'animal retrouve une certaine jeunesse, un plus être qui peut étonner mais dénote d'une certaine vitalité. D'autant plus difficile à accepter que nos systèmes de représentation restent encombrés par la mélancolie d'un paradis perdu.Mélancolie pour un paradis à venir façonné par la culture chrétienne.
- L'opinion publique et l'opinion publiée : ou plutôt la différence de plus en plus importante mesurée entre l'abandon de certaines croyances par le plus grand nombre et le martèlement des croyances établissant" le fond de commerce "de quelques uns.

Les sources de ce nouveau mode d'être ensemble:
En observant l'histoire humaine on en trouve deux : la politique et le jeu.Toutes les sociétés se sont fondées autour de ces deux pilliers comme dans un balancement entre Prométhée et Dionysos. Aujourd'hui obnubilés par la valeur travail, encore plus avec la crise, on a du mal à voir et comprendre l'inversion de polarité en cours.
C'est bien d'une autre manière d'être dont il s'agit ou la dominante rationnelle du social s'estompe et le ludique prend la première place.
Une inversion est en train de s'opérer remettant sur le devant de la scène la force de l'esprit, de l'imaginaire, de l'immatériel, du spirituel.
Le défi du temps de nos élites est d'arriver à s'accorder à ce qui est , et ce afin d'éviter les perversions toujours possibles, "pour lui faire donner le meilleur de lui même ".
Ainsi apparaissent : l'esthétisation de l'existence, l'art se capilarisant dans l'ensemble de la vie quotidienne, la rébellion contre la dévastation des esprits, l'accent mis sur le qualitatif.
A l'esprit de sérieux du productivisme est en train de succéder un ludique ambiant.
Aux institutions rationnelles succèdent les tribus post modernes.