dimanche 24 janvier 2010

Perspectives 10 (2) : Du déficit managérial aux risques psychosociaux...



Apparition récente ou plutôt développement très rapide en France ,dans les entreprises du concept de risques psycho sociaux : 47 % des salariés en France déclarent éprouver souvent du stress au travail (source CSA/Liaisons sociales). Un tiers des salariés présente des difficultés psychologiques (source IFAS). (source wikipédia ).
On distingue la notion de troubles, de manifestations apparentes ..: il y a troubles lorsqu’un ou plusieurs déséquilibres sont constatés chez les salariés qui se traduisent par les manifestations suivantes : stress,mal-être,inquiétude (source wikipédia ).Ces manifestations peuvent se développer sous des formes aggravées : angoisse,souffrance,épuisement au travail (burn-out),dépression, ...(source wikipédia )
...de la notion de risques, un peu plus floue il faut bien le dire puisque considérant qu'ils proviennent d'un ensemble de facteurs comprenant l'activité, l'entreprise et les caractéristiques des salariés...
A partir du moment où des phénomènes ont été observé, certain très médiatisés ( Renault, France Télécom, Film la Mise à mort du travail) des risques identifiés, des plans d'action de précaution, destinés à diminuer les risques sont apparus dans les plus grandes entreprises.

Plusieurs points d'action peuvent permettre d'agir et de prévenir le stress et les autres risques psychosociaux. L'intervention pluridisciplinaire peut ainsi agir sur Les parcours et perspectives professionnels,Les Dispositifs de reconnaissance au travail,Le Processus de recrutement et d’intégration,La Définition des compétences et formation,Les Modes de régulation des relations de travail,Le Système de prescription du travail (quantité/qualité/relation client),la Définition des rôles et des responsabilités dans l’organisation du travail,Moyens et environnement de travail,Gestion des âges, …(source wikipédia ).

D'autant qu'en parallèle un "Accord National Interprofessionnel sur le Stress au Travail", était mis en place par les partenaires sociaux :

  • L’employeur est responsable de protéger la santé mentale des salariés de l’entreprise au même titre que la santé physique
  • Les salariés ont obligation de se conformer aux mesures de protection déterminées par l’employeur
  • Toute entreprise est susceptible d’être affectée par le stress au travail, quelle que soit sa taille, son type d’activité, le type de contrat (ce qui ne veut pas dire que toutes les entreprises sont touchées).
  • Une description du stress en général et du stress au travail est donnée en précisant que le stress vécu au travail ne trouve pas forcément son origine dans l’entreprise
  • L’objet de l’accord est de fournir un cadre pour traiter le stress du travail (prévenir, éviter, détecter, faire face), de participer à la prise de conscience par tous les acteurs des impacts économiques et sociaux.
  • L’accord ne donne pas de liste exhaustive d’indicateurs permettant d’identifier une situation de stress au travail dans l'entreprise mais donne quelques pistes : absentéisme, turn-over, accidents du travail et maladies professionnelles, plaintes et conflits personnels, actes de violence sur soi ou sur les autres et augmentation significatives de visites spontanées au service médical
  • L’accord fournit quelques pistes également sur les points à analyser en cas d’identification de situation de stress au travail dans les domaines suivants : contenu et organisation du travail, environnement de travail, communication et en dernier lieu, les facteurs subjectifs.
  • Tout problème détecté doit donner lieu à des actions en vu de l’éliminer voire de le réduire. Mais selon la logique classique qu’il vaut mieux prévenir que guérir, l’accord insiste sur la prévention en la matière.
  • Il est clairement précisé que le médecin du travail est une ressource pour identifier les problèmes de stress au travail en rappelant que la salarié est protégé par lesecret médical.

Sur le fond il ne s'agit pas de nier ce phénomène: à partir du moment ou il est observé, mesuré un phénomène commence à exister. Les pathologies liées aux nouvelles conditions de travailler existent, elles sont constatées de tous les praticiens (consultants, psychologues, médecins) . Mais difficile de faire la part des choses entre une maladie musculo-squelettique, un burn out et un sentiment de mal être commun à un service, une entreprise. S'agit- il vraiment du même phénomène ?
Autrement dit à analyser ces phénomènes uniquement d'un oeil médical ne risque-t-on pas de grossir la perspective ?
S'il ne s'agit pas non plus d'apporter une analyse politico-freudienne comme l'aurait Michel Foucaut le ferait à merveille Bernard Stiegler (une tentative de médicalisation d'un champ traditionnellement livré à l'affrontement des luttes de classe, dirait-il peut être), on peut quand même se poser la question : de quoi les risques psycho-sociaux sont-ils le signe ?
Comment ne pas s'étonner en effet que ce phénomène se développe au moment même où le temps managérial investi (TMI) n'a jamais aussi faible dans les entreprises .
J'appelle TMI le temps investi par l'entreprise en dehors du temps opérationnel.
C'est à dire le temps des managers consacré à : se former au management (si,si ça peut être utile), accompagner leurs collaborateurs (nombre de managers que je vois en entreprise ne font jamais de point , optimiser les modes de travail en commun ( répartition des tâches, suivi..).
Il faut dire qu'à l'ère du 2.0 parler management paraît incongru alors que ces entreprises se développant multiplient les connections entre personnes et donc les situations managériales .
Un DRH me confiait récemment que dans son comité de direction personne ne voulait parler sérieusement management et qu'il s'apprêtait à faire une étude de climat social !